20231229 - À Auch, un dernier adieu émouvant aux obsèques de l'ancien légionnaire Ivan Baus

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De nombreuses personnes se sont rendues à la cérémonie ce jeudi 28 décembre pour rendre un dernier hommage à Ivan Baus.

 

Les obsèques de l'adjudant-chef Ivan Baus, décédé le 24 décembre dernier, ont célébré ce jeudi 28 décembre à Auch la vie d'un ancien légionnaire. La cérémonie a mis en lumière son chemin de vie et son engagement exceptionnel.

Les obsèques de l'adjudant-chef Ivan Baus ont marqué une journée empreinte de solennité à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch, ce jeudi 28 décembre. L'ancien légionnaire, installé dans le Gers depuis 2007, est décédé à la veille de Noël. La cérémonie s'est déroulée en présence de sa famille et de ses camarades de la Légion étrangère, mais aussi de représentants municipaux et de la préfecture ainsi que des gendarmes et porte-drapeaux.

 

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20231226 - Carnet noir dans le Gers : l'adjudant-chef et ancien légionnaire Ivan Baus s'en est allé à l'âge de 70 ans

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L’adjudant-chef retraité Ivan Baus, ancien légionnaire installé depuis 2007 dans le Gers, a subitement disparu à la veille de Noël. Sa famille, ses amis et ses camarades lui rendront hommage lors de ses obsèques, ce jeudi 28 décembre à la cathédrale Sainte-Marie d’Auch.

C’est une triste nouvelle qui a provoqué l’émoi à la veille de Noël. L’adjudant-chef (er) Ivan Baus  s’en est allé ce dimanche 24 décembre à l'âge de 70 ans. Un événement tragique et soudain pour la famille du militaire et notamment pour ses camarades de la Légion étrangère.

Né le 19 août 1953 à Osijek en ex-Yougoslavie, Ivan Baus s'était engagé dans la Légion en 1977. Le militaire à la retraite depuis 2007 était le président de l’amicale des anciens de la Légion étrangère du Gers. Il n’était pas rare de le croiser lors des cérémonies officielles qui se déroulaient sur la place de la Libération à Auch et un peu partout sur le département.

20231225 - Castelnaudary. Noël, la fête de la famille Légion

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 Gladys Kichkoff

Quelle que soit sa religion, sa nationalité, quel que soit l’endroit au monde où il se trouve, le légionnaire fait une crèche avec quelques bouts de bois, de la paille, des cartons… ce qu’il a sous la main. Il fête Noël avec la famille Légion.

"Des soirées extrêmement chaleureuses, la découverte d’artistes extraordinaires, des légionnaires qui, a priori se fondaient dans la masse et qui, d’un coup se révélaient soit avec des talents de chanteur, des talents d’artiste, de mime et puis après, une fois au bar, les langues se déliaient avec des gens très naturels, très humains et qui racontaient leur vie". Le général Youchtchenko, commandant la Légion étrangère, se souvient des Noël où, de 1995 à 2001, il a servi au 4e régiment étranger comme officier adjoint, commandant d’unité (1 998 – 2 000) à la 3e compagnie d’engagés volontaires et comme officier traitant au bureau instruction du régiment. Le Père Légion évoque le Noël à la Légion, "une fête de famille surtoutau "4". Ce sont les plus jeunes légionnaires qui sont ici, c’est leur premier Noël sans leur famille et c’est la première fois qu’ils retrouvent une nouvelle famille. C’est à la fois une trêve parce que l’instruction se met en pause, c’est le moment privilégié où les rapports hiérarchiques s’apaisent et c’est la convivialité. Pour eux, c’est une découverte. Dès qu’ils mettent un pied à la Légion, c’est la discipline extrême, l’obéissance et ce soir-là, c’est une soirée fraternelle".

Ensemble

Pour le général Youchtchenko, comme pour le colonel Montull, commandant le 4e régiment étranger, c’est aussi un véritable marathon. Un bonheur pour le premier qui au cours des visites des régiments qu’il commande retrouve des cadres qu’il a connus, formés. "Pour moi c’est aussi une véritable fête de famille", confie-t-il.

