Editos du Comle

CAMERONE 2024 : Le colonel (er) Bernard Grué portera la relique du capitaine Danjou

Il y a 70 ans, Diên Biên Phu tombait après un affrontement dantesque où la fatigue, la boue, le sang, la mort mais aussi la fraternité d’armes étaient quotidiens. La chute du camp retranché sonnait le glas de la présence française en Indochine où la Légion était présente depuis 1883. Ils sont moins d’une soixantaine de survivants aujourd’hui. Ils étaient soixante-trois à Camerone. Tous se sont battus, fidèles à leur serment de servir la France, jusqu’au bout, à tout prix. Les survivants valides et disponibles de l’Indochine seront à Aubagne, au pied du monument aux morts pour honorer la mémoire des héros de Camerone et celle des 12 602 officiers, sous-officiers et légionnaires tombés en Indochine.

Entourés de la Légion d’active, des régiments et bataillons de Légion ayant combattu à Diên Biên Phu, le colonel Bernard Grué remontera la voie sacrée en portant la relique de la main du capitaine Danjou. Il représentera l’ensemble de ses frères d’armes.

Bernard Grué voit le jour le 24 décembre 1924 à Bordeaux. Engagé volontaire devant l’intendant militaire de Coëtquidan au titre de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr le 28 novembre 1945. Affecté au centre d’instruction d’Angers, il rejoint le camp du Ruchard le 15 décembre 1945. Conformément aux directives du Général de Lattre de Tassigny, qui prévoyait que les saint-cyriens devaient obligatoirement au préalable faire un stage dans la troupe comme sous-officier, il est nommé au grade de sergent le 15 mars 1946. Il est affecté au 99e bataillon d’infanterie alpine à Bourg-Saint-Maurice, en Tarentaise le 15 avril 1946. Le 1er août 1946, il est affecté au 92e régiment d’infanterie au camp d’Opme, près de Clermont-Ferrand.

Admis aux cours de l’école spéciale militaire interarmes, il rejoint Coëtquidan en Bretagne le 16 janvier 1947. Ayant satisfait aux épreuves de l’examen de sortie, il fait le choix de l’infanterie métropolitaine. De novembre 1947 à février 1948, il est détaché au 7e régiment de tirailleurs algériens en Allemagne où il est promu sergent-chef le 1er décembre 1947 avant de rejoindre l’école d’application de l’infanterie au camp d’Auvours dans la Sarthe le 16 février 1948.

A l’issue de sa formation, il choisit la Légion Etrangère et est affecté au Dépôt commun des régiments étrangers en Algérie. Il embarque à Toulon le 18 novembre, débarque à Oran le lendemain et est présent à Sidi Bel Abbès le 20 novembre 1948. Il est affecté au groupement d’instruction motorisé en qualité de chef de peloton.

Le 22 mai 1949, il embarque à bord du SS Pasteur à destination de l’Extrême-Orient. Il débarque à Saigon le 7 juin où il est affecté au 3e régiment étranger d’infanterie. Il prend alors le commandement du poste 41 situé à une vingtaine de kilomètres au sud de That-Khê, sur une portion de la RC4.  Il est nommé au grade de lieutenant le 1er octobre 1949.

Les 16 et 17 septembre 1950 à Dong Khe, le lieutenant Grué est à la manœuvre sur la défense de son point d’appui fortement attaqué par un adversaire très supérieur en nombre et en moyens, se battant pied à pied avec un acharnement admirable, infligeant de lourdes pertes aux rebelles. Le 17 au matin, alors que l’adversaire a pris pied dans la citadelle, Grué, en se précipitant au canon de 57, servant lui-même cette arme, repousse l’assaut par un tir meurtrier à bout portant qui provoque un repli désordonné des rebelles, laissant sur place une dizaine de cadavres. Le 18 au matin, sa position est écrasée par l’artillerie et cernée de toutes parts, il lutte jusqu’au corps à corps, puis, blessé, il perd connaissance et est capturé par l’adversaire.

Durant quatre ans, de septembre 1950 à août 1954, le lieutenant Grué est interné au camp n°1. Libéré le 28 août 1954, il est rapatrié sanitaire. Il quitte Saigon le 10 septembre et débarque à Marseille le 4 octobre. Evacué sur l’hôpital du val-de-Grâce à Paris, il bénéficie de congés de convalescence et de fin de campagne jusqu’à la fin mars 1955.

Désigné pour suivre une formation d’officier spécialisé dans les questions d’Orient et du Moyen-Orient, il est affecté à l’état-major des forces armées à Paris en novembre 1955. Diplômé des langues orientales en Persan, puis breveté de l’enseignement militaire supérieur, il part comme capitaine en Algérie d’où il revient pour intégrer le centre militaire d’études slaves puis pour suivre les cours de l’Ecole de guerre iranienne à Téhéran. De 1968 à 1971, il est attaché militaire adjoint à Moscou, de 1972 à 1974, il commande le 46e régiment d’infanterie à Berlin, puis il prend la direction du renseignement au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) à Paris. Il quitte l’armée en 1978 avec le grade de colonel et fera une seconde carrière dans un grand groupe pharmaceutique.

Il est marié depuis 70 ans cette année à Marie-Odile, qui l’a attendu pendant sa captivité. Il est père de trois enfants, Christine, Philippe et Anne-Marie, baptisée du nom du chant bien connu du 3e REI. 

Le colonel Bernard Grué est Grand officier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite et titulaire de la croix de Guerre des théâtres d’opération extérieures avec une palme et deux étoiles de bronze, de la médaille coloniale et de la croix de la Valeur militaire.

KB874 - Le symbole de tous les combats héroïques

Combat héroïque pour certains, défaite magnifique pour d’autres, défaite tactique et ictoireopérative pour les théoriciens de la guerre, la littérature autour du combat de Camerone est abondante. Képi blanc, ce mois-ci, dans un dossier exhaustif, vient la compléter. Au-delà du contexte géopolitique, des combats à un contre cent et de l’héroïsme, il faut retenir que les légionnaires, fi dèles à leur serment, alors que tous leurs offi ciers étaient tombés, ont continué à se battre jusqu’au bout.

Commémoré à l’initiative d’un lieutenant en 1906, Camerone est le symbole de tous les combats héroïques de la Légion de Tuyên Quang à El Moungar, Bir Hakeim, Phu Tong Hoa, Diên Biên Phu et plus récemment Tombouctou. C’est aussi la toile de fond qui accompagnera le légionnaire tout au long de sa vie et qui lui rappellera qu’il a promis de servir avec Honneur et Fidélité, le jour où il a coiffé son képi blanc.

Il y a 70 ans, Diên Biên Phu tombait après un affrontement dantesque où la fatigue, la boue, le sang, la mort mais aussi la fraternité d’armes étaient quotidiens. La chute du camp retranché sonnait le glas de la présence française en Indochine où la Légion était présente depuis 1883. Ils sont moins d’une soixantaine de survivants aujourd’hui. Ils étaient soixante trois à Camerone. Tous se sont battus, fidèles à leur serment de servir la France, jusqu’au bout, à tout prix. Les survivants valides et disponibles de l’Indochine seront à Aubagne, au pied du monument aux morts pour honorer la mémoire des héros de Camerone et celle des 12 602officiers, sous-officiers et légionnaires tombés en Indochine. Entourés de la Légion d’active, des régiments et bataillons de Légion ayant combattu à Diên Biên Phu, ils seront trois pour remonter la voie sacrée et représenter l’ensemble de leurs frères d’armes.

Le colonel Grué, ancien chef de section au 3e REI, combattant sur la RC4, à Dong Khê et survivant du camp n°1, portera la main du capitaine Danjou. Il représentera les officiers ayant combattu en Indochine. Les sous-officiers le seront par le major Helferstorfer, ancien du 2e REI et du 5e RE en Indochine et ancien président des sous-officiers du 1er RE. Le légionnaire de 1re classe Bosy, ancien des compagnies de génie Légion et ayant effectué trois séjours en Indochine, représentera tous les légionnaires. Il incarnera aussi l’hommage que la Légion rendra, cette année, aux sapeurs légionnaires des 1er et 2e REG qui fêtent respectivement les 40 et 25 ans de leur création. Tous deux ayant servi au 5e RE, c’est aussi un symbole alors que le 5e RE va renaître à Mayotte, en remplacement du DLEM, le 1er juillet 2024.

Désigner celui qui aura l’honneur de porter la main du capitaine Danjou le 30 avril à Aubagne, n’est pas aisé. Seuls 74 porteurs ont eu ce privilège depuis 1947, date à laquelle un officier supérieur de la maison mère y a été assigné pour la première fois. Si de nombreux Anciens méritants, à l’image du commandant Bernard Amet, ont disparu trop tôt pour en faire partie, des hommes valeureux se sont succédé, du simple légionnaire symbolisant “le culte sacré de la mission”, au président dessous-officiers de la Légion désigné lors du confinement de 2020, ou bien encore les inspirants chefs de bataillon Cabiro, Faulques, Morin et Hubert Germain, le dernier des Compagnons.

Parmi les rescapés, la figure du colonel Grué s’est imposée car, au-delà de son courage au combat sur la RC4, de sa résilience en captivité au camp n°1 et de l’amour qu’il portait à ses légionnaires, son expérience relatée dans “L’espoir meurt en dernier” est édifiante pour tous ceux qui exercent des responsabilités, qu’ils soient civils ou militaires. Cette leçon apprise dans l’adversité est une remarquable règle de vie que je vous partage : “Outre la chance et la santé, il faut avoir la volonté tenace de vivre et de lutter (…), envers et contre tout et tous. Il est indispensable d’avoir au cœur un feu qui brûle sans cesse, une passion qui donne un sens et un but à la vie, une étoile qui nous guide, un beau et grand projet, exaltant, futile, aléatoire, qui nous font, sans cesse, rebondir vers l’avenir, (…), qui nous poussent à avancer quand nous avons envie de nous coucher (…). C’est cela, l’espoir qui fait vivre. C’est cela aussi, la magie du rêve qui encourage et nourrit l’action dans les moments les plus désespérés. Les plus belles entreprises sont nées d’abord dans le rêve. Et je suis maintenant persuadé que ces conditions sont valables tout au long de la vie, en toutes circonstances, à tous les âges, pour chacun de nous, car, si la guerre vient à prendre fin, la lutte pour la vie, elle, continue tous les jours, dans l’ombre et le secret, plus difficile, plus longue, plus ingrate encore que le combat dont il vient d’être question, parce qu’alors nous sommes seuls à la mener”.

Joyeux Camerone, “More Majorum” !

Le général commandant

la Légion étrangère

KB873 - “Rien n’empêche” le 2e Étranger de génie !

 

De Sidi Bel Abbès à Foum Zabel ou au Gahéré Guéni, le légionnaire a toujours eu une âme de bâtisseur parce que, d’une certaine façon, son cœur est déraciné. Il trace des routes, s’installe et reconstruit ici, les lieux qui ont été abandonnés ou les liens rompus là-bas. Le génie de la Légion incarne tout particulièrement, et pleinement, cet esprit propre au “légionnaire bâtisseur”.

Cette année, avec leurs frères d’armes qui ont libéré la France en 1944 ou combattu en Extrême-Orient ainsi qu’à Dien Bien Phu, les deux régiments de génie Légion sont mis à l’honneur. En effet, le 1er Régiment étranger de génie fête ses 40 ans et le 2e Régiment étranger de génie, ses 25 ans. Symboliquement, ils célébreront ensemble la Sainte Barbe, au mois de décembre.

Dernier né des régiments de Légion étrangère, le 2e Régiment étranger de génie (2e REG) a conservé, de ses illustres Anciens, le goût de l’aménagement et des constructions. Il arrive en 1999, à Saint-Christol, dans une caserne en piteux état. Les légionnaires réalisent alors le tour de force de transformer ces tristes locaux en un quartier somptueux prenant le nom de “maréchal Kœnig”. Les légionnaires font sortir de terre une magnifique place d’armes, un couloir mémoriel et un monument aux morts, pour honorer les héros d’hier et d’aujourd’hui. Une salle d’honneur est également aménagée pour mettre en valeur les exploits passés et présents du régiment.

Malgré sa jeunesse, le 2e REG a eu son content de gloire et d’aventures. Il a été déployé sur tous les théâtres d’opérations extérieures de ces dernières années. Des Balkans au Sahel, en passant par le Liban et, bien sûr, l’Afghanistan, ce régiment a inscrit ses pas avec humilité et détermination dans les traces de ses Anciens.

Il y est parvenu grâce à ses cadres et légionnaires qui manient la pelle et le fusil avec ardeur et détermination. Dans les vallées d’Afghanistan ou dans les déserts sahéliens, les sapeurs ouvrent, tracent la route et combattent aux côtés de leurs frères d’armes fantassins, cavaliers ou commandos. Une fois la piste ouverte et la zone saisie, ils ne s’arrêtent pas quand les autres se reposent. Ils doivent encore construire une base ou un poste opérationnel avancé pour se protéger des coups de l’ennemi et disposer d’une base d’assaut pour aller le frapper plus loin encore. C’est lors d’une mission de reconnaissance de la construction d'un de ces points d'appui que le chef de bataillon Dupin a trouvé la mort le 17 décembre 2010 à l’entrée de la vallée d’Alasay en Afghanistan. Son nom, dernier de la longue liste des officiers de Légion morts pour la France et qui figure dans la crypte du musée de la Légion à Aubagne, a été donné à la promotion de l’École militaire interarmes (EMIA) ; il est également mis à l’honneur dans le couloir mémoriel du 2e REG, où son portrait fait face à ses Anciens d’Indochine morts au combat.

Les sapeurs sont aussi déployés sur les pistes boueuses et dans la Selva en Guyane. Là aussi, ils montent à l’assaut, le fusil à la main pour traquer le garimpeiro et lutter contre l’orpaillage illégal. Ils doivent parfois tirer profit des unités spécialisées comme les plongeurs qui s’infiltrent à travers la jungle via les criques. Ce théâtre oblige à la mise en œuvre de la fouille opérationnelle, sollicite les savoir-faire des sapeurs, afin de rechercher les ressources dissimulées par les orpailleurs illégaux. Une fois ces missions remplies, les légionnaires remettent leur arme dans le dos, détruisent le matériel saisi et retroussent leurs manches pour rénover les pistes et les carbets du CEFE, illustrant la devise du génie : “Parfois détruire, souvent construire, toujours servir”.

Les légionnaires du 2e REG sont des légionnaires sapeurs de montagne, issus d’une fine alchimie : combattants parce que légionnaires ; bâtisseurs parce que sapeurs ; rompus aux milieux extrêmes parce que montagnards. La meilleure illustration de cette vocation de bâtisseur est le chantier de réfection du camp des Rochilles, au-dessus de Valloire, à plus de 2 000 m d’altitude. Sur un terrain où tout devient plus dur, où seules la plus grande rigueur et l’excellence ont leur place, les légionnaires ont montré toute l’étendue de leur savoir-faire. À la pointe de l’innovation, le 2e REG ne compte pas en rester là et prévoit la mise sur pied d’un groupe de pionniers spécialisé dans les infrastructures de préparation opérationnelle en montagne. 

Les sapeurs sont aussi des bâtisseurs de solidarité. Ils l’ont prouvé au travers des nombreux travaux au profit de la Légion et de ses Anciens comme le columbarium du Coudoulet, ou encore le chai, l’hémicycle et le musée à Puyloubier. La solidarité s’applique aussi au profit de la population française comme lors de la tempête Xynthia en 2010 ou en opérations (Baliste en 2006 et Amitié en 2010 au Liban). C’est enfin en mission de courte durée que cette solidarité se manifeste, hier comme aujourd’hui, dans la Corne de l’Afrique, à Djibouti, Obock ou Tadjoura. Et le temps n’arrive pas à user leurs solides ouvrages…

Mais le sapeur du 2e REG n’a pas l’apanage de cet esprit bâtisseur. Il coule dans les veines de chaque légionnaire et, comme le dit le chant, “on nous donne des vieux bâtiments, on les retape et on fout le camp”.

Enfin, il est impossible de terminer cet éditorial sans évoquer celui qui a bâti sa carrière par l’effort : le général Tresti s’est éteint le 15 février 2024. Il était un “concentré d’honneur et de fidélité”, selon les mots employés, en avril 2021, pour le décrire. La Légion lui a rendu un bel hommage, au quartier Vienot, en présence du général Guignon, des anciens COMLE, des Anciens, des délégations de la maison mère et des régiments, au cours d’une cérémonie solennelle, sobre et émouvante. Pour tous, le général Vittorio Tresti, de ses débuts avec des fourreaux de légionnaire puis de sous-officier sur les épaules en Algérie, d’officier à Diego Suarez ou Kourou, à la fin de sa carrière avec des étoiles de général de brigade, incarne la loyauté, la persévérance, la force de caractère, la promotion au mérite et l’illustration “qu’à la Légion, tout est possible”.

Le général commandant

la Légion étrangère

KB872 - Le Code d’honneur du légionnaire

Une voix à la sonorité grave et parfois étrangère donne un ordre sec. Quarante soldats, rangés dans des colonnes parfaitement alignées, se figent au “garde-à-vous”. Leur posture est excessivement droite, presque tendue. Elle révèle le caractère juvénile quoique déterminé de cette troupe. Tous ces hommes se tiennent dans leur uniforme impeccable. D’un seul mouvement, ils coiffent eux-mêmes leur képi blanc. L’un d’eux prend ensuite la parole pour jurer de servir la France avec honneur et fidélité. Enfin, aussitôt suivi de ses camarades, ils récitent d’une seule voix, un à un les articles du Code d’honneur du légionnaire.Cette scène est devenue presque mythique.

Coiffer son képi blanc devant l’autorité qui lui en a donné l’ordre, prêter serment et réciter le Code d’honneur est un cérémonial simple et clair, comme il sied à la Légion. Pour autant, la symbolique est forte. Désormais, le Code d’honneur régulera toute la vie du légionnaire.

Pour qu’il y ait un code, il faut un groupe de personnes qui décide de se donner des règles de conduite fortes et singulières. S’ils reposent sur l’honneur, ces principes sont d’autant plus puissants qu’ils sont vécus collectivement. Ainsi, chacun des articles de ce code commun pèse sur le quotidien de tous, dans ce qu’il exige comme dans ce qu’il envisage. C’est, en définitive, un serment donné sur un état de vie qui doit servir à remplir la mission fixée dans la lettre et dans l’esprit.

Historiquement, c’était bien l’objectif du général Coullon qui, dans les années 80, a façonné l’organisation du commandement de la Légion étrangère actuelle. Il a fait rédiger le Code d'honneur du légionnaire, comme un véritable guide du comportement. La diversité des origines rend nécessaire l’établissement de cette référence morale. La Légion a donc donné une règle de vie à ses légionnaires à travers sept articles qui, tout à la fois, prescrivent des comportements quotidiens et portent l’ambition de l’excellence.

Ces articles détaillent, de façon organisée et extrêmement cohérente, la nature du comportement envers ses frères d’armes – pairs et chefs –, la solidarité avec les blessés et les Anciens, le sens donné à la mission et son caractère sacré, sans exclure le sacrifice ultime. On y évoque aussi l’élégance de la tenue et l’incarnation concrète du service de la France.

De fait, les conditions de l’efficacité opérationnelle sont décrites en insistant sur le difficile héroïsme du quotidien. Rien n’est donc anodin. Il n’y a pas de petite mission dans la préparation opérationnelle car tout concourt à la réussite de l’engagement. Les tâches les plus ingrates du quartier et tous les actes du quotidien, contribuent à la capacité collective à partir en opération. C’est cette approche qui, uniquement, permet réellement d’être “opérationnel dès la sortie du quartier”, et en son sein même, d’ailleurs.

Moteur d’une exigence opérationnelle assumée, qui a des retentissements sur la vie de chaque légionnaire, le Code d’honneur fixe le cap, explique comment se montrer capable de le suivre et offre les moyens de tenir dans la difficulté. L’écrivain et pionnier de l’aéropostale Antoine de Saint-Exupéry livre une réflexion de fond des plus éclairantes, inspirée de l’expérience de son camarade Guillaumet, survivant du crash de son avion dans la Cordillère des Andes. Le pilote a dû marcher dans des conditions épouvantables pour rallier la civilisation : “ce que j’ai fait, je le jure, aucune bête au monde n’aurait pu le faire”. Il explique pourquoi et comment il y est parvenu, évoquant l’entêtement de l’aviateur malheureux lors de sa terrible épreuve : “si ma femme croit que je vis, elle croit que je marche, mes camarades croient que je marche, et moi, je suis un salaud si je ne marche pas”. La fidélité au Code d’honneur exige une lutte au quotidien. Cette lutte est rendue moins âpre lorsque nous luttons à plusieurs, sous le regard des autres : “ensemble, nous sommes plus forts”.

Le Code d’honneur doit continuer à servir de référence permanente après l’instruction. Il faut s’y référer au sein des unités, à des moments forts, autrement que pour faire des remontrances. Je souhaite que tous se rappellent l’importance et l’impact que doit avoir le Code d’honneur du légionnaire dans notre quotidien.

Le général commandant

la Légion étrangère

KB871 - 2031, c’est demain !

 

Après une année 2023 dense, qui s’achève par la fête de Noël, cette belle fête de famille où tous se sont resserrés dans la fraternité d’armes, 2024 sera une année tout aussi intense où commémorations, événements nationaux à portée internationale et anniversaires vont se succéder. 2024 sera aussi l’année du début d’une longue marche qui va conduire la Légion étrangère vers son bicentenaire en 2031.

Que retenir de l’année 2023 ? Difficile de citer toutes les actions réalisées par les régiments de la Légion étrangère. Il y en a eu tant. On peut néanmoins les répartir en deux catégories. Les missions opérationnelles d’une part, et les activités liées à “Monsieur Légionnaire” d’autre part. Dans le domaine des opérations, il faut évoquer la réactivité des régiments, “à la manière des Anciens”, capables d’être projetés, sur très court préavis sur les terres africaines. Des pays Baltes jusqu’en Nouvelle-Calédonie, la Légion a été déployée sur une vingtaine de territoires tout au long de l’année, sans oublier le territoire national où elle contribue à la sécurité de nos concitoyens avec Sentinelle, protège le centre spatial guyanais, lutte contre l’orpaillage illégal et l’immigration clandestine, ou affirme la souveraineté de la France dans l’Océan Indien.

Par ailleurs, dans le cadre de l’entraînement et de la préparation opérationnelle, je retiendrai l’exercice Orion 23 auquel les unités de la 6e BLB et de la 11e BP ont brillamment participé, les passages remarqués et remarquables des unités de Légion dans les centres d’entraînement de l’armée de Terre et enfin l’exercice BIA (*) 23 au cours duquel le 1er escadron du REC a montré toute sa maîtrise technique et tactique du Jaguar.

2023 était aussi l’année de “Monsieur Légionnaire” avec en point d’orgue la commémoration du combat de Camerone, en présence du ministre des Armées. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons assisté à la remontée de la voie sacrée par le père Lallemand, porteur de la main du capitaine Danjou. Il était le lien entre les légionnaires d’hier et d’aujourd’hui, le trait d’union entre les Anciens et la Légion d’active. C’était aussi la journée de “Monsieur Légionnaire” à Paris et à l’Olympia où la Musique de la Légion étrangère a réalisé deux prestations remarquables, le défilé des régiments qui construisent l’avenir de la Légion, groupés autour du général commandant la Légion étrangère, le 14 juillet.

C’était enfin, pour terminer l’année, l’intervention lors de la “Nuit du Bien Commun”, du chef de la division Entraide, qui a permis une belle levée de fonds pour moderniser l’infirmerie de Puyloubier.

2024, année olympique, va se décomposer en trois temps. Un premier temps pour commémorer les 70 ans du départ d’Extrême Orient (1883-1954), où sont tombés 12 602 légionnaires dont 10 483 durant la seule guerre d’Indochine, de 1945 à 1954. Les cérémonies commémoratives du combat de Camerone permettront de rendre hommage aux survivants de cette page d’histoire glorieuse et sanglante de la Légion. Passé Camerone, viendra le temps de la commémoration de la libération de la France, de Cavalaire jusqu’au Rhin. Enfin, la Sainte Barbe permettra de fêter, au cours d’une prise d’armes commune, les 40 ans du 1er REG et le quart de siècle du 2e REG.

2024 sera aussi l’année de lancement du nouveau Livre d’Or de la Légion pour succéder à celui rédigé lors des 150 ans. Aussi, sous la présidence du grand historien, monsieur André-Paul Comor, la rédaction du livre est lancée. En plus des pages historiques, ce Livre d’Or fera la part belle aux figures de la Légion et aux anecdotes inédites, aux petites histoires qui font la grande histoire. Tous les témoignages sont les bienvenus et les plus symboliques seront publiés dans le magazine Képi blanc jusqu’à la parution du Livre d’Or. Anciens et amis de la Légion, nous attendons vos contributions !

Je formule le vœu que la Légion étrangère soit toujours au rendez-vous de l’excellence opérationnelle, défi du quotidien, pour fournir à l’armée de Terre, aux brigadiers, COMSUP ou COMFOR, des légionnaires, aguerris et entraînés, solides et soudés, commandés et disciplinés, respectueux du code d’honneur et fidèles à la parole donnée.

Pour conclure, j’adresse mes félicitations les plus chaleureuses aux officiers, sous-officiers et militaires du rang qui ont été promus en 2023 ou qui sont inscrits au tableau d’avancement en 2024. Ce nouveau galon les oblige. La Légion compte sur eux.

Bonne année à tous les légionnaires, à leurs familles, aux Anciens et à tous les amis de la Légion !

 (*) Brigade InterArmes.

 

Le général commandant 

la Légion étrangère

KB870 - Legio Familia Nostra

Le général Cyrille Youchtchenko

Commandant la Légion étrangère

 

 

Il y a plus de deux mille ans, en Palestine, entouré de son Père et de sa mère, naissait au fond d’une étable un enfant qui n’avait pu trouver sa place dans l’auberge de Bethléem. 

Petite famille d’abord, avec la naissance d’un enfant dans l’environnement intime du souffle rugueux d’un âne et d’un bœuf, elle a ensuite résonné à travers les événements et les siècles pour devenir l’une des plus grandes familles du monde, la famille des chrétiens. Qu’il soit d’une confession ou d’une autre, croyant ou non, chaque Français se reconnaît aujourd’hui dans cette fête, religieuse dans un premier temps, culturelle d’héritage judéo-chrétien ensuite, qui célèbre la famille. C’est en général le moment de se resserrer autour des nôtres, à la chaleur d’un foyer, et de prendre du temps, ensemble.

C’est ainsi que cette fête a trouvé un écho particulier à la Légion étrangère, où la notion de famille s’étend à celle de frères d’armes. En effet, pour les légionnaires, surtout les plus jeunes, la Légion devient leur famille de substitution. Et c’est cela qui justifie que les plus anciens, qui ont la chance d’avoir fondé une famille de chair passent Noël en entourant ceux qui nous ont rejoints et qui, sans cela, passeraient Noël seuls. Quel sens cela aurait-il de nous présenter comme une famille, d’évoquer la fraternité d’armes et la solidarité familiale dans le 2e article de notre code d’Honneur si nous n’étions pas capables de passer ce moment si important à leurs côtés ? 

Après ses premières années sous les couleurs de la Légion, ce jeune légionnaire aura pu retrouver les siens, voire fonder sa propre famille. Pourtant, à son tour, à la veille de Noël, il se rapprochera et sera à l’écoute des plus jeunes de son unité. Dans cette logique de transmission perpétuelle et intergénérationnelle, il rendra aux plus jeunes ce que ses anciens lui auront légué : une solidarité sans faille.

C’est dans cet esprit qu’avec le temps, la période de Noël s’est structurée à la Légion étrangère. Noël, à l’instar de ce qui se pratiquait sur les champs de bataille, nous permet de faire une trêve. Cette “trêve de Noël”, le temps de quelques jours, donne un peu de souffle aux unités qui peuvent alors se rassembler autour de projets bien différents de ceux du reste de l’année : les challenges de sport, les bars, la crèche, la messe et la veillée de Noël.

Lors des challenges intercompagnies, les unités s’affrontent et chacun peut se révéler, mettre en avant ses talents physiques ou techniques, dans un esprit de cohésion, de dépassement de soi et de saine émulation. Les troisièmes mi-temps ou les soirées, renforcent la cohésion et l’esprit de corps dans les bars de Noël soigneusement aménagés à partir du club compagnie pour créer un espace propice à la camaraderie. C’est là que se créent les conditions de la proximité de Noël, lorsque les barrières hiérarchiques tombent pour laisser place à la confidence pudique que le jeune légionnaire pourra offrir à son chef.

Cette trêve permet aussi la conception et la réalisation des crèches, véritables chefs-d’œuvre éphémères où les talents insoupçonnés, l’imagination, la créativité et la sensibilité des âmes des légionnaires de toute ancienneté, cette âme naïve infantile pleine de la maturité de celui qui a déjà pas mal bourlingué, s’expriment en fabriquant, à partir de rien, de véritables reconstitutions historiques et culturelles, sous forme de maquettes, parfois animées et sonorisées, ou de tableaux vivants. Le point commun de ces crèches est le sacré, la fraternité d’armes, l’intime d’une histoire personnelle et la rédemption à travers la solidarité de sa section, de sa compagnie, de son régiment et de la Légion.

La messe de Noël, célébrée par les aumôniers des régiments et embellie par les chants de Noël traditionnels chantés à l’unisson, donne une occasion plus solennelle de se recentrer sur l’essentiel, de se recueillir et surtout de prendre le temps d’honorer le souvenir de nos Anciens et de nos camarades tombés au combat.

Enfin, la veillée de Noël, moment central de cette période particulière, permet pendant un temps, aux plus jeunes de s’exprimer, guidés par les plus anciens, pour caricaturer respectueusement le plus souvent, parfois avec une juste insolence, mais sans débordement et en toute bienveillance, les traits particuliers, voire les manies, de leurs cadres. C’est autorisé ; c’est Noël !

Ainsi, chaque année, cet esprit est retrouvé par toutes les formations de la Légion étrangère, où qu’elles se trouvent, avec plus ou moins d’ampleur selon la situation opérationnelle du moment. C’est également ce même esprit qui habitera le cœur de chaque légionnaire ou ancien, isolé ou entouré de ses camarades, tout au long de sa vie.

Sans transition, le lendemain, les activités opérationnelles reprendront et les unités seront à nouveau tournées vers les objectifs opérationnels. En effet, la séquence de Noël n’est pas décorrélée de la raison d’être de la Légion étrangère : elle est même une condition de l’efficacité opérationnelle puisqu’elle vient renforcer ses quatre piliers fondamentaux : le caractère sacré de la mission, la rigueur dans l’exécution, la solidarité et le culte du souvenir.

Prenons donc le temps de cette trêve de Noël pour être plus efficace demain.

Joyeux Noël à toute la grande famille Légion en métropole, sur l’île de Beauté, Outre-mer, en opération extérieure ou intérieure et sous tous les cieux où se trouve un képi blanc quelle que soit son ancienneté !

 

Le général commandant 

la Légion étrangère

KB869 - Les traditions

Le général Cyrille Youchtchenko

Commandant la Légion étrangère

 

La flamme Olympique arrivera à Marseille le 8 mai 2024. Allumée selon la tradition antique, à l’aide des rayons du soleil, elle est le symbole des valeurs positives que l’homme a toujours associées au feu et elle fait ainsi le lien entre les jeux anciens et les jeux modernes. De fait, la flamme ou le flambeau est un symbole parce qu’il éclaire (les choix tactiques et moraux de chacun), parce qu’il réchauffe (les cœurs), parce qu’il nécessite d'être entretenu au risque de s’éteindre, parce qu’il oblige à un effort pour le tenir bien haut, parce qu’il éloigne les dangers et enfin parce qu’il faut le protéger. Quel meilleur symbole que le flambeau pour illustrer les Traditions car “la tradition n'est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu1” ?

On se demande parfois d’où viennent les traditions, qui les a inventées et à quel moment. On se demande moins souvent pourquoi elles perdurent de génération en génération. C’est pourtant une question essentielle.

Les traditions qui s’inscrivent dans le temps ont toutes en commun d’avoir du sens pour ceux qui les reçoivent mais encore plus pour ceux qui les transmettent. Une tradition vide de sens s’apparentera au folklore et ne perdurera pas. Par sédimentation, au fil du temps, la transmission de cette flamme, de ces traditions imprégnées de sens va forger l’identité d’une troupe, d’une unité. Propres à un corps, elles vont le distinguer des autres. C’est, notamment, par ses traditions que la Légion étrangère conserve les valeurs fondamentales qui font sa force et son identité. L’écrivain Pierre Mac Orlan ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare que “le jour où un légionnaire ressemblera à s’y méprendre à un soldat d’infanterie, il n’y aura plus de Légion”. Ce patrimoine, hérité des Anciens, nous montre d’où nous venons, nous ancre dans ce que nous sommes et nous guide dans ce que nous serons.

Par respect pour nos Anciens et par devoir pour les plus jeunes, nous avons l’obligation de perpétuer ces traditions en nous inspirant de l’esprit qui les a fait naître. Ainsi, il appartient aux chefs et aux Anciens d’initier les plus jeunes légionnaires à ces rites pour qu’ils soient pénétrés au tréfonds de leur cœur et de leur âme de la portée d’une tradition. Il se peut parfois qu’on n’en saisisse pas d’emblée toute l’essence, même si l'on peut en sentir instinctivement la nécessité et l'importance. Un effort doit donc accompagner la transmission des traditions pour qu’elles résonnent dans l’esprit des plus jeunes, comme un écho aux sacrifices de nos Anciens. Ainsi imprégnés, les jeunes légionnaires pourront, quelques années plus tard, les transmettre à leur tour et graver ces “petites histoires” dans la grande histoire de la Légion.

Mais plus que le sens et la transmission, il faut rechercher la finalité des traditions. Celle-ci est simple : forger et assurer la cohésion d’une troupe pour la préparer aux combats de demain, comme nos Anciens ont su le faire dans le passé. La force et la raison d’être de la Légion est bien de rester une troupe combattante. 

D’ailleurs, lorsque la Musique commence à battre la mesure du Boudin, le refrain de tradition de la Légion, les troupes se mettent en ordre de marche pour le défilé, comme elles se mettraient en ordre de bataille pour le combat. C’est ainsi qu’après un départ sur un rythme de marche, le Boudin prend un accent plus guerrier et, comme nos Anciens, pour la France et la Légion “nous saurons bien tous périr, suivant la tradition”. 

 

Le général commandant 

la Légion étrangère

KB867 - À moi, la Légion !

 

La Légion étrangère a montré sa force, sa cohésion, sa discipline et sa rigueur sur les Champs-Élysées et dans toutes les garnisons où se trouve une unité de képis blancs. Elle a rayonné à l’Olympia en donnant un concert mémorable. Elle a honoré ses anciens au Triomphe de l’Académie de Saint-Cyr, avec les promotions “Général Caillaud” et “Général Morel”, qui vont rejoindre les écoles d’application et la promotion “Chef de bataillon Dupin”, qui vient d’être baptisée. La Légion doit au général de division Alain Lardet, cette capacité à mobiliser les énergies pour mettre en avant “Monsieur légionnaire”. Merci donc, mon général, d’avoir fait rayonner la Légion étrangère, d’avoir consolidé l’entraide Légion et d’avoir renforcé son image au sein de l’armée de Terre. Au-delà, vos actions de rayonnement ont contribué à renforcer l’esprit de Défense chez nos concitoyens. Je m’inscris totalement dans cet héritage.

Alors que le chef d’état-major de l’armée de Terre m’a confié le commandement de la Légion étrangère, j’aborde cette mission avec fierté, humilité, détermination et avec certaines convictions. Fierté de commander ces étrangers qui ont fait le serment de servir avec honneur et fidélité, humilité face à “Monsieur Légionnaire”, détermination face aux défis à relever et conviction quant au style de commandement qui fait vivre cette exception française.

L’armée de Terre se réorganise dans un contexte géopolitique difficile. Plus que jamais, elle a besoin de la Légion étrangère, elle a besoin que la Légion recrute, sélectionne, forme et entraîne ses légionnaires avec ce savoir-faire unique qui la caractérise. La Légion s’adaptera au nouveau format “au combat” et acquerra les nouvelles compétences techniques et tactiques nécessaires. C’est le défi principal de l’année à venir. Et, dans ce domaine, la Légion sera force de proposition.

Le deuxième défi à relever, c’est la permanence de notre identité liée à l’engagement d’étrangers au service de la France. Cette spécificité impose tout d’abord de la discipline et le respect des règles de vie Légion, le respect des fondamentaux liés au code d’honneur du légionnaire et au statut à titre étranger, des règles de vie que le volontaire, venu servir la France, s’est engagé à respecter. Donner du sens à toute chose justifie cette discipline stricte, nécessaire à la cohésion, à la fraternité d’armes et à l’esprit de corps, alors que le recrutement de la Légion étrangère suit les soubresauts du monde et change de continent.

Le troisième défi réside dans l’humanité dans le commandement. Cette humanité, jamais complaisante, doit être mise en œuvre à tous les niveaux. Cette véritable noblesse du cœur est la condition sans laquelle la stricte discipline, la rigueur, la disponibilité, l’entraînement poussé, l’émulation, la compétition, le goût de l’effort, le culte sacré de la mission qui peut aller jusqu’au sacrifice, ne peuvent être exigés de nos légionnaires. De façon très concrète, cette bienveillance se manifeste par une oreille qui écoute, une parole claire et attentive et une attitude juste. Cette sollicitude va d’abord sur les plus jeunes légionnaires et les plus jeunes officiers, elle passe par l’accueil et la progressivité dans la formation des plus jeunes d’entre nous. Aussi, je suis heureux d’accueillir tous ceux qui vont nous rejoindre cet été et je souhaite une bonne mutation à ceux qui nous quittent en leur demandant, dans leurs nouvelles affectations et dans leur nouvelle vie, d'être des ambassadeurs fidèles de la Légion. Cette sollicitude est due également à nos anciens : ils nous obligent parce qu’ils ont servi avec honneur et fidélité. Nos blessés, enfin, méritent toute notre attention, eux qui ont donné une partie d’eux-mêmes par respect pour la parole donnée.

Le quatrième défi, c’est le courage de ceux qui exercent une responsabilité. Il y a le courage au combat, bien sûr, qui ne fait aucun doute : les chefs de contact sauront l’insuffler et montrer l’exemple. Mais il y a également le courage du temps de paix : celui qui exclut toute démagogie, celui qui permet de noter avec courage, d’orienter avec justesse, de reprendre les fautes et les erreurs avec constance et de sanctionner avec justice. Pour autant, ne pas oublier que chaque acte qui est – littéralement – extraordinaire, doit être récompensé.

Aux chefs de corps et aux commandants d’unité descendants, je redis qu’ils sont chez eux à la Maison-mère. Aux chefs de corps et capitaines qui ont pris leur commandement, je veux dire toute ma confiance. Aux nouveaux promus, notamment aux treize sous-officiers devenus officiers le 22 juillet, aux décorés et naturalisés, j’adresse toutes mes félicitations. Enfin, je rends un vif hommage à Émile Lardeux, qui aura marqué de son empreinte pendant seize ans la musique de la Légion en France, Outre-Mer et à l’étranger. Le capitaine Khourda, qui lui succède, est d’ores et déjà en mesure de reprendre le flambeau.

Forts de l’héritage de nos anciens, construisons ensemble aujourd’hui, la Légion de demain.

Que cette Légion incarne le rêve Français !

Bonnes missions à ceux qui sont projetés en opérations ou sur le territoire national.

More majorum.

KB866 - Merci et chapeau l’artiste !

prononcée en ouverture des deux concerts de l’Olympia du 18 juin dernier, permettez-moi de renouveler cette acclamation à destination des trois “poètes de Monsieur Légionnaire” : Hom N’Guyen le peintre, François Sureau le conteur, Émile Lardeux et son orchestre de 60 légionnaires ne faisant qu’un, le musicien (1) . Ces trois artistes hors pairs nous ont transportés à leur façon, sur la rive d’un autre monde, celui de la Légion.

 

Grâce à eux, la Légion a pris l’Olympia et l’empreinte de la main de Monsieur Légionnaire s’est ajoutée à la collection de moulage des mains des légendes de la chanson, qui ont bâti cette salle mythique.


Grâce aux mots de notre académicien, aux notes de notre musique, la solidarité légionnaire a résonné haut et fort ! Le “monde du silence” si brillamment peint, décrit, illustré, chanté et joué, a été sous la lumière des projecteurs au cours d’un spectacle de plus de deux heures. “Jamais je n’aurais imaginé cela” nous a confié le directeur de l’Olympia, “revenez quand vous voulez”.

Chapeau les artistes et merci au public puisque l’un n’existe pas sans l’autre ; pas de one man show d’Émile sans spectateurs complices.


Mes remerciements s’étendent donc à nos nombreux amis, anciens, public non connaisseur, mécènes, et organisateurs, qui ont permis cette journée du légionnaire à Paris. 500 légionnaires, de tous les régiments, étaient effectivement dans la salle pour découvrir Paris, pour quelques-uns, et leur musique pour beaucoup. Tous ont manifesté l’esprit de corps qui les unit. Cet esprit de famille, constitué de nombreuses notions qui font le thème de ce numéro de Képi blanc, n’est que l’autre face de monsieur légionnaire, la première étant celle du combattant. Le secret de fabrique est en partie ici. L’année consacrée à ces hommes sans nom, parfois sans visage et à la parole mesurée se poursuit. Les 13 et 14 juillet prochains, défileront au Sénat puis sur les Champs Élysées ceux qui, inlassablement, fabriquent les légionnaires. Ils seront les ambassadeurs du socle Légion qui permet la construction de l’édifice humain. Ils défileront pour rendre hommage par exemple, à ce caporal-chef de 39 ans de service, affecté à la compagnie de service de la Légion étrangère. Cet ancien passera son été à accueillir le flux incessant de jeunes légionnaires au centre des permissionnaires de la Malmousque. À minuit ou à l’aube, il se lèvera pour donner les draps et le secret d’un bon séjour à ce jeune légionnaire, non encore régularisé de situation militaire et donc sans autres lieux pour se reposer. Voir cet ancien au service de son camarade, même pas encore né lors de son propre engagement à la Légion, est la marque d’une grande famille.


Au passage, avec ce 33 e éditorial de Képi blanc, se referme la fenêtre qui m’a été offerte pour parler de cette pépite nationale qu’est la Légion. Inévitablement, la tentation de revenir sur ces trois années est grande. Faut-il dresser un bilan ? Le colonel de réserve Sureau a fourni, urbi et orbi, la réponse : “le général commandant la Légion étrangère ? Ce qui fait notre force c’est qu’on s’en fout !”. Outre que le bulletin de punition pour ce colonel est à ma signature, la formule est empreinte de sagesse et me dispense de regarder derrière.


“Nous marchons gaiment en cadence, malgré le vent malgré la pluie…marchons légionnaires” chantent les légionnaires de la Maison-mère. La Légion ne craint rien, excepté de ne plus être étrangère. Demain, le jeune légionnaire ira à la Malmousque, se reposer entre deux missions, accueilli par un vieux Chibani. Il y aura toujours un COMLE pour parler de la Légion, pour terminer son service de père légion en disant, et ce sera mon dernier mot :


Merci et chapeau Monsieur Légionnaire !

(1)L’harmonie de cet orchestre, qui en a surpris plus d’un, est mis en avant dans cette formule. Elle n’éclipse pas les solistes, notre légionnaire honoraire Nathalie Lermitte, notre légionnaire crooner, l’accordéoniste, le trompettiste, le violoncelliste ou notre légionnaire rappeur !

Editorial du Général Alain Lardet,

Commandant la Légion étrangère- Képi Blanc magazine n°866

20230721 - Le général Cyrille Youchtchenko, nouveau père Légion.

 
 
 
 
Né le 23 novembre 1967, le général Youchtchenko est marié et père de 4 enfants.
 
En 1992, à l’issue de la scolarité à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr (89-92), le général Youchtchenko choisit de servir dans l’infanterie et, après deux ans de chef de section au 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand au cours desquels il est projeté en Bosnie au sein de la FORPRONU, il rejoint la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti (1995-1997) comme chef de section puis, promu capitaine, comme officier adjoint à la 3e compagnie.
 
De 1995 à 2001, il sert au 4e régiment étranger à Castelnaudary comme officier adjoint, commandant d’unité (1998 – 2000) à la 3e compagnie d’engagés volontaires et comme officier traitant au bureau instruction du régiment. Il est diplômé d’état-major en 2001.
 
En 2001, il est affecté à la section « études générales non officiers » du bureau planification des ressources humaines de l’EMAT[1] où il est plus particulièrement chargé de la politique de formation des sous-officiers. Promu Chef de bataillon en 2002, il intègre le cours supérieur d’état-major (CSEM - 117ème promotion) en 2004 et le collège interarmées de défense (12ème promotion) en 2005.
 
Il commande ensuite la division d’application à l’EAI de Montpellier de 2005 à 2007 et est chargé de la formation des chefs de section d’infanterie. Il est nommé lieutenant-colonel en 2006. De 2007 à 2010, il est affecté au bureau opérations instruction du 2e régiment étranger d’infanterie à Nîmes. Il effectue deux opérations comme chef des opérations de GTIA[2], tout d’abord en Centrafrique lors de l’opération BOALI (2007-2008), puis en Afghanistan, dans le district de Surobi (2009-2010). Promu colonel, il sert brièvement au bureau emploi de l’EMAT comme chef de section emploi synthèse avant de prendre le commandement de la 13e demi-brigade de Légion étrangère le 27 juillet 2010 à Djibouti. En raison du redéploiement des forces de présence, il reçoit la mission de rapatrier le régiment en métropole avant une installation aux Emirats Arabes Unis. Il quitte son commandement le 30 juillet 2011. Affecté au centre de doctrine et d’emploi des forces (CDEF) au mois de septembre 2011, il est chef du bureau engagement interarmes à la division doctrine.
 
De 2012 à 2014, il est le chef d’état-major du commandement de la Légion étrangère à Aubagne puis, de 2014 à 2017, il est assistant militaire de l’inspecteur des armées et se rend sur tous les théâtres d’opérations extérieures (Centrafrique, Tchad, Mali, Burkina-Faso) ou intérieures pour des visites de commandement ou des enquêtes internes. Il suit par ailleurs la 129e session principale (senior course) du collège de l’OTAN à Rome. De 2017 à 2019, il est chef de la cellule et adjoint de l’officier général haut encadrement militaire de l’armée de terre (HEM-T) à la direction des ressources humaines de l’armée de terre où il est en charge de la politique de gestion des colonels et des hauts potentiels.
 
Affecté le 1er juin 2019 comme chef d’état-major de l’état-major de zone de défense à Marseille, il est auditeur à la 7e session nationale de l’INHESJ et obtient un master 2 en « management stratégique de la crise ». Nommé général de brigade le 1er septembre 2021, il est adjoint de l’officier général de zone de défense et sécurité Sud plus particulièrement en charge des opérations sur le territoire national et du rayonnement.
En 2023, il prend le commandant de la Légion étrangère, à Aubagne.

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