18950903 - Lettre de Madagascar - Ambahimarina, le 3 septembre 1895.

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 061295

Ambahimarina, le 3 septembre 1895.

 
Depuis 6 ou 7 jours, la situation ne présente aucun caractère particulier. Les travaux de la route ont été terminés hier. Nous espérons avoir fini avec le maniement des outils du Génie, ou tout au moins. Si nous recommençons ce ne sera pas pour longtemps, car d'ici une dizaine de jours nous supposons partir pour la colonne volante.

 

La brigade se forme ici en attendant des ordres. Le bataillon du 200e est arrivé ce matin. C'est la première fois que nous le voyons depuis le début de la campagne.

Nous attendons le renfort qui doit nous rejoindre vers le 9 ou le 10 courant.

Nous devons partir demain pour nous porter en avant : on ne sait pas juste où.

Il y a quelques jours, le frère du sultan de Comare est arrivé ici présenter ses respects au Général en Chef. Il était richement vêtu en bleu marin, redingote, etc, et était coiffé d'un fez. Quelques mulets portaient ses bagages. A notre camp il s'est mis en grande tenue : turban de soie multicolore, d'une grande valeur, pantalon blanc très large enfoncé dans des bottes vernies, un surtout d'une grande richesse, un sabre recourbé, poignée- ciselée et d'or, un poignard d'un prix inestimable, des décorations consistant en crochets, colliers, etc, constellaient sa poitrine.

Dans celte tenue cérémoniale il est allé au camp de M. le général Duchesne. Ne l'ayant pas vu revenir nous supposons qu'il suivra les opérations. Son arrivée a peut-être aussi pour but de voir un peu ses compatriotes à l’œuvre : en effet, le bataillon malgache compte dans ses rangs beaucoup de volontaires de l'Ile-de-Comores.

18950910 - Renfort au Bataillon de la Légion étrangère.

18950801 - Journal officiel de la République française - Relève du corps expéditionnaire de Madagascar

 

Le 10 septembre 1895, la Légion reçoit d’Algérie un renfort conduit par le capitaine Brundseaux et 2 officiers : 147 hommes. La plupart des renforts nécessaires pour boucher les trous causés par la route, sont fournis par les formations et les services de l’arrière.

CNE Brundseaux - LTN Martin - LTN Tahon ?. 

18950912 - Lettre de Madagascar - Mangasoarina, le 12 septembre 1895.

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 061295

 

 

Mangasoarina, le 12 septembre 95.

 

Depuis ma dernière lettre nous n'avons fait que nous installer, faire des gourbis, etc, et nous préparer pour la colonne volante.

Les différents renforts sont arrivés le 10. Celui de la Légion forme un beau contingent qui donnera une bonne impulsion au bataillon.

Les malingres restent ici sous le commandement des officiers en trop, car les compagnies prenant part à la colonne légère ne sont composées, que de : 3 officiers et 120 hommes, cadre compris.

Le Général en chef nous a passé en revue ce matin et a été très satisfait du bon air martial des troupes.

Les moyens de transport sont encore réduits ; de sorte qu'on ne changera pas souvent de tenue.

Sans ordres contraires nous nous mettrons en route pour Tananarive le 14 au matin...

Encore 100 kilomètres de mamelon environ, et alors la plaine fertile de l'Emyrne où tout pousse — l'accès surtout — les kilomètres à avaler.

Il y aura peut-être de l'ennemi... Enfin ! qui vivra verra !

18950914 - 00 - Marches et opérations du Corps Expéditionnaire - 05 - Opérations de la colonne légère - Prise de Tananarive

Annuaire de Madagascar et dépendances - Année 1898

 

   

 

18950914 - Lettre de Madagascar - 14 Septembre

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 061295

 

 

14 Septembre.

 

Départ ce matin à 5 heures. Le bataillon avant-garde de toute la colonne. Marche, de 16 kilomètres pénible, toujours dans la montagne, sur des sentiers à peine frayés et toujours en montant.

Campement à 3 kilomètres de l'ennemi qui est fractionné en plusieurs colonnes.

Ce malin, pendant la marche, rencontre de tranchées formidables, établies sur des hauteurs prodigieuses..— Tout était abandonné.

— Demain il y aura du tabac.

18950918 - Lettre de Madagascar - Kinâdjy, le 18 Septembre 95.

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 101295

 

Kinâdjy, le 18 Septembre 95.

 

Le 15 à 5 heures du matin, le mouvement commence en trois colonnes, pour l'attaque des positions de Tsaimnardry. Un large couloir mamelonné entre deux chaînes de montagne de hauteur immense. Le bataillon de la Légion au centre sur le sentier de la gorge ou sur le Thalweg. Le bataillon malgache sur les hauteurs de droite, les Tirailleurs Algériens à gauche. A 8 heures du matin la fusillade éclate partout. Nous sommes devant de formidables retranchements. L'Artillerie Hovas commence à tirer de tous côtés. Ma compagnie accélère l'allure pour couper la retraite à l'ennemi fuyant devant les Tirailleurs malgaches et haoussas qui chargent à la baïonnette. Une large crevasse nous arrête.

Nous ne pouvons faire que des feux de salve qui dispersent les chemises blanches (Hovas ; il ont pour tout uniforme une chemise blanche) comme une volée de moineaux.

Par contre un canon à une hauteur de plus de 200 mètres, nous; envoie des projectiles.

Deux obus passent avec un bruit sinistre au-dessus de nos tètes et vont frapper dans un village en flammes à 20 pas derrière nous.

Un troisième fait voltiger la poussière à dix pas devant

Pendant ce temps le mouvement des malgaches continue et l'Artillerie de ce mamelon bat en retraite.

Nous reprenons notre itinéraire et peu après nous apercevons trois camps retranchés.

De tous côtés surgissent des Hovas et dirigent les feux sur nous. Deux hommes tombent ! un de la 1re et un de la 4e.

Nous avançons sans riposter prendre position permettant de tirer sur les camps.

De trois côtés les canons tirent sur nous !

 

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 131295

 

 

Notre artillerie, retardée par les mauvais passages, arrive et se met en mesure de riposter avec efficacité. C'est merveilleux de voir des obus éclater au-dessus des positions ennemies.

L'infanterie recommence à marcher, et dès maintenant l'ennemi est en déroute Il est 2 heures. Quelle journée fatigante, les hommes n'en pouvaient plus, rien que des hauteurs et des ravins, les Hovas ont eu des pertes sérieuses, les malgaches ont 1 tué et quelques blessés, un de nos blessés est mort le lendemain ; nous couchons sur les positions conquises.

Le 16, marche et poursuite, quelques coups de canon et de fusil, sur des traînards. Arrivée à l'étape à 4 heures.

Le 17, même opération, l'avant-garde engage le combat vers 11 heures du matin. Au bout d'une demi-heure, tout est fini et les Hovas continuent leur fuite, on fait une dizaine de prisonniers.

Aujourd'hui nous faisons séjour, le2°groupe (marine) passe devant nous, pour exécuter un mouvement tournant ; le soir à 5 heures nous (le bataillon) prenons les avants-postes à environ 6 kilomètres d'ici.

Le bataillon est en ligne et on fait des feux de salve par section. A toute minute on aperçoit une fumée blanche, quelques secondes après la détonation, et en même temps le froissement du projectile qui se visse dans les couches d'air nous prévient que l'acier va passer.

Instantanément la poussière voltige devant ou derrière !

Sans émotion les feux continuent. En 10 minutes plus de 30 obus arrivent et c'est miracle que pas un ne touche.

Les Hovas tirent avec une admirable précision.

Ma compagnie lient la gauche de la ligne ; les hommes sont à genou, les chefs de section debout.

Le capitaine est à côté de moi et avec les deux sergents nous formons un petit groupe qui paraît être le point de mire de la pièce du camp gauche.

Trois projectiles arrivent successivement, le premier à vingt pas devant le rang du peloton ; la 2e à dix pas environ, et le 3e à moins de quatre pas.

Nous sommes éclaboussé de sable.

Je puis vous assurer qu'il n'est pas toujours aisé de commander : Joue ! Feu ! malgré tout, les hommes se comportent très bien.

Le général Melzinger arrive, et le général en chef aussi. Deux obus s'enfoncent à côté d'eux.... La place n'est plus tenable sans risquer de grosses pertes....

Par bonheur très peu d'obus éclatent.

Deux seulement tombent sur un rocher, se dispersent et blessent un cheval.

18950920 - Lettre de Madagascar - Maharitza, le 20 septembre 1895.

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 131295

 

Maharitza, le 20 septembre 1895.

 

Le 18, nous arrivons aux avant-postes à 7 heures du soir. Une altitude de 900 mètres.

De là on découvre les plus fortes défenses, qui aient été vues jusqu'à ce jour.

Partout des montagnes hautes, hérissées de retranchements.formidables.

Toutes les crêtes sont blanches de Hovas.

Le Général en chef donne ses ordres pour le lendemain.

Le 19, dès 4 heures du-matin, les colonnes, s'ébranlent. La brigade Voyron fait un mouvement tournant. Les Tirailleurs Algériens au centre, en réserve ; la Légion, sans sac, fait un mouvement tournant par la gauche.

En approchant nous sommes accueillis par des obus qui tombent, devant nous ; le tir est trop court.

En nous dérobant, nous grimpons toujours et nous arrivons en face, ou plutôt au-dessous de la plus formidable position, 1463 mètres d'altitude, on distingue une multitude de défenseurs, des canons, un drapeau.

Il est 0 heures, on entend la fusillade de la 2e brigade, on avance !

Un feu nourri ne nous empêche pas de marcher. Les Hovas tirent de trop loin.

Quelques balles (de fusils à tir rapide sans doute) passent au-dessus de nos têtes.

L'artillerie de chez nous tire quelques coups par dessus nous ; nous nous attendons à une résistance sérieuse, à une journée terrible. Tout à coup on voit de toutes les crêtes, l'ennemi battre en retraite.

Ce n'est pas étonnant : la brigade Voyron s'approchait insensiblement et allait les envelopper. Ce voyant, les Hovas avec leur lâcheté habituelle on cru devoir battre en retraite (pas par échelon ni en bon ordre).

Résistant, je ne sais pas combien nous aurions perdu de monde.

C’étaient les plus hautes, les meilleures et les plus formidables positions de Madagascar.

Les Hovas étaient plus de 8000 et avaient 30 canons, on en a capturé 2, il y â eu 1 blessé chez nous. A 10 heures du matin, tout était fini.

 

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 171295

 

 

Mais il a fallu retourner à plus de 6 kilomètres, chercher les sacs On a déjeuné, et à 2 heures nous sommes repartis en avant.

A 6 h. 1/2 du soir, arrivée à l'étape, après avoir escaladé ces immenses hauteurs. Fatigue terrible. Tout le monde était à bout, et après avoir mangé, à 9 h. 1/2, je me suis laissé tomber sur ma couverture pour dormir d'un sommeil de plomb.

Aujourd'hui 20, séjour. La 2e brigade va marcher devant nous à son tour. On suppose qu'à partir de maintenant la résistance dés Hovas sera nulle.

Par contre ils ravagent tout dans leur fuite. Tous les villages sont la proie des flammes et presque partout l'herbe ou la brousse est brûlée. De sorte que maintenant il faut se coucher sur le sol nu. Il est également très difficile de trouver du bois.

Il fait un froid de loup la nuit.

18950930 - Marches et opérations du Corps Expéditionnaire - 06 - Déblocus de Tamatave et répression des mouvements insurectionnels

Annuaire de Madagascar et dépendances - Année 1898

 

   

 

18951022 - Départ du Bataillon de la Légion étrangère de Tananarive et rapatriement en Algérie

Le 22 octobre 1895, 358 sous-officiers et légionnaires et 20 officiers représentant le reste du bataillon de la Légion quittent Tananarive pour Majunga d’où ils embarquent pour l’Algérie, laissant derrière eux plus de deux cents morts tués par le climat, la fatigue et les privations. Fin du calvaire malgache. Le général Duchesne serre la main aux officiers : ‘’C’est bien à vous, Messieurs, que nous devons d’être ici et si jamais j’ai l’honneur de commander une expédition nouvelle, je ferai en sorte d’amener avec moi au moins un bataillon de la Légion’’.

 

18951206 - Journal officiel de la République française - Communication d'un télégramme du directeur des étapes du corps expéditionnaire de Madagascar.

 

MADAGASCAR

 

Communication d'un télégramme du directeur des étapes du corps expéditionnaire de Madagascar :

L'Hindoustan est parti de Majunga le 3 décembre, rapatriant le 1er bataillon du régiment d'Algérie (légion étrangère) et un détachement d'hommes libérables et de convalescents des 2e et 3e bataillons de ce régiment (tirailleurs algériens).

Ce bâtiment prendra à Nossi-Comba 150 convalescents du régiment d'Algérie.
Le service médical sera assuré par 3 médecins et 15 infirmiers valides.
Effectif embarqué : officiers, 30; troupe, 632.

 

18951228 - Journal officiel de la République française - Affectation des officiers d'infanterie rapatriés de Madagascar.

 

AFFECTATION DES OFFICIERS D’INFANTERIE RAPATRIÉS DE MADAGASCAR.

 

– Par décision ministérielle insérée au Journal officiel le 28 décembre, les officiers d’infanterie du corps expéditionnaire dont les noms suivent seront placés, à dater du 1er janvier 1896, à la suite des corps de troupe ci-après indiqués, auxquels ils appartenaient avant la campagne, savoir :

 

Régiment d’Algérie (1er bataillon) :

Les capitaines : MM. Devaux, Perret, Courtois, Mure, au 1er rég. étrang. ; Bulot, Sardi (titre étranger), Brundsaux, Farail, au 2e rég. étrang.

 

Les lieutenants : MM. Écochard, Beynet (titre étranger), Ayné, Rouanet (titre étranger), Gueilhers, Grégory, Dufoulon, au 1er rég. étrang. ; Burchard, Simon, Motte, Jolivet (titre étranger), Martin, au 2e rég. étranger.

 

Les LTN Mure et Farail ont été promu CNE. Le LTN Tahon ( renfort du 10/09/1895) et le SLT Langlois n'apparaissent pas.

 

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

 

Le LTN Tahon est nommé capitaine au 1er Tirailleurs, à Blidah, le 1er janvier 1896. Et, on retrouve le CNE Tahon à la tête de la 2e compagnie de tirailleurs du I/RA. ?

 

Souvenirs de Madagascar (1895) - Langlois, Lieutenant - 1900

 

Le SLT Langlois a pourtant embarqué le 1er décembre (à bord de l'Indoustan).

18951122 - Marches et opérations du Corps Expéditionnaire - 07 - Troubles du Sud-Ouest de l'Emyrne et de la côte Est

Annuaire de Madagascar et dépendances - Année 1898

 

   

 

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