"La fête de Noël est d’autant plus importante à la Légion que Monsieur Légionnaire, en rupture avec son passé, l’histoire politique de son pays ou pour toute autre raison, vient chercher ici une nouvelle famille. C’est aussi une seconde chance, un nouveau départ et cela fait particulièrement écho avec la famille de Noël et la Nativité. On retrouve ces deux aspects, cette renaissance et parce que la Légion devient sa nouvelle famille. Quand on a été légionnaire, on peut toujours revenir à la Légion jusqu’en fin de vie. C’est pour cela qu’existe l’institution des Invalides de la Légion étrangère à Puyloubier", souligne à son tour le colonel Montull. "Cet esprit fête de famille, on le retrouve tout au long des festivités de Noël qui devient, comme le disait le général commandant la Légion étrangère, un moment de trêve. On pose le sac pour être ensemble, pour rire ensemble, pour se défier sportivement ensemble, pour boire une bière ensemble, chanter ensemble. Où qu’ils se trouvent les légionnaires font une crèche que ce soit en opération, au quartier, avec les moyens du bord, une crèche qui symbolise cet esprit famille. À la Légion, il n’y a pas de nationalité, de race ou de religion, tout le monde est réuni autour de valeurs communes, et la valeur commune, c’est la famille et quoi de mieux que la fête de Noël pour la symboliser ?". Ici les cadres ne passent pas Noël avec leur épouse, leurs enfants, mais avec les jeunes légionnaires. "Ici encore plus qu’ailleurs, tous les cadres sont présents le soir de la veillée au quartier et c’est très bien".

Ce samedi, le chef de corps a fait le tour des fermes pour remettre leur cadeau à ceux qui ont passé la nuit tout seul. Il était accompagné du président des caporaux-chefs et a vu les commandants d’unité qui étaient sur place. Hier, le patron des Fortes têtes est allé rencontrer les différentes permanences, l’infirmerie et les malades ou encore le service de garde avant de participer aux festivités des veillées où il est passé de compagnie en compagnie".

La trêve sera de courte durée. "Ici au 4, cela ne s’arrête jamais. Ce midi, je serai à l’ordinaire où je partagerai le repas des commandants d’unité etl’instruction reprendra l’après-midi pour certains".

Destins croisés à la compagnie des spécialistes

Beka a quitté sa Georgie natale en 2023 pour devenir légionnaire. Un rêve qui va devenir réalité. "La Légion ce n’est pas pour les faibles ; là-bas ce sont de vrais guerriers. Ma famille m’a dit "Vas-y mais si tu échoues, ne reviens pas". Beka est donc parti pour "être un homme sans nom".

Avant lui, il y a 70 ans, Karl, 24 ans qui, pendant la guerre, avait servi dans la Wechmacht s’est engagé aussi, "parce qu’il savait être bon à quelque chose, pour devenir un soldat d’élite". "Je ne savais pas quoi faire d’autre, alors, j’ai poussé la porte et on m’a accueilli. On m’a donné un nom qui n’est pas le mien et un numéro. Je m’appelle Gunther".

Le destin croisé de deux hommes, un thème fort que le capitaine Damien a écrit et mis en scène pour la crèche de la compagnie d’instruction des spécialistes qu’il commande au 4e régiment étranger.

La première réunion s’est déroulée dès la fin novembre, le 28, quand le capitaine Carlo, son adjoint, a réuni tous les chefs de section pour les inviter à réfléchir à la façon de mettre en musique le fil rouge confié par le chef d’unité. La conception, le scénario, l’histoire, c’est ce dernier qui l’a imaginé. Son second est là qui veille à la bonne application même si le capitaine en suit, de très, très près l’évolution. Il a aussi fait appel à des volontaires pour la mise en œuvre. La compagnie d’instruction des spécialistes est riche d’"expérimentés" qui n’en sont pas à leur première crèche. Le capitaine, lui-même, a déjà obtenu un premier prix avec dit-il "une crèche minimaliste" revisitée au dernier moment qui a su conquérir le cœur des jurés.

Népalais, Roumain, instructeur transmetteur, auxiliaire sanitaire, mécanicien, armurier… On scie, on coupe, on ajuste ! Pour la voix off, un caporal-chef georgien et un adjudant-chef allemand pour bien coller aux personnages avec l’accent qu’il faut. Tous les talents sont mis à contribution.

Le but, faire la plus belle crèche, celle qui suscitera le plus d’émotion parmi le jury, qui se démarquera des autres. Car les crèches sont notées et en compétition. C’est donc dans le plus grand secret que chaque compagnie s’affaire.

De l’émotion, il y en aura dans le récit de la CIS où si l’on montre le soldat d’élite, aguerri, les théâtres de combat, on raconte aussi l’homme, Juliana son amour d’enfance pour l’un, Aurélie, sa belle rencontre pour l’autre. Quant à la création de la crèche, pas besoin de gros budget, le légionnaire, par essence est débrouillard. "Des bambous pour la décoration, des planches de contreplaqué emprunté à la cellule tir, le téléviseur est celui que possède la compagnie "Pour l’instant cela ne nous a rien coûté. le but est bien de ne rien acheter ou très peu. C’est le principe même des crèches qui, à l’origine, était faites avec ce que l’on trouvait sur place", explique le capitaine.

 

Deux vies, deux destins, en tableaux

L’officier a souhaité innover. Cette crèche-là, il l’a voulu dynamique. Le public s’avancera et découvrira différentes scènes dans des alcôves de part et d’autre qui abriteront de petits tableaux où l’on a beaucoup travaillé la symbolique pour figurer des moments clé de la vie de chacun des deux soldats. On est à leurs côtés au combat jusqu’en Indochine ou au Sahel quand résonnele bruit des armes. Un gros travail a été réalité en son et lumière pour une immersion réussie. Jusqu’au plus petit détail. Et le récit nous emmène jusqu’à la scène de la Nativité. C’est Noël à la Légion.

20231225 - Capitaine (TE-er) Leszek Michalik : « La Légion étrangère est une grande famille »

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La Légion étrangère, troupe combattante de l’armée de terre, composée d’étrangers qui considèrent comme un honneur de servir la France, a été fondée à Alger le 9 mars 1831, par Louis-Philippe. Parmi les 150 nationalités représentées, réparties sur les 5 continents, on retrouve de nombreux Polonais. Le Capitaine (TE-er) Leszek Michalik nous explique pourquoi.

Capitaine (TE-er) Leszek Michalik en tenue de combat alors qu’il était en mission en Afrique

 

C’est le 12 juin 2007 que l’Amicale des Anciens et Amis de la Légion étrangère de Pologne (AAALE) a vu le jour, à Olsztyn. À l’occasion de son 16e anniversaire, son actuel président, le Capitaine (TE-er) Leszek Michalik – qui a servi 33 ans et 7 mois, dans 9 régiments de la Légion étrangère, a accepté de revenir sur son parcours au sein de cette troupe d’élite unique au monde, permettant à des étrangers de porter les armes de la France, la place qu’y occupent les Polonais ainsi que le rôle de l’AAALE, sans oublier d’aborder les retours compliqués à la vie civile.

Mais débutons par le 160e anniversaire de la bataille de Camerone, dont la commémoration polonaise s’est déroulée le 22 avril.

 

La bataille de Camerone : commémoration du 160e anniversaire

Samedi 22 avril dernier, au parc du Palais Royal de Łazienki, devant le palais Myślewicki, s’est déroulée la commémoration de la bataille de Camerone, combat qui opposa, le 30 avril 1863, lors de l’expédition du Mexique, une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines. Ce combat est le symbole du sacrifice ultime des légionnaires, pour l’accomplissement de leurs missions. Aujourd’hui encore, l’expression « faire Camerone » est toujours usitée dans la Légion étrangère en tant que symbole de l’esprit de sacrifice au nom de la parole donnée.

Durant cette cérémonie, Marek Kreja et Marek Kogut ont reçu la médaille FSALE. Krzysztof Maj, Krzysztof Sokalski, Paweł Adamczyk ont reçu des diplômes honorifiques de la Fédération des Sociétés des anciens de la Légion étrangère, en présence de son Excellence, Frédéric Billet, ambassadeur de France en Pologne.

Lepetitjournal.com/Varsovie : Mon Capitaine, quels étaient les enjeux de cette commémoration du 160e anniversaire de la bataille de Camerone en Pologne ?

Capitaine (TE-er) Leszek Michalik : Pour la commémoration du 160e anniversaire de la bataille de Camerone, qui s’est déroulée à Varsovie, au parc du Palais Royal de Łazienki, nous avons essayé de faire quelque chose de grand, afin de montrer à tous les légionnaires qui vivent en Pologne et qui ne sont pas encore membres de l’AAALE Pologne qu’ils sont aujourd’hui considérés autrement qu’ils ne l’étaient, par le passé – mais j’y reviendrai. Je pense que nous avons réussi une belle cérémonie.

Quels liens les Polonais entretiennent-ils avec la Légion depuis sa création par Louis-Phillipe en 1831 ?

Je vais citer le capitaine Louis d’Estouville gouverneur militaire du Mont-Saint-Michel pendant la guerre de Cent Ans, qui disait : « Là où il y a l’honneur, là où il y a la fidélité, là seulement est la patrie ». Là où se trouve ton cœur – et pas ton corps, se trouve la patrie. C’est une pensée qu’on ne peut pas dissocier de l’histoire de la Pologne : partitions du pays à partir de 1772, puis en 1793 et par la suite, en 1795 la Pologne disparaît totalement de la carte pendant 123 ans… Mais les Polonais forment un peuple indomptable qui a toujours su se tourner vers ceux qui pouvaient lui garantir, en quelque sorte, le retour à l’indépendance. Le soulèvement national de Kościuszko, en 1794, puis celui de novembre 1830 à 1831, ont conduit les Polonais à aller vers la France, pays des libertés, où ils pouvaient servir et essayer de se battre. Il ne faut pas oublier l’insurrection de la Grande Pologne en 1848 (powstanie wielkopolskie), tous ces éléments permettent de mieux comprendre la situation du pays et ainsi pourquoi autant de Polonais se sont engagées du côté de Napoléon. Ils espéraient qu’en allant se battre à ses côtés contre le même ennemi, ils pourraient regagner un jour l’indépendance.

On peut donc parler d’amour pour la France, pays de « liberté – égalité – fraternité », valeurs qui ont insufflé notre propre liberté en 1918, date de la création en France de l’Armée Bleue de Jozef Haller – Błękitna Armia, qui va initier la forme de la nouvelle armée polonaise.

Pour en revenir à Camerone en 1863, je peux vous citer les noms de trois Polonais qui ont pris part à cette bataille: le sergent Louis Morzycki qui lui est décédé pendant la bataille et les légionnaires Gorski et Antoine Bogucki qui ont été blessés et sont retrouvés pris par les Mexicains, puis libérés.

Ce qui me frappe toujours lorsque je voyage à travers la France, surtout en Bretagne, en Alsace… là où il y a eu de grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale, c’est que vous avez des cimetières avec des monuments dédiés aux soldats polonais, et même dans de toutes petites églises ou chapelles, j’ai vu des tableaux de la vierge de Częstochowa, déposés par des soldats polonais.

En tant que Polonais ayant connu la Pologne communiste (PRL – Polska Rzeczpospolita Ludowa), j’apprenais l’histoire de la France – ce qui est rare, soulignons-le, parce que les communistes étouffent toute la vérité historique à des fins de propagande… Ils pouvaient contredire la langue officielle, pourtant l’histoire de la Pologne, liée à celle de Bonaparte, était bien présente dans nos livres d’histoire. Jusqu’au terme de son règne, les Polonais lui ont été fidèles, il faut le dire. C’est un grand personnage qui m’a marqué, avec le capitaine d’Estrouville que j’ai déjà cité et le général de Gaulle.

Continuons, si vous voulez bien avec la période communiste ? À l’époque de la PRL, les Polonais n’avaient pas le droit de servir dans une armée étrangère, pouvez-vous nous expliquer ce point ? Aujourd’hui, le problème est-il réglé ?

Le régime en place considérait tous ceux qui passaient ou restaient à l’Ouest comme des traîtres, aussi bien les soldats polonais ayant combattu du côté anglais ou français pendant la Seconde Guerre mondiale, que tous ceux, qui, comme moi, avaient quitté la Pologne. Pendant longtemps, je ne pouvais plus revenir dans mon pays natal : j’aurais pu me retrouver emprisonné !

Je suis issu d’une famille qui a donné sa vie pour la Pologne libre. Mon arrière-grand-père est mort sur le front contre les Russes en 1914, mon grand-père a été envoyé dans les goulags russes, j’ai donc été élevé dans une culture qui n’aime pas tout ce qui est « rouge », si vous voyez ce que je veux dire (rire). Pour l’anecdote, quand je suis arrivé à la Légion étrangère, la première chose que j’ai vue c’est « l’ennemi déclaré est rouge » donc je me suis tout de suite senti à la maison !

Le Code pénal polonais, dans son article 141, prévoit que si un Polonais sert dans une armée étrangère sans autorisations du ministère de la Défense, il peut être emprisonné entre 6 mois et 5 ans. La seule exception concerne les citoyens polonais qui possèdent la double nationalité et vivant en France.

Aujourd’hui un Polonais qui souhaiterait servir dans la Légion étrangère doit en faire la demande et suivre un certain nombre de règles (avertir le service fiscal en Pologne, présenter son casier judiciaire…). Les militaires actifs en Pologne ne peuvent pas s’engager et obtenir cette autorisation. Cette problématique qui était la mienne et qui m’a empêché de revenir dans mon pays natal n’est plus d’actualité : si quelqu’un respecte les règles imposées que je viens de vous citer, il ne risque rien. Le fait que l’Amicale existe depuis 2007 le prouve, c’est d’ailleurs la première Amicale de la Légion qui a été créée dans un pays de l’ancien bloc de l’Est.

Vous nous parliez de votre situation délicate, durant la PRL, avez-vous fait le choix de l’anonymat en tant que légionnaire ?

Étant issu d’un pays de l’Est, j’ai pu opter pour l’anonymat. D’ailleurs, il était quasiment imposé pour tous les expatriés de l’Est.

Vous luttez encore aujourd’hui contre les stéréotypes et les préjugés négatifs de vos compatriotes. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ces stéréotypes et les préjugés ?

Vaste sujet ! Au cours de ma vie, j’ai lu beaucoup de livres sortis en Pologne qui me mettaient en colère : des livres de mythomanes, de la pure invention, ou des écrits de légionnaires aigris, déconnectés de la réalité… Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas su s’adapter aux règles de la Légion que la structure est mauvaise. La Légion étrangère demande de l’obéissance ainsi que le respect des règles !

La Légion étrangère mène une sélection rigoureuse : les tests pour y entrer sont des tests de l’armée française, qui ont cependant été soumis à un l’étalonnage, afin qu’ils soient le plus parlant possible par rapport à un pays donné. Ils déterminent la personnalité de l’individu. Ensuite, le parcours du candidat est fouillé afin d’éviter d’intégrer en son sein des gens avec des déviations, des criminels…

Le premier contrat d’un légionnaire est assujetti à une période de 6 mois probatoire qui permet à la Légion étrangère ainsi qu’à la personne qui s’est engagée de le résilier, si elle s’avère incorrigible ou inapte à la collectivité militaire. Il arrive à certaines personnes de simplement se tromper de métier… On vit dans un monde de fables, irréel, de jeux vidéo ! Être soumis à la discipline, se lever à 4 heures du matin, se laver, faire son lit… cela fait partie de la formation militaire, la même pour tous. Parfois cela plaît, parfois cela ne plaît pas !

Comment combattre ces préjugés ?

À mon avis, il faut montrer par l’exemplarité de notre comportement ce que nous sommes, car les préjugés, on ne peut pas les combattre, ou c’est très difficile de le faire. Des films sont sortis au cinéma ou à la télévision ou encore des livres ont été publiés autour de la Légion, mais la Légion étrangère a rarement essayé de corriger l’image d’elle qu’on présentait. C’est une guerre sans fin.

Nous avons nos règles, qui sont claires dès le début. Lorsqu’un soldat signe son contrat, il se voit expliquer ces règles dans sa langue maternelle, puis elles sont répétées au moment où il est accepté par la commission de sélection à Aubagne… Que faire de plus ? La Légion est dure, bien sûr, du fait de sa spécificité, du fait que nous appartenons à une armée d’élite. Dans ce monde-là, les règles de la société civile ne fonctionnent pas : nos engagements opérationnels sont stricts et nécessitent de l’obéissance, on ne peut pas se permettre d’accepter une quelconque résistance ou désobéissance au sein de l’Institution.

Personnellement, je me suis engagé dans la Légion étrangère en 1982 ; à cette époque, il y a avait encore des campagnes disciplinaires où l’on recadrait les légionnaires les plus récalcitrants : le seul moyen était de les faire passer par la case prison où la discipline était intraitable. Plus de 100 nationalités cohabitent ensemble, donc, si on ferme les yeux et qu’on laisse entrer la politique dans nos échanges, ou les considérations religieuses, on ne s’en sort pas. La Légion est tolérante pour certaines choses, ici il n’est pas interdit de faire sa prière si on le souhaite, mais à condition que cela se fasse en dehors des heures de services.

Le Capitaine (TE-er) Leszek Michalik, coiffé de l'emblématique képi blanc, devenu le symbole du légionnaire

Quel a été votre parcours au sein de la Légion ?

En 33 ans et 7 mois de service, j’ai servi dans 9 régiments de la Légion étrangère, soit pratiquement dans tous les régiments de la Légion. J’ai servi dans tous les régiments outre-mer : 2 fois au 3e Régiment étranger d’infanterie en Guyane française, 2 fois au 5e Régiment étranger qui soutenait le centre d’expérimentation nucléaire du Pacifique, en 2004 j’ai pris le commandement de l’escadron de commandement et de soutien à Mayotte pendant 2 ans, puis j’ai servi également à la 13e brigade de Légion étrangère à Djibouti.

En France j’ai servi au 4e régiment étranger à Castelnaudary, au 1er Régiment étranger à Aubagne, 2 fois au 1er Régiment étranger de génie, au 2e régiment étranger d’infanterie à Nîmes et pour terminer au groupement de recrutement Légion étrangère à Paris.

Le 20 juillet 1993, à la tête de la section du 2e Régiment étranger d’infanterie, j’ai été très gravement blessé à Sarajevo par un tir par balle, en même temps qu’un autre polonais, Mariusz Mowakowski. Sa blessure était si grave qu’il a été amputé d’une jambe. Lorsque le ministre de la Défense François Léotard est venu le rencontrer à l’hôpital, et lui a demandé ce qu’il pouvait faire pour lui, Mariusz a simplement répondu : « je ne veux pas d’argent, je ne veux rien, je veux seulement devenir français ». C’était touchant parce que ça venait du plus profond de son cœur. 

Mariusz est à l’origine d’une discussion parlementaire très animée qui a donné naissance à la loi française de l’acquisition de la nationalité par le sang versé [Ce droit, inscrit à l’article 21-14-1 du Code civil, constitue donc la transcription juridique d’une devise bien connue de la Légion étrangère : « Français par le sang versé », NDLR.]

C’est à cette même époque que sous l’impulsion de l’Amiral Jacques Lanxade, alors chef d’État-Major des armées (1991-1995) qu’a été créée la cellule d’assistance aux blessés de l’armée de terre (CABAT) dont j’ai été un des premiers bénéficiaires.

Le retour à la vie civile, après la Légion, surtout après des blessures, peut s’avérer difficile pour certains… Est-ce qu’il existe des systèmes d’aides psychologiques ou financières pour les soutenir ?

La Légion étrangère est une famille. Il est inscrit dans l’article 7 du code de l’honneur du légionnaire : « (…) tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes ». La Légion propose toujours à ceux qui ont servi avec honneur et fidélité, y compris ceux qui ont effectué des séjours très courts, s’ils se trouvent dans une situation difficile de leur vie de s’orienter vers l’Institution des Invalides de la Légion étrangère à Puyloubier. C’est une institution qui existe depuis le 12 octobre 1953 et qui peut accueillir des légionnaires en difficulté, ils peuvent y retrouver leur chemin ou décider de terminer leur vie ici.

Pour ceux que j’appelle « les perdus de la vie », le problème, c’est que souvent, ils ne savent pas vers qui se tourner. Et pourtant les structures existent : ils peuvent se diriger vers le Bureau des anciens de la Légion étrangère, qui se trouve à Aubagne et qui peut les aider à trouver un emploi.

Il existe également la Maison du Légionnaire qui accueille depuis 1934 à Auriol, les anciens légionnaires qui le souhaitent.

Il convient de citer également le fait que la Légion étrangère entretient des carrés militaires disséminés partout en France et dans le monde où reposent les corps des légionnaires décédés.

Au sein de l’Amicale, quel type d’aide apportez-vous ?

En ce qui concerne notre Amicale, je peux vous parler, à titre d’exemples, de 2 cas de légionnaires qui n’en étaient pas membres. Nous avons une centaine d’adhérents, c’est peu au regard du nombre de nos compatriotes qui sont passés dans la Légion étrangère, mais lorsqu’il y a un problème, c’est vers nous qu’ils se tournent. Nous, nous ne regardons jamais de travers quelqu’un qui cherche de l’aide.

Deux légionnaires sont décédés dans des circonstances tragiques. Leurs veuves se sont retrouvées dans le désarroi le plus complet, face à des situations administratives très compliquées, de plus, elles n’étaient pas francophones. Je me suis appuyé sur le consulat de Varsovie et les conseillers du bureau des anciens à Aubagne. Nous avons ainsi pu aider ces épouses endeuillées à obtenir une pension de réversion. Cela n’a pas été simple, car l’administration malheureusement avait perdu l’un des dossiers.

La Légion étrangère, la France m’ont tendu la main au moment où j’en avais besoin, donc naturellement mon devoir et l’obligation morale c’est d’aimer la France, la Légion, et de venir en aide à ceux qui en ont besoin afin de rendre un peu de ce que j’ai reçu. Le bien – par un moyen ou un autre, revient toujours vers vous.

L’Amicale de Pologne fonctionne uniquement grâce aux cotisations de nos membres ou de généreux donateurs. C’est une Amicale naissante, nous n’avons pas de grands fonds qui permettraient de soutenir financièrement des personnes en difficulté. Nous les aiguillons vers les structures appropriées.

Que se passe-t-il lorsqu’un légionnaire isolé décède ?

Le consulat peut lui-même se renseigner auprès de l’administration centrale, au cas où la personne a servi au sein de la Légion. Moi-même, je me renseigne parfois auprès de la mission militaire en les informant qu’un ancien légionnaire décédé, en rupture avec sa famille, risque d’être enterré dans une fosse commune. Cela s’est déjà produit, et finalement après intervention, le corps a pu être inhumé dans un cimetière à Varsovie.

Dans le cas précis que je viens de vous raconter, le consulat était prêt à financer les obsèques. Si la personne n’a pas de famille, le consulat peut également – s’il en est informé, procéder à la délivrance de certificat de décès.

Nous ne fournissons jamais de renseignements sur des légionnaires ayant servi dans la Légion. Lorsque quelqu’un nous sollicite, je le dirige toujours vers le commandement de la Légion étrangère qui est le seul habilité à donner l’information sur du personnel ayant servi dans la Légion étrangère.

Des mesures sont-elles prises lorsque des légionnaires sont envoyés sur des missions qui représentent un risque ?

Il faut savoir que les légionnaires décident qui prévenir en cas de décès : lorsqu’on part, par exemple, en intervention et que le risque est élevé, on établit quelque chose qui ressemble à un testament. Des assurances militaires nous permettent également de souscrire une assurance vie et nous devons mentionner le nom du bénéficiaire.

Chaque personne qui sert dans nos rangs est une individualité, avec son propre raisonnement. J’ai connu des légionnaires qui ont fait 5 ans de services et qui sont devenus de très riches entrepreneurs, j’en ai connu qui ont fait de longues carrières et qui n’ont pas eu grande chose à la fin… Chaque légionnaire est une histoire à part, la Légion étrangère est composée de petites histoires individuelles. Lorsqu’ une personne quitte la Légion, on essaie de l’aiguiller, de lui proposer éventuellement une reconversion dans la société civile. Des possibilités sont offertes, mais chaque personne dispose de sa vie. Certains ne prennent pas en compte cette possibilité offerte et se retrouvent dans des situations difficiles.

Voilà un autre cas pour vous prouver que la solidarité à la Légion n’est pas un vain mot : lors d’une intervention, nous avons pris la décision de faire rapatrier en France un ancien légionnaire, qui était totalement désocialisé en Afrique où il vivait comme un « clochard », il a été dirigé vers l’institution des Invalides.

Comment les membres de l’Amicale sont-ils sélectionnés ?

Pour faire partie de l’Amicale de la Légion étrangère, il faut présenter un certificat de bonne conduite délivré à chaque personne qui a effectué son service au sein de la Légion étrangère avec honneur et fidélité. Le commandement certifie ces informations. Puisque nous vivons dans un monde où tout est falsifiable, une vérification est faite par le numéro matricule de de la personne, afin, ne serait-ce que vérifier que l’individu est bien celui qu’il prétend.

Autre point capital, nous n’acceptons pas les déserteurs parce qu’ils sont en rupture avec le principe de fidélité et les valeurs de la Légion. Nous pouvons accepter certains civils, mais leur nombre ne doit pas dépasser 10% des effectifs totaux de l’Amicale et nous choisissons les personnes qui déposent leur candidature afin qu’ils puissent nous apporter quelque chose. 

Je suis président de cette Amicale, et depuis ma prise de fonction, nous avons accepté de nouveaux adhérents avec des personnalités très intéressantes, qui nous rendent service. Nous avons une cotisation misérable de 100 zlotys par an donc on compte beaucoup sur les dons qui sont acceptés par notre statut.

Je l’ai déjà dit, mais je le répète : être reconnaissant envers la France est un sentiment très fort chez moi. Lorsqu’on a obtenu quelque chose d’un pays, on a le devoir moral de reconnaissance éternelle. J’essaie de le transmettre aux membres de l’Amicale et je combats ceux qui crachent dans la soupe. Les valeurs de la Légion sont celles d’honneur et de fidélité, l’amour du travail bien fait, le respect des traditions et le respect des anciens. C’est pour cela que les anciens de la Légion se réunissent dans les amicales autour au sein de la FSALE – Fédération des Sociétés d’Anciens de la Légion… afin de réunir ceux qui partagent et souhaitent porter toujours ces mêmes valeurs.

20231222 - Ancien légionnaire à Canaples, Daniel Sageot milite pour le devoir de mémoire.

Le journal d'Abbeville

 

 

Daniel Sageot a passé dans la « Corne de l'Afrique » trente mois qui ont profondément marqué sa vie. Depuis, l'homme est devenu une figure incontournable du monde patriotique.

Daniel Sageot a reçu la médaille de l’Assemblée nationale. ©Le Journal d’Abbeville

Daniel Sageot, ancien Légionnaire et président de la section de Canaples (Somme) des ACPG-CATM (anciens combattants prisonniers de guerre, combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc), a reçu la médaille de l’Assemblée Nationale « Reconnaissance » il y a quelques jours.

Figure incontournable du monde patriotique

C’est Philippe Théveniaud, conseiller régional et suppléant du député (Rassemblement National) Jean-Philippe Tanguy, qui a remis cette récompense à Daniel Sageot à l’occasion de la journée officielle d’hommage aux morts pour la France durant la guerre d’Algérie et les combats de Tunisie et du Maroc, le 5 décembre.

Cette récompense vient saluer l’engagement de l’une des plus grandes figures locales du monde combattant, fervent militant du devoir de mémoire, créateur il y a cinq ans seulement de la dernière née des associations patriotiques, le Groupement des Vétérans de la Corne d’Afrique.

Omniprésent lors des commémorations du territoire (et bien au-delà de la vallée de la Nièvre), Daniel Sageot cultive aussi l’implication des enfants de son village, multipliant les échanges avec l’école communale.

Ces trente mois qui ont changé sa vie

Né en 1951 à Berteaucourt les Dames, Daniel Sageot s’est engagé très jeune dans la Légion Etrangère. Avec cet uniforme, il a passé trente mois à Djibouti, au temps du TFAI, le « territoire français des Afars et des Issars » (l’actuelle République de Djibouti), durant la colonisation.

C’est d’ailleurs là-bas qu’il a rencontré le frère de sa future femme, Martine, elle aussi très investie dans le monde des anciens combattants. Ces trente mois auront marqué sa vie, lui qui n’a cessé depuis de militer pour le devoir de mémoire, parallèlement à sa carrière professionnelle chez Dunlop, où il a travaillé trente ans.

20231205 - Une centaine de légionnaires ont passé la nuit au stade de Dornecy

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Des soldats à Dornecy, ce n’est pas banal. Les soixante-seize jeunes engagés venus du 4e étranger de Castelnaudary (Aude) et leur encadrement sont partis, dimanche, pour une longue marche en direction de l’Yonne.

Des soldats dans les rues de Dornecy, un dimanche matin, ce n’est pas banal. Pourtant, rassurez-vous, aucun conflit en vue !
 

Arrivés samedi à Dornecy, une centaine de légionnaires du 4e étranger de Castelnaudary, