20171204 - Soldats d'El Moungar

1908 - Notes de route : Maroc-Algérie-Tunisie - Eberhardt Isabelle

 

Je monte à l'hôpital, dans la redoute qui domine la ville (1).

Grands bâtiments en briques rouges, entourés de galeries à arcades. Les blessés d'El-Moungar errent à l'ombre, avec des pansements de linge très blanc, dans le désœuvrement de leur convalescence.

Deux ou trois Français, parmi ces étrangers... le reste, Allemands ou Italiens : rudes figures culottées, sourires avenants.

Un peu fiers d'être « interviewés » — un mot qu'on leur a appris — ils sont pourtant intimidés.

Alors, bien militairement, ils finissent par m'adresser à leur chef, le caporal Zolli.

Jeune, grand et mince, portant avec aisance la tenue grise de l'hôpital, il parle un français correct, parfois même élégant. Lui, habitué, ne se trouble pas.

Clairement, vivement, il me raconte la halte imprudente, sans aucune précaution, dans la vallée entre El-Moungar et Zafrani, l'insouciance fatale du malheureux capitaine Vauchez qui disait en riant qu'il irait en bras de chemise au Tafilalet, et cela quelques jours avant sa mort...

Le caporal atteste pourtant la belle crânerie calme du capitaine qui, mortellement blessé, trouva la force d'écrire quelques mots au crayon pour envoyer prévenir le capitaine de Susbielle, à Taghit.

Dans le récit du caporal passe aussi la mélancolique silhouette de cet officier danois, le lieutenant Selkauhausen, qui était venu servir à la légion étrangère, avec son grade, pour s'instruire, et qui est allé mourir là-bas, dans ce coin ignoré du Sud-Oranais.

— Il paraît que le lieutenant était fiancé dans son pays, ajoute le caporal. C'est égal, c'est bien triste, cette mort-là !

Zolli sait faire revivre les affres de cette journée de lutte acharnée, inégale, loin de tout secours. 11 est modeste, n'exagérant pas son propre rôle, avouant la blessure de sa main droite qui, dès le début, l'a empêché de tirer.

Ancien soldat du général Menotti Garibaldi, en Macédoine, Zolli aime la guerre : il s'arrange toujours pour être où on se bat.

Parfois, les hommes, plus frustes, s'enhardissent, risquent un mot, quelque souvenir simple et poignant ou quelque plaisanterie sur leur propre infortune.

— On a eu bougrement soif, ce jour-là, dit l'un d'eux qui ne semble pas se souvenir d'autre chose. Et, comme i n'y avait pas d'eau, on s'est envoyé pas mal de litres de vin pur, le soir, quand ç'a été fini. Alors, ça nous a tapé dans le plafond, et ça fait qu'on était un peu soûls.

Très sympathiques, ces pauvres diables qui ont souffert et failli mourir pour des affaires qui ne sont pas les leurs, et qui les laissent profondément indifférents.

Au rez-de-chaussée, une petite salle peuplée de tirailleurs malades.

Là, couché parce qu'il s'ennuie, Mouley Idriss, un grand mokhazni bronzé, musclé, sec, avec une figure régulière et énergique de nomade.

Ce mokhazni fut blessé quelques jours avant El-Moungar, par un djich (2). Très primitif et d'abord très fermé, Mouley Idriss finit pourtant par se rassurer et par sourire. Il exprime ce que pensent tous les Arabes du Sud-Ouest. Pour eux, il n'est question ni de guerre avec le Maroc ni surtout de guerre sainte. La région a toujours été bled-el-baroud (pays de la poudre), et les tribus de la vague frontière se sont toujours razziées les unes les autres. Mouleyidriss désigne l'ennemi d'un nom significatif : el khian, les voleurs, les bandits. Il considère les opérations militaires actuelles comme des contre-razzias et des représailles sur les djiouch, tout simplement.

Cela explique bien pourquoi les auxiliaires indigènes si précieux, mokhazni, goumiers, cavaliers-courriers, sokhar (3), dont la plupart sont recrutés parmi les nomades du pays, n'éprouvent aucune répugnance à combattre les pillards, et donnent l'exemple d'une valeur, d'une endurance et d'un dévouement au-dessus de tout éloge.

Mouley Idriss, sans insister sur ce qu'il a eu à souffrir de la part de l'ennemi, réprouve énergiquement les actes de ceux qu'il appelle des coupeurs de routes, des chacals.

Au fond, il ne doit pas désirer bien sincèrement que tout cela prenne fin : il est nomade, donc homme de poudre, et il aime se battre.

Mouley Idriss appartient au makhzen de Sidi Mouley ould Mohammed, agha des Amour d'Aïn-Séfra, l'une des personnalités indigènes du Sud-Ouest les plus sympathiques et les plus dévouées à la cause française.

Tandis que je cause avec Mouley Idriss, ses compagnons, tirailleurs, nous entourent.

A moitié dévêtus, avec leurs défroques d'hôpital qui leur vont mal et leur tour de tête rasé, ils sont drôles. Ils ont des gamineries et des éclats de rire qui contrastent avec leurs robustes carrures et leurs visages mâles.

Tout ce petit monde souffrant attend avec impatience le jour où, même mal guéris, on voudra bien les laisser sortir : les Arabes considèrent l'hôpital comme un lieu funeste, comme une prison.

(1) Isabelle Eberhardt, souffrante des fièvres du Sud, devait entrer un an plus tard, en revenant du Maroc, à l'hôpital d'Aïn-Sefra Elle y passa un mois et n'en sortit convalescente que la veille de la catastrophe du 21 octobre 1904 où elle trouva la mort. L'hôpital d'Aïn-Sefra, placé sur la hauteur, n'eut aucunement à souffrir de l'inondation qui ruina le village.

(2) Djichy au pluriel djioiich, petite bande de pillards armés.

(3) Sokhar, conducteur de chameau, caravanier.

20171204 - Légionnaires

1908 - Notes de route : Maroc-Algérie-Tunisie - Eberhardt Isabelle

 

Un jour d'adieux sur le quai encombré de la gare. Avec un regard mélancolique sur les légionnaires affairés qui passaient et repassaient devant nous, un vieil officier de la légion me disait : — Tas de repris de justice, d'évadés du bagne, de sans patrie... que sais-je, moi I voilà comment on juge généralement la légion. Certes, nous avons là pas mal d'épaves, de naufragés de la vie, quoi ! et c'est vrai que les légionnaires boivent sec et que leur ivresse est souvent terrible.

Mais, que diable I il n'y a pas que cela, et les hommes n'ont pas que des défauts. Ah ! si à côté de tout ça on connaissait leur dure vie, toujours dans des bleds où on manque de tout et où on meurt, et où il n'y a surtout pas de galerie pour vous encourager et vous admirer ! Voilà, tenez, nous remontons de Ben-Zireg, où nous avons bâti et défendu le poste et où, pendant des mois, nous n'avons pas été tranquilles un seul jour, où nous avons laissé du monde... Eh bien, savez-vous bien ,que c'était pour nous reposer qu'on nous y avait envoyés. Et maintenant, à peine relevés, nous allons au Tonkin... Voila !...

Et le vieil officier esquissa un geste vague, un geste arabe qui semblait dire : Mektoub !... Qu'il en soit ce qui est écrit...

... Quelques jours auparavant je les avais vus rentrer, ces légionnaires, du détachement de Ben-Zireg. C'était sur la dune basse, derrière Beni-Ounif, d'où on domine la route de l'Ouest, par une après-midi claire d'hiver saharien, dans une pâleur, une langueur attristée des choses.

D'abord, quelques chameaux disséminés, quelques bach-hamar, quelques spahis, surgirent de la vallée de pierre.

Puis les légionnaires vinrent, desséchés et tannés, l’œil cave, fiévreux, leurs capotes déteintes et usées, avec leurs vieux équipements fatigués, couverts de poussière.

Leurs officiers se penchaient sur les selles pour serrer la main aux camarades venus au-devant d'eux.

Et ils avaient, eux aussi, dans les yeux, la joie intense de revoir ce coin de Beni-Ounif, comme s'ils étaient rentrés dans une capitale de rêve, après des mois d'exil.

... Ils étaient beaux ainsi, avec leurs hardes de peine, dans la gloire du jour calme, les légionnaires devenus farouches au fond des hamada lugubres... Très peu semblables surtout aux soldats de parade caracolant ou évoluant inutilement sur le pavé des villes amies...

Dans la menace et la splendeur morne des horizons, sur cette terre berceuse et mortelle où leur vie est âpre et sans joie, les soldats prennent une autre allure.

20171204 - La Bible

1908 - Notes de route : Maroc-Algérie-Tunisie - Eberhardt Isabelle

 

Au crépuscule, le dimanche, l'ivresse montait, dans Djenan-ed-Dar, et l'alcool roulait sa folie triste et ses chants d'exil à travers les cantines et les rues de sable.

Il y avait pourtant un coin tranquille, où j'allais m'isoler, aux heures où je n'éprouvais plus le besoin douloureux d'errer parmi les groupes, de me plonger en pleine géhenne...

C'était derrière l'unique café maure, sur un vieux banc boiteux qu'étayait un bidon à pétrole. Là, plus de bruit, plus rien. Une petite vallée nue, une dune basse et, derrière, l'incendie du jour finissant,

,De la salle enfumée, des mélopées arabes, des plaintes lentes de chalumeaux, des lamentations de rhaïta venaient, se perdant dans le silence.

..On était bien là, pour s'étendre et rêver, en une dispersion délicieuse de l'être.

.... Une fois, je trouvai un légionnaire assis sur mon banc. Figure germanique et blonde sous le fort haie du Sud, regard réfléchi, presque triste.

Au bout d'un instant s'engagea la conversation, par petites phrases d'abord.

Pour répondre à l'étonnement du légionnaire d'entendre un Arabe lui parler, tant bien que mal, la langue de chez lui, je contai une histoire quelconque.

Alors il se mit à évoquer des réminiscences lointaines, faisant passer devant moi, avec un certain art inconscient, toute une épopée de vie gâchée, de trimardage à travers le monde, qui me le rendit sympathique.

Né à Dusseldorf, étudiant en droit, il avait été pris, à vingt ans, d'un invincible besoin de voyages et d'aventures. Il s'était engagé. On l'avait envoyé en Chine, sous les ordres du maréchal de Waldersee.

Un jour, il avait déserté, sur la route du retour, par dégoût de la caserne. Il avait été tour à tour saltimbanque dans les ports chinois, scribe dans un consulat, puis matelot. Enfin, cinq ans après avoir quitté sa ville natale, il était venu échouer à Alger, sans ressources, et s'était engagé dans la légion.

Auguste Seemann revivait sans regret les années qui s'étaient écoulées. Sa vie était gâchée, c'était vrai, mais après tout qu'importait ? Il ne s'était pas ennuyé ; il avait vu du pays ; il connaissait maintenant les hommes et les choses.

... Nous devînmes vite camarades, le déserleur et moi, et, presque toutes les fois que je venais à Djenan-ed-Dar, il s'empressait de me rejoindre au café maure, qu'il préférait aux cantines tumultueuses, car il ne buvait pas.

Un soir, Seeman, me dit : — Le malheur ici, c'est qu'on ne trouve rien à lire. . jamais, même un journal I On s'abrutit à vivre comme des bêtes. Il ferait bon, à cette heure, lire ici, ensemble, en prenant le café.

Il eut comme une hésitation. — J'ai bien un livre... Mais voilà, toi, tu n'es pas chrétien, et tu ne voudrais sans doute pas...

Je lui parlai de la proche parenté de l'Islam et du vieux judaïsme, de leur même farouche monothéisme. Alors, tout joyeux, il courut à la vieille redoute, dans sa fruste chambrée de toub croulante.

Quand il revint, il déplia pieusement un très ancien foulard de cachemire jaune.

La reliure de maroquin noir de sa Bible s'illustrait d'une croix couchée obliquement sur une aube d'or, un large soleil se levant sur un vague horizon obscur.

Des noms allemands et des dates déjà anciennes rappelaient des souvenirs de jadis, écrits en belles lettres gothiques, sur la garde jaunie du livre. Entre les feuillets minces, usés, des fleurs naïves pâlissaient, pensées, églantines, violettes mortes, tombant en poussière, cueillies sur des prairies lointaines.

— C'est la bible que le pasteur de chez nous a remise à ma mère le jour de son mariage. C'est tout ce que j'ai gardé d'elle et de la chère maison là-bas...

Un instant, la voix du légionnaire parut trembler un peu. Puis, ouvrant le livre sur les lamentations et les prophéties de destruction du grand Isaïe, il lut gravement, psalmodiant presque.

... Sur le désert vide, plongé en des transparences roses, le soir s'allumait.

D'un horizon à l'autre, une houle de flamme pourpre roulait à travers le ciel vert et or. La voix lente du soldat scandait les versets, et sa langue septentrionale sonnait étrangement à cette heure et dans ce décor.

Le petit livre noir, talisman touchant rapporté des brumes du Nord où des siècles d'exil en avaient faussé et pâli la splendeur, redevenait peu à peu le livre d'Israël, conçu sur la terre semblable, aussi aride, de l'antique Judée resplendissante.

"" Et, dans le dernier rayonnement rouge du soir, sur la dune basse, des armées et des tribus blanches passèrent, et des silhouettes de prophètes aux yeux âpres et ardents s'agitèrent...

Puis le légionnaire referma son livre, et le soir s'éteignit sur le désert violet où s'étaient dissipées les visions de la Bible.

20171024 - 24 octobre 1942...Meurt le Lcl Amilakvari à El Alamein, figure mythique de la Légion étrangère !

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Né le 30 octobre 1906 à Gori, le jeune Dimitri Amilakvari connut les journées exaltantes de l'indépendance de la Georgie, qui se détache en 1918 de l'ensemble des territoires de la Russie, puis viennent les jours sombres de l'intervention de l'Armée Rouge qui instaure en 1921 dans sa Patrie, le régime soviétique. Sa famille est contrainte de quitter son pays, gagne Constantinople, puis vient s'installer en France, son caractère se trempe aux souffrances de l'exil et au travail manuel nécessaire pour vivre.

En 1924 il entre à Saint-Cyr et appartient à la promotion du Rif ; nommé Sous-Lieutenant, il rejoint la Légion. Muté en 1929 au 4ème Etranger, il sert sous les ordres du Colonel Catroux et participe en 1932 aux opérations de pacification du Maroc, dans le Haut Atlas. Deux fois cité pour son courage il a su s'imposer à ses hommes, ses camarades, ses chefs, par son prestige, sa droiture, son idéal ; aimé de tous il est devenu une figure du Régiment. Il appartient à la Compagnie du Capitaine Koenig quand il quitte le Maroc.

Le 20 février 1940, le capitaine Amilakvari est affecté au 2e Bataillon du Groupement de haute montagne, quelques semaines avant de recevoir la nationalité française. Pendant la campagne de France, il prend part avec la 13e Demi-brigade de Légion étrangère aux opérations du corps expéditionnaire en Norvège, en qualité de commandant de la compagnie d'accompagnement du 2e Bataillon en Norvège, il confirme sa valeur au combat par trois nouvelles citations et la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. De retour en Bretagne le 16 juin 1940 avec le corps expéditionnaire et devant l'impossibilité de reprendre le combat sur le sol français, il s'embarque le 19 juin de Saint-Jacut de la Mer avec quelques officiers de la "13", dont son chef, le colonel Magrin-Vernerey. A Jersey, la petite troupe est prise en charge par un cargo et parvient en Angleterre le 21 juin 1940. Ayant choisi après l'armistice de s'engager dans les Forces françaises libres, Dimitri Amilakvari reste à la Légion étrangère.

Les Bataillons ont échappé de justesse à la capture, à Dinan, embarqués à Brest, ils arrivent en Angleterre le 20 juin et campent près de Liverpool. Là nous prenons connaissance de l'Appel lancé par le Général de Gaulle, Magrin-Verneray (alias Monclar), Koenig, Amilakvari, résistent aux sollicitations des Chefs militaires qui nous pressent de partir au Maroc, ils entraînent derrière eux 1100 Légionnaires, sur les 15000 hommes présents en Angleterre, ceux-ci forment le "noyau des Forces Françaises Libres". Le Colonel déclare "nous saurons tirer les dernières cartouches au nom de la France, pour son honneur et la fidélité à la parole donnée". Koenig est prêt à servir même dans l'armée britannique, Amilakvari déclare " je dois tout à la France, ce n'est pas au moment où elle a besoin de moi que je l'abandonnerai ". Et le 14 juillet notre Capitaine défile à Londres,en tête des Légionnaires devant le cénotaphe du soldat inconnu, puis dépose une gerbe au pied de la statue du Maréchal Foch, sur le ruban tricolore est écrit " passant, va dire à la France que la Légion Etrangère est là ".

De Londres, il part le 31 août 1940 pour Dakar dans le cadre de l'opération "Menace" visant au ralliement de l'AOF à la France libre. Après l'échec devant Dakar, il refuse de participer à la prise du Gabon pour ne pas avoir à tirer sur des Français. Après le ralliement du Gabon en novembre 1940, il rejoint l'Erythrée via le Cameroun. Au sein de la Brigade d'Orient, il commande la compagnie d'accompagnement du 1er Bataillon de Légion étrangère qui prend une part active à la victoire de Keren le 27 mars 1941 puis à la prise de Massaouah le 8 avril. Dimitri Amilakvari participe ensuite à la campagne de Syrie en juin 1941 au cours de laquelle il est nommé chef de bataillon (le 25 juin). Le 25 septembre 1941, il est promu lieutenant-colonel après avoir reçu, le 16 septembre, le commandement de la 13e DBLE qui comprend alors trois bataillons. Formidable entraîneur d'hommes, il s'attache alors à réorganiser son unité et à la préparer à la guerre du désert. Le 19 octobre 1941, à Homs en Syrie, il reçoit des mains du général Catroux le drapeau de la "13".

Au début de 1942, commence la campagne de Libye, dès la fin mars, le lieutenant-colonel Amilakvari commande une Jock column (groupement tactique constitué d'éléments d'infanterie motorisée, d'une batterie d'artillerie tractée, d'un peloton d'automitrailleuses, d'une section de canons antichars de 75 mm et d'éléments légers de DCA, du génie et de transmissions radio) dans le désert de Libye. Du 26 mai au 11 juin 1942, à Bir-Hakeim, il est l'adjoint du général Koenig, commandant la 1ère Brigade française libre, et ne cesse de se porter volontairement dans les endroits les plus exposés pour renseigner le commandement et redresser la situation. A la tête d'une Jock column, il attaque un détachement de chars allemands le 31 mai, en détruisant cinq. Dans la nuit du 10 au 11 juin, il sort de la position de Bir-Hakeim dans la voiture du général Koenig. La Croix de la Libération lui est remise par le général de Gaulle au camp de El Tahag (Egypte) le 10 août 1942.

Sept semaines plus tard, au moment de la bataille d'El Alamein, en Egypte, le lieutenant-colonel Amilakvari se trouve à la tête de sa demi-brigade réduite à deux bataillons. Il est chargé du Groupement A de la 1ère Brigade française libre et doit assurer l'effort principal devant permettre d'enlever le piton de l'Himeimat qui s'élève à 80 mètres. Une partie du plateau est occupée mais au matin du 24 octobre 1942, les chars allemands attaquent et le repli est décidé. Le Colonel est triste, il a laissé au flanc de l'Himeimat quelques blessés, ceux-ci rassemblés par l'Adjufant-Chef Branier combattront jusqu'à épuisement de leurs munitions, leur chef se fera sauter la poitrine avec une grenade pour ne pas être capturé. Le 2/13 progresse, le Capitaine Arnault en tête, en serre-file le Colonel et le Docteur Lepoivre. L'ambiance est lourde, le Colonel a perdu sa pèlerine. Deux stukas survolent, mitraillent, personne ne bronche. Mais le Blindé léger, qui sert d'observatoire à l'Officier d'Artillerie britannique, vient à eux. Il a été renvoyé par le Général Koenig à qui il était allé de sa propre initiative rendre compte. Il veut prendre à son bord le Colonel pour le ramener, Amilakvari répond " ma place est à la Légion, au milieu de mes hommes " et le 105 ennemi qui avait cessé de tirer reprend, l'automitrailleuse est à peine partie qu'un obus explose au milieu du petit groupe. Amilakvari s'est retourné au bruit, un éclat l'a atteint à l'œil, il s'abat, porte ses mains à sa tête, en râlant. Le Docteur Lepoivre est blessé dans le dos, il est 10 heures. Les chars allemands approchent, le char de l'Aspirant Touny vient à eux. Le Colonel et le Docteur sont hissés sur la plage arrière. " Je maudirai les Anglais si je ne termine pas la guerre sur un char " avait-il déclaré à ses chefs, ceux-ci lui avaient promis de satisfaire son désir et la 13 méritait bien de devenir une Unité Blindée, " mais les promesses " disait Monclar, " n'engagent que ceux à qui elles sont faites ". Et c'est sur un char que le Colonel revient mortellement blessé.

En ce soir de bataille du 24 octobre 1942, quatre légionnaires portent sur l'épaule le corps de leur chef, que le Général Koenig veut veiller dans sa tente. Dans le soleil rouge du couchant les Légionnaires d'escorte ont allumé des torches pour l'accompagner. On entend les Artilleurs tirer des salves à intervalles réguliers : c'est à la fois grandiose et infiniment triste. Ainsi mourut le Lieutenant-colonel Amilakvari, Prince Georgien, Compagnon de la Libération. Il est enterré sur les pentes du Quart el Himeimat puis son corps est transféré au cimetière militaire d'El Alamein .Son képi taché de sang et l’éclat d’obus qui le blessa mortellement sont gardés au musée de la Légion à Aubagne.

Chevalier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération (décret du 9 septembre 1942), Croix de guerre 1939-1945 avec 4 palmes (5 citations), Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs (2 citations), Médaille des évadés, Médaille coloniale avec agrafe « Maroc », Croix de guerre (Norvège), Officier de l'ordre du Ouissam alaouite.

20171005 - Un capitaine de la Légion étrangère...

1920 - Historique : 5e escadron du train des équipages militaires

 

20170910 - Le Chinois de la Légion étrangère.

Le Souvenir Français - Délégation générale des Hauts-de-Seine.

Le Souvenir Français - Délégation générale des Hauts-de-Seine.

 

Le Chinois de la Légion étrangère.

Dans le cimetière de Vic-sur-Aisne (carré F, tombe 59), une stèle marque la dernière demeure du soldat Ma Yi Pao, mort pour la France.

Au cours de la 1ère Guerre mondiale, six Chinois s’engagèrent dans la Légion Étrangère. Parmi eux, le soldat Ma Yi Pao.

En fait, son nom est Ma Yubao (马毓宝). Né à Kunming (alors Yunnan-sen) en 1894 dans une famille Hui (musulmans chinois) son nom reflète les ambitions que ses parents fondent sur lui (Trésor d’éducation). Il entre au Lycée provincial dans la section industrielle en 1909. Puis il est admis par concours à l’Académie militaire du Yunnan avant de rejoindre en 1912 celle de Nankin grâce à ses études remarquables.

En 1913, il rejoint le soulèvement révolutionnaire du Jiangxi, à Hukou comme Chef de Bataillon. Après l’échec du soulèvement il rejoint l’armée du Yunnan.

En 1915, alors que Yuan Shikai se fait nommer Empereur, la Seconde Armée du Yunnan se mobilise ; Ma est nommé commandant en second du Général Yang Yixian et est stationné à Guilin au Guangxi. Peu après, il regagne le Yunnan comme commissaire au recrutement puis il y devient instructeur à Mongtsé. Là, centre ferroviaire de la ligne du chemin de fer du Yunnan, il fréquente le Consul de France. Aux récits de ce dernier des atrocités germaniques, le jeune capitaine se décide à soutenir l’effort de guerre français.

Le Consul lui ouvre la voie vers Hanoi où il rencontre le Gouverneur Albert Sarraut, et en décembre 1916 il entre dans l’armée française mais ne souhaite que servir à la défense. En février 1917, il est envoyé au Maroc pour faire ses classes au sein du régiment de marche de la Légion étrangère.

Lorsque le « Gouvernement du Nord » déclare à son tour la guerre à l’Allemagne, le Gouverneur du Yunnan via l’attaché militaire de l’Ambassade de Chine à Paris autorise le Légionnaire Ma à rejoindre le front. Ce dernier, le Lt-Général Tang, lui demande de tenir un journal, ce que fit scrupuleusement Ma.

Au front en 1918, il se montre courageux et déterminé. Lors des combats sur l’Ancre, dans la Somme, en mars 1918, il est blessé à la tête par un éclat d’obus. Guéri, il revient à son unité pour participer à la bataille de l’Oise, en juin, où il est gazé et évacué. Soigné à Paris, il reçoit la Croix de Guerre. L’ambassadeur de Chine Hu Weide, tout en reconnaissant son courage et son audace, demande alors pour le préserver qu’il soit affecté à l’arrière comme élève officier. Mais Ma estime que le travail n’est pas achevé et remonte au front. Il est de nouveau atteint et il succombe à de nouvelles blessures à l’ambulance 3/55, à Jaulzy, dans l’Oise, le 2 septembre 1918.

Il est enterré au cimetière de Vic, près de Soissons dans l’Aisne selon le rite musulman.

Une cérémonie funéraire est conduite au printemps 1920 à Kunming, présidée par le Seigneur de la guerre Tang Jiyao, en présence de divers dignitaires chinois et étrangers. Le livre d’honneur comporte des compliments de la part du gouvernement chinois, d’ambassades ainsi que (et surtout) de Sun Yat-sen et Li Yuanhong.

Sources :

  • Cet article a été repris de celui publié par Philippe Fourneraut, pour la Délégation du Souvenir Français de Chine et d’Asie.
  • Nos remerciements et nos salutations amicales à Claude Jaeck, Délégué général.
  • Site Internet « Mémoire des Hommes ».
  • Site Internet « Chemins de la Mémoire ».
  • Archives du département de l’Aisne.
  • Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande guerre, Bayard, 2004.
  • John Buchan, La bataille de la Somme, Thomas Nelson & Sons, 1920.
  • Marjolaine Boutet et Philippe Nivet, La bataille de la Somme, Taillandier, 2016.
  • John Keegan, La Première Guerre mondiale, Perrin, 2003.

 

 

20170910 - 4 leçons que la Légion étrangère pourrait donner aux entreprises

https://www.contrepoints.org/

Par Beatrice M. Chretien.
10 septembre 2017


La Légion étrangère enseigne plusieurs leviers que les dirigeants d’entreprise peuvent activer afin d’assurer croissance et pérennité.

Légion étrangère by Florent Bouteillier(CC BY-NC-ND 2.0)

 

De nombreuses entreprises sont confrontées à des indicateurs de performance inquiétants : manque de motivation, ralentissement du chiffre d’affaire, absence de décision se retournent contre l’organisation. Le manque à gagner induit, la défiance, le cynisme sont immédiatement captés par les clients et la concurrence.

À défaut de s’interroger sur la perte de sens en entreprise, les dirigeants tentent d’y répondre ponctuellement par le biais de séminaires, formations, coach bien-être ou team buildings dont le contenu reste souvent discutable. Dans ce dernier cas, l’enjeu est de dissoudre en quelques heures l’individualisme désigné comme responsable de tous les maux, tandis qu’un animateur à l’entrain de circonstance s’évertue à éveiller un semblant de solidarité dans le groupe au cours d’un jeu de zombies ou de méditation sous tipi.

Certaines organisations sont malheureusement plus avancées dans le degré d’obscurcissement des indicateurs psychosociaux et la baisse des résultats. Aussi, un développeur de jeux vidéos embauché par un leader du courrier rend ludiques les tâches quotidiennes que les salariés rechignent à faire. Tel un hochet que l’on agite devant eux, ces derniers redeviennent des nourrissons pour l’occasion, et les dirigeants en un temps rassérénés devant le sourire à trois quenottes, espèrent atteindre les objectifs fixés, tout du moins provisoirement.

De retour à la sévère réalité puisque le sens ne se décrète pas, nous nous sommes penchés sur le rayonnement de la Légion étrangère qui attire les talents du monde entier. Comment expliquer qu’une institution qui forme des soldats d’élite à 90% étrangers de parcours disparates, qui vont servir sous notre drapeau dans des conditions rudes au péril de leur vie avec un salaire modeste, connaisse autant de succès ? Dès sa création en 1831, la Légion ne cesse de mettre les hommes au coeur de ses préoccupations afin de remporter des victoires et motiver ses troupes. Elle s’appuie sur des leviers puissants pour y exceller, en particulier : son identité forte, son leadership, sa formation.

Mission et identité de la Légion

La mission de la Légion est claire, ambitieuse et très simple : servir la France. Le fait de servir, par le biais de missions petites ou grandes, anime chaque légionnaire par le biais du Code d’Honneur : 7 articles qui fondent cet esprit de corps unique. Tous le connaissent par coeur et sont le reflet des valeurs d’honneur, solidarité, loyauté, discipline, rigueur, modestie, mission sacrée et amour du travail bien fait.

Par ailleurs, la commémoration par tous du mythe fondateur, la bataille de Camerone, contribue à enraciner les légionnaires dans une vision héroïque de leur rôle. Chaque 30 avril “apporte une légitime confiance, renforce le sens du devoir et exalte les âmes et les coeurs, en vue des missions qui attendent les légionnaires” précise le Général Maurin.

De plus, les nombreuses traditions, rites, coutumes, fêtes sont autant de points d’ancrage forts qui évoluent au fil du temps et assurent cohésion et fierté de servir dans cette unité. Par exemple, l’uniforme, les chants, la cérémonie d’engagement solennelle, Noël et tant d’autres particularités consolident ce sens d’appartenance à un corps d’excellence de l’Armée.

La fabrique à leaders

Alors que nos quartiers d’affaires sont gorgés de bons managers bac+5 soucieux de mettre le process au coeur de leurs priorités, les leaders de la Légion mènent les hommes en opération et les placent au coeur de leurs préoccupations. Et le contraste est saisissant : énergie, regard direct, franc-parler et propos en parfaite cohérence avec ceux de l’état-major.

Le rôle principal du leader à la Légion est de définir la réalité auprès des équipes : plus besoin d’interprétation via l’intranet quand vous patrouillez avec 50 kg d’équipements sur le dos ou de tergiversation sur la pertinence d’un process quand l’ennemi lance l’assaut.

En raison d’un encadrement resserré, 1 sous-officier pour 3 militaires de rang, et d’une forte proximité, les leaders connaissent très bien chacun de leurs hommes et les encouragent à s’améliorer tout en veillant sur leur forme physique et morale. Les gratifications sont proportionnelles au mérite et personnalisées. De même, les comportements qui ont mis en danger les autres sont sanctionnés.

Aussi, les hommes sont traités avec équité car l’avancement est à la valeur des actes. Ceux qui ont pris du grade ont accompli des actes méritoires et sont regardés comme des exemples.

La montée en compétence par l’apprentissage en situation

Tous vos collègues vous le disent : 90% du contenu de la formation en stratégie commerciale il y a 3 mois est déjà oublié. Et pour cause : le gros classeur qu’on ne sait pas où ranger rempli d’évidences déconcertantes, l’instructeur qui ânonne en pilotage automatique ses préceptes innovants d’il y a seulement 10 ans et étayés d’exemples tirés de son terroir natal. À quoi bon retenir une réalité qui n’est pas la vôtre ?

Quel que soit le grade ou la spécialisation, les légionnaires bénéficient d’un savoir-être, d’un savoir faire et d’un savoir faire-faire, d’excellence et sur-mesure. La formation est centralisée afin de garantir le niveau de qualité de l’enseignement d’environ 2000 stagiaires par an. Elle s’adapte en temps réel au planning et aux besoins opérationnels du régiment concerné. À peine arrivés, les nouveaux engagés suivent une formation exigeante pour intégrer un régiment opérationnel en 4 mois seulement.

Les formateurs issus de la maison prennent le temps auprès de chacun pour s’assurer que la leçon est bien intégrée. L’assimilation durable des compétences se fait par des exercices de simulation sur le terrain, suivis de débriefings jusqu’à maîtrise parfaite. Ainsi, chacun a confiance en ses capacités, celle des autres et connait parfaitement sa partition en opération, quel que soit le scénario.

Enfin, la puissante cohésion des hommes est fondamentale pendant et après la formation, au delà des divergences d’origine, de culture, de religion. Dès leur intégration, les légionnaires apprennent à s’entraider afin que la force des uns compense la faiblesse des autres à un moment donné. Ils sont d’ailleurs régulièrement évalués sur ce point.

La Légion : un exemple à suivre

Tout comme l’Armée, les entreprises doivent composer maintenant avec un environnement incertain, complexe et ambigu. Les réponses courantes proposées par les experts externes ne s’appuient ni sur ses talents/ressources ni sur l’identité de l’organisation. Pourtant ce sont les seuls véritables points d’appui de son développement à moyen et long terme. Des valeurs partagées, une culture forte, la montée en compétences des équipes en situation réelle, une mission explicite et vécue sont les fondations nécessaires au succès de l’entreprise.

Au Fort de Nogent, nous avons croisé une multitude de visages aussi radieux que confiants. À table avec les supérieurs, nous avons parlé innovation, leadership, meilleures pratiques de management dans une qualité d’écoute et bienveillance étonnantes. Les échanges étaient empreints d’authenticité, et c’est peut-être ça l’innovation de rupture.

20170825 - Le 13 mars 1954 du colonel Gaucher.

Comité d'Issy-les-Moulineaux et VanvesComité d'Issy-les-Moulineaux et Vanves

 

Debout sur une jeep, Jules Gaucher s’adresse à ses légionnaires de la « 13 ».Debout sur une jeep, Jules Gaucher s’adresse à ses légionnaires de la « 13 ».

 

Biographie.

Jules Gaucher nait à Bourges le 13 septembre 1905. I intègre la promotion « Maréchal Gallieni » à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et sort diplômé en 1929. Nommé sous-lieutenant, il est affecté au 23e régiment de tirailleurs algériens.

Deux années plus tard, il sert à la Légion étrangère, tout en restant en Afrique du nord, au sein du 1er régiment étranger, puis au 3e régiment étranger d’infanterie. Il participe à la pacification du Haut-Atlas au Maroc. En 1938, promu capitaine, il est nommé au 1er bataillon du 5e régiment étranger d’infanterie au Tonkin, dans le nord du Vietnam.

C’est là qu’il combat les Japonais en 1940, puis les Thaïlandais l’année suivante. A la tête du bataillon, le 9 mars 1945, il est en première ligne au moment du « coup de force » des Japonais. Evitant de peu la capture, et son exécution, il réussit à passer la frontière chinoise le 1er mai 1945 avec le reste de son unité lors de la retraite de la « colonne Alessandri » (du nom de son général). Il prend ensuite la tête du bataillon de marche composé des survivants du régiment et la ramènera en 1946 au Tonkin après avoir parcouru plus de 3.000 kilomètres à pied.

Promu chef de bataillon la même année, il rejoint le dépôt commun des régiments étrangers (DCRE) à Sidi-Bel-Abbès en Algérie puis la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE).

En 1949, il est désigné pour l’Extrême-Orient afin de prendre le commandement du 3e bataillon de la 13e DBLE. Le 9 avril 1950, il est rapatrié sanitaire. En octobre 1951, il est promu au grade de lieutenant-colonel et une année plus tard il revient en Indochine. De retour à la « 13 », il prend les fonctions de commandant en second, puis celles de chef de corps le 1er septembre 1953. Sous son commandement, ses unités s’illustrent au cours d’opérations dans le delta du Fleuve Rouge et lors de la bataille d’Hoa-Binh.

A Dien Bien Phu, en mars 1954, il est désigné commandant du Groupe mobile n°9, qui comprend trois bataillons d’infanterie, une batterie d’artillerie. Le colonel de Castries, qui commande le camp retranché, lui donne l’ordre d’assurer la résistance de cinq centres : les collines Béatrice, Claudine, Dominique, Eliane et Huguette. Le PC du lieutenant-colonel Gaucher se trouve alors assez proche de celui du colonel de Castries.

Ce 13 mars 1954.

Giacomo Signoroni, ancien de la « 13 » et présent à Dien Bien Phu ce fameux 13 mars 1954, a confié des archives au Souvenir Français d’Issy-Vanves. Parmi celles-ci se trouve une copie du témoignage du légionnaire Mariano Hernandez.

« Le camp retranché de Dien Bien Phu subissait vers 17h30 un pilonnage massif, au même moment où la position avancée Béatrice tenue par le 3/3/13e connaissait le même sort, avec un objectif différent. Nous étions obligés de rester dans nos abris du fait de l’intensité de ce pilonnage. De temps en temps, une légère accalmie se faisait sentir dans la cuvette, où nous pouvions sortir de nos tranchées. C’est à ce moment là, que l’on pouvait juger de l’importance du feu qu’essuyait la position Béatrice.

Notre colonel Gaucher, avec plusieurs officiers, dirigeait les opérations depuis son PC de l’attaque de Béatrice, qui se trouvait proche de mon emplacement de combat. Il devait être dans les environs de 18h30, lorsqu’eu lieu de nouveau une série d’explosions à proximité du PC et des emplacements du 1/13e DBLE.

C’est à ce moment-là, que nous vîmes apparaître quelques gars de chez nous hurlant comme des aliénés, que le PC de notre colonel avait été touché par un obus d’artillerie, et ils criaient qu’il n’y avait aucun survivant. Pendant que l’un d’eux partait à l’antenne Grauwin chercher des médecins et des infirmiers, le sergent Dubois avec quelques hommes de ma section, dont moi-même, se rendit tout de suite sur le lieu du blockhaus qui tenait lieu de PC. Nous avons donné un coup de main à l’équipe de pionniers de notre unité que dirigeait l’adjudant Signoroni. Le spectacle était horrible à voir. Une jeep se trouvait déjà sur les lieux, ils évacuèrent le colonel qui était encore vivant, mais déchiqueté de toute part et dont le visage avait l’aspect cadavérique. Il y avait parmi eux un ou deux officiers morts et plusieurs blessés, dont mon chef de bataillon Brinon. Ils furent transportés sur l’antenne du GM9.

Nous apprîmes un peu plus tard le décès de notre colonel. A la suite de cette triste nouvelle, les commandants de compagnie, sous-officiers, légionnaires, savions que sans « Pouss-Pouss » (nous l’appelions familièrement ainsi) les choses ne seraient plus les mêmes. Notre moral fut très fortement atteint, et je vis que mon capitaine Chounet, fut lui-même très fortement éprouvé. Je ne me doutais pas encore que le lendemain une nouvelle épreuve m’attendait, ainsi qu’à plusieurs de mes camarades. Etant donné qu’après mon retour de sonnette, dans les environs de 4h à 6h du matin, je commençais à faire du café des boîtes pacifiques, lorsque je m’aperçus qu’il y avait un peu trop de mouvement dans les alentours. Quand notre sergent de section nous appela pour le rassemblement du matin, et que la compagnie fut au complet, le sergent de semaine présenta la compagnie au capitaine Chounet, commandant la 2/4/13e. Une fois les formalités terminées, le chef de compagnie nous annonça qu’il lui fallait des volontaires pour aller chercher sur Béatrice, les morts et les blessés restés sur place, après le combat et l’anéantissement de la position, qui venait de se terminer quelques heures auparavant. Il pria donc les volontaires de s’avancer d’un pas, afin qu’ils se fassent connaître. Les gars de la 2e compagnie se proposèrent tous, à l’exception de quelques réticents. A ce moment-là, le capitaine appela le sous-officier de section, afin qu’il procéda à un tri parmi les hommes. Nous étions une dizaine de légionnaires de la 2/1/13e.

Peu avant l’heure de la mission, le capitaine Chounet nous prévint que notre seul équipement se composerait d’une tenue de combat, casque léger et d’une petite pelle de campagne. Un sous-officier de la compagnie nous amena à la hauteur de l’antenne du commandant Grauwin, là où se trouvaient les véhicules qui devaient nous emmener par la RP 41 sur Béatrice. L’effectif de cette mission se composait d’un officier médecin, du 1/13e DBLE, du Père Trinquant, notre aumônier de la 13e, de deux brancardiers avec l’adjudant Signoroni, chef des pionniers du 1/13e. Nous étions donc au total une quinzaine  et nous appartenions tous au 1/13e. Aucun sous-officier ou légionnaires d’autres unités ne firent partie de cette mission, comme certains voudraient bien laisser croire.

En tête de file se trouvait le capitaine-médecin Le Damany, dans un véhicule 4 :4 ou une jeep. Mes camarades et moi étions dans un GMC avec quelques filets et nos pelles. Le père devait se trouver dans une ambulance avec le chauffeur. A 10h du matin, le convoi démarra dans la direction de Béatrice. Lorsque nous fûmes sur les lieux, un officier Viet donna ses instructions au chef de convoi. Une fois que nous étions descendus des véhicules, ceux-ci opérèrent un demi-tour afin de se tenir prêt pour repartir. Au pied des pitons se trouvait une petite chapelle du 3e bataillon apparemment intacte, et de tout côté, on pouvait voir des impacts d’obus, de grenades qui jonchaient le sol, qu’accompagnait un silence de mort. Lorsque nous commençâmes à escalader les pitons par des escaliers de terre, renforcés de planches, on apercevait au loin sur les pitons, des sentinelles viets, l’arme au poing, qui nous faisaient des signes, nous désignant ainsi l’emplacement des morts et des blessés.

Le spectacle qui s’offrit à nos yeux était insoutenable. Dans les tranchées pleines de boue, on voyait nos camarades à moitié ensevelis, complètement déchiquetés. Nous nous sommes dispersés en petits groupes, dans les trois pitons, à la recherche des survivants. Il y en avait malheureusement que très peu, car ils étaient au nombre de deux ou trois. Nous les avons déposés dans les camions. A ma connaissance, nous n’avions ramené qu’un seul mort, et j’ai su par la suite qu’il s’agissait du seul sous-officier retrouvé mort, du 3e bataillon. Le reste des hommes qui se trouvait dans les tranchées complètement déchiquetés, et étant donné que le temps nous était compté, puisque l’on avait 1h30 pour cette trêve, nous avons reçu l’ordre de les laisser sur place, car ils étaient intransportables.

Au moment où nous regagnâmes nos véhicules, nous aperçûmes une petite colonne de blessés, rescapés de la veille, que les sentinelles viets escortaient afin que nous les emmenions. Vers 11h30, nous reprîmes le chemin du retour et 600 m avant d’arriver à la hauteur de l’antenne, où nous devions les déposer, nous subîmes par l’artillerie viet plusieurs impacts, dont quelques éclats blessèrent un légionnaire mais sans gravité. Ce fait ne fut d’ailleurs jamais rapporté, ni écrit dans aucun livre à ma connaissance. Je ne savais pas que 16 jours plus tard, mon sort serait identique à ce qu’avait connu mes camarades. Puisque le 30 mars 1954, me trouvant sur Eliane 2, nous subîmes le même pilonnage que souffrit Béatrice. Je fus blessé à la tête et aux jambes, et enseveli dans mon poste de combat par l’impact d’un obus d’artillerie. Dégagé par mes camarades, et dans le coma, je fus laissé dans un boyau. Les circonstances et l’acharnement de l’attaque ennemie n’ont pas permis à mes camarades de m’évacuer vers les arrières. Je fus enlevé par les Viets et amené dans les lignes arrières ennemies. Quelque temps je fus interné dans le camp n°42. »

Sources.

  • Archives personnelles de Giacomo Signoroni, commandeur de la Légion d’honneur.
  • Georges Fleury, La Guerre en Indochine, Perrin, 2000.
  • Recherches dans les archives des Bulletins de l’Ecole français d’Extrême-Orient d’archéologie.
  • Extraits du journal Le Figaro du 28 décembre 1993.
  • Encyclopédie en ligne Wikipédia.
  • Encyclopédie en ligne Larousse.
  • Jacques Chancel, La nuit attendra, Flammarion.
  • Archives du journal Paris Match : www.parismatch.com
  • Site Internet du Souvenir Français d’Asie et de Chine : www.souvenir-francais-asie.com
  • Site Internet des « Soldats de France ».
  • Site Internet « Legio Patria Nostra » (crédit photo).

20170614 - Raoul Lufbery, un Américain dans la Grande Guerre

https://theconversation.com/

14 juin 2017

Raoul Lufbery comptait à sa mort 17 victoires homologuées et 15 probables. Wikipédia


« Lafayette here we are ! » telle est la phrase que prononça le lieutenant-colonel Charles Stanton sur la tombe du héros des deux mondes. Si l’année 1917 marque officiellement l’entrée en guerre des États-Unis, dès 1914, des volontaires américains se battaient déjà au côté des Français. Le major Lufbery faisait partie de ces américains engagés dans l’armée française.

L’arrivée du Général Pershing et des premières troupes le 13 juin 1917.

En quête de Patrie

Né en 1885 d’un père américain et d’une mère française, il grandit en France chez sa grand-mère maternelle. Une situation peu banale à cette époque, qui le prive un temps de toute nationalité. En effet, jusqu’en 1927, la femme prenait la nationalité de son mari et perdait le bénéfice de la sienne. Pour l’administration française, la mère de Lufbery étant devenue américaine, son futur enfant se retrouvait soumis au régime de la loi du 26 juin 1889. Si celle-ci permettait à un étranger de devenir français, il devait pour cela attendre sa majorité, alors fixée à 21 ans, et être toujours domicilié en France.

Portrait officiel de Lufbery. Public domain

Aujourd’hui, une personne dans la même situation serait française dés sa naissance, car s’appliquerait le principe de double droit du sol : l’enfant né en France d’au moins un parent né en France, en l’occurrence sa mère, est français dès sa naissance. Mais à l’époque, si la loi du 26 juin 1889 permettait l’innovation du « double droit du sol », elle ne concernait alors que le père, et n’était pas encore étendue aux deux parents.

Lufbery ne peut pas non plus prétendre à la nationalité américaine, car aux États-Unis, le droit du sol prime sur le droit du sang. Il lui aurait fallu y habiter au moins cinq ans pour obtenir la nationalité de son père. Impatient, il trouve une alternative en s’engageant dans l’armée des États-Unis. Enfin américain, le soldat Lufbery est envoyé aux Philippines et y devient mécanicien.

L’Américain dans la légion étrangère

En 1914, quand la guerre éclate, Raoul Lufbery n’a qu’une idée en tête, revenir défendre sa patrie natale. Seulement, la loi des États-Unis interdit formellement de s’engager dans une armée étrangère, exposant ceux qui dérogeaient à la règle à perdre leur qualité et leurs droits de citoyen. À presque 30 ans, Lufbery n’en a cure, il devient légionnaire. Il écrit :

« Je ne considère pas que je me bats pour la France seule, mais pour la cause de l’humanité, la plus noble des causes. »

Une compagnie de la Deuxième Légion sur les Champ-de-Mars à Paris. Auguste Antoine Masse (1795-1836) -- Wikipédia

La Légion étrangère est instituée en 1831 par le Roi Louis-Philippe pour permettre l’incorporation de soldats étrangers dans l’armée française. Disposant d’un commandement particulier, ses règles de recrutement offrent aux engagés l’occasion de commencer une nouvelle vie et d’obtenir in fine la nationalité française.

Dés 1914, de nombreux Américains, souvent issus de familles fortunées, s’engagent pour la France. L’ambassadeur des États-Unis à Paris, Myront Herrick, écrit à Lufbery :

« Sans aucun doute, vous violez la loi, mais je sais fort bien ce que je ferais si j’étais à votre place. »

Au départ, cette présence américaine engagée dans l’armée française n’est pas vraiment mise en valeur. D’abord, la conception même de la Légion amène à mettre en retrait l’origine des volontaires au profit du drapeau tricolore. Ensuite, tout étranger fait l’objet de suspicion dans la France paranoïaque de 1914. Enfin, la Légion, par tradition, ne combat jamais en France métropolitaine. Le nombre de pertes oblige le commandement français à rompre cette tradition : le 11 novembre 1915 est ainsi créé le régiment de marche de la Légion étrangère.

Pour sa part, Lufbery n’aura que transité par la légion étrangère, il se fait transférer dès août 1914 dans l’escadron aérien de Marc Pourpe, et passera son brevet de pilote l’année suivante.

La bravoure des Américains et l’éventualité d’une entrée en guerre des États-Unis vont convaincre le commandement français de mieux valoriser les volontaires yankees.

La gloire de l’Escadrille La Fayette

Le 7 mai 1915, le paquebot RMS Lusitania est coulé par un sous-marin allemand avec à son bord plus de 1 200 passagers, dont près de 200 Américains. Cette tragédie est un tournant dans l’opinion publique américaine, jusque-là peu favorable à une intervention armée.

Discours du président américain Woodrow Wilson exhortant le Congrès à déclarer la guerre à l’Allemagne, Washington, 2 avril 1917. Wikipédia

Le mécène américain Norman Prince, brillant avocat diplômé d’Harvard et passionné d’aéronautique propose au commandement français de financer une « escadrille américaine » alors que le Président Wilson s’efforce de convaincre les Américains de l’utilité d’une intervention en France. Le 21 mars 1916, le département de l’armée de l’air français donne un avis positif, et fin avril 1916, l’escadrille La Fayette est déployée à Luxeuil-les-Bains.

Le 3 février 1917, le président Wilson annonce au Congrès la rupture des relations officielles avec l’Allemagne. Le 2 avril 1917, Wilson demande au Congrès de déclarer officiellement la guerre à l’Allemagne, ce qui sera fait 4 jours plus tard :

« L’Amérique doit donner son sang pour les principes qui l’ont fait naître… »

lancera le Président américain lors de son discours.

À la lumière de cette chronologie, l’Escadrille La Fayette apparaît autant comme une aide militaire qu’un moyen de propagande annonçant l’engagement d’une nouvelle force alliée.

Douglas MacMonagle à gauche et Raoul Lufbery à droite, le lion était le symbole de l’Escadrille La Fayette.

Raoul Lufbery, Norman Prince et l’escadrille vont être suivis dans leurs exploits par la presse nationale et locale. L’aviation, invention du début du siècle, fascine le grand public. Les victoires de Lufbery sont contées et racontées à travers livres et articles. Dés 1916, les aviateurs bénéficient d’une popularité dans une France en quête d’espoir.

Le socle des forces américaines

À la fin de l’année 1917, les forces aériennes américaines sont plus que sommaires : 55 appareils obsolètes et 35 pilotes en manque d’expérience. L’Escadrille La Fayette passe donc entièrement sous commandement américain afin de constituer l’ossature de l’aviation des États-Unis. Lufbery est promu major de l’armée américaine.

L’aventure de Lufbery se termine le 19 mai 1918, quand il se jette de son appareil en flamme. À l’époque, les avions n’étaient pas encore équipés de parachute. Les habitants de Maron recueillirent sa dépouille, et l’emmenèrent à la mairie, où une chapelle ardente fut improvisée. Dans ce petit village lorrain, personne n’a oublié cet aviateur américain mort pour la France.

L’hommage de tout un territoire

Monument aux morts devant l’église de Maron : une plaque en l’hommage à Lufbery y est apposée. G.Garitan -- Travail personnel

Le souvenir de Lufbery s’est transmis de génération en génération à travers des articles, livres, et bandes dessinées… Une rue dans son village natal de Chamalières porte son nom. Dans la commune de Maron où le héros est tombé, il est au cœur de ses commémorations. Dans le cadre de la Mission centenaire, une exposition sur Lufbery est mise en place avec la participation des élèves de l’école de Maron-Sexey.

La Communauté de Communes de Moselle Madon a aussi fait appel à des étudiants de l’Université de Lorraine pour effectuer des recherches sur la période, et organiser un cycle évènementiel à l’approche du centenaire de l’armistice. Enfin, une conférence sera donnée le 19 juillet prochain au Musée Lorrain de Nancy.

Dans l’Est Républicain en 1918, Thérèse Bernard concluait ainsi un poème dédié à l’aviateur :

« Honore Lufbery, son splendide courage,
À qui tous les Français rendent un juste hommage »

20170503 - Le CEMAT au «4» pour Camerone

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30-04-2017

"Magnifique exception française, la Légion étrangère incarne à la fois l’intégration et la naturalisation dans leurs formes les plus abouties."

Cette année, une fois de plus, la grande famille légionnaire se regroupe et commémore avec respect, solennité et émotion, l’héroïque résistance du capitaine Danjou et de ses hommes. Sur tous les continents, des légionnaires, en activité ou en retraite, des familles, des amis, voire des admirateurs, vivent cette journée avec une intensité qui atteste du caractère fondateur de Camerone pour l’âme de la Légion étrangère.

La main du capitaine Danjou qui, au moment où je vous parle, remonte la Voie Sacrée de la maison Mère, fait figure de relique. Le récit du combat, que nous entendrons dans quelques instants, est d’essence liturgique. Les soixante-deux légionnaires tombés ce 30 avril 1863 sur le sol mexicain sont vénérés avec une inaltérable piété. L’hacienda dans laquelle résonnèrent leurs derniers souffles est un véritable lieu saint dans l’inconscient « vert et rouge ». Alors effectivement, Camerone est bien un acte fondateur, un acte qui structure toute la Légion étrangère et qui inspire tout légionnaire sa vie durant, un acte par lequel l’absolue diversité du recrutement se mue naturellement en absolue unicité de l’esprit de corps, illustrée de la plus belle manière lorsque le bloc insécable que vous formez descend les Champs-Elysée

Magnifique exception française, la Légion étrangère incarne à la fois l’intégration et la naturalisation dans leurs formes les plus abouties. L’engagé volontaire y devient légionnaire « quelles que soient sa nationalité, sa race ou sa religion » et parfois Français « non par le sang reçu, mais par le sang versé ».

Faire de ce « volontaire » un légionnaire est justement la mission principale de votre régiment. Cette étape sera symbolisée dans quelques instants par le rite de remise des képis blancs à la section du sergent-chef Sedlecklas. Messieurs les futurs légionnaires, souvenez-vous longtemps de cet instant que vous allez vivre en revêtant le képi blanc que vous méritez désormais de porter. Souvenez-vous de ces trois mots, « Legio Patria Nostra », que vous allez prononcer et qui vous engageront désormais. Souvenez-vous également des paroles de votre code d’honneur que vous allez réciter, ils devront guider vos pas dans la carrière mais également au cours de votre existence toute entière.

La force et la réputation de la Légion étrangère reposent pour beaucoup sur la qualité avec laquelle le « 4 » remplit sa mission d’instruction, une mission de l’ombre, mais une mission sans laquelle aucun régiment étranger des forces ne saurait survivre. Le message de Camerone nous rappelle justement qu’il n’y a pas de petite mission. Une simple escorte de convoi, qui ne semblait pas spécialement importante, est ainsi devenue l’illustre fait d’armes que nous commémorons aujourd’hui.

Messieurs les « fortes têtes », on peut dire que vous n’avez pas chômé depuis deux ans ! La remontée en puissance de la Légion étrangère, avant d’être une réalité fut un défi de taille, un défi face auquel vous étiez en première ligne, un défi que vous avez su relever avec le professionnalisme, l’enthousiasme et la sérénité qui caractérisent les troupes d’élite.

Le plan de charge de votre régiment à presque doublé. Le quartier « Capitaine Danjou » a été soumis à de redoutables contraintes d’effectifs. Vos permissions se sont raréfiées. Vos familles, que je tiens ici à remercier, ont payé leur écot à ce projet. 40 ans après sa création, 30 ans après son emménagement dans ce beau quartier, le « 4 », sous les ordres de son chef, le colonel Dufour, a démontré sa parfaite résilience.

L’armée de Terre vous félicite ; c’est le sens de ma présence parmi vous aujourd’hui. La France vous remercie ; c’est le sens de votre présence sur les Champs-Elysées le 14 juillet prochain.

Dans quelques instants, certains d’entre vous seront décorés. A travers les médailles qui orneront bientôt leur poitrine, chacun d’entre eux ajoutera – à sa façon – quelques lignes à l’histoire de la Légion. Recevez messieurs, mes sincères félicitations et celles de toute l’armée de Terre.

Je voudrais enfin souligner la présence de cadets de la Défense au milieu de nous aujourd’hui. Cela illustre à la fois la vivacité d’esprit de Défense en France et le parfait ancrage du régiment dans le Lauragais. Merci également aux nombreux Chauriens qui nous entourent à l’occasion de cette fête de famille. Merci enfin aux anciens du régiment, et notamment aux anciens chefs de corps, qui témoignent par leur présence de leur attachement à leur beau régiment.

A vous tous, légionnaires et amis de la Légion étrangère, la caporal d’honneur, que je suis, souhaite un « Joyeux Camerone » !


Général d’armée Jean-Pierre Bosser,
Chef d’état-major de l’armée de Terre
Ordre du jour N°43, du 30 avril 2017

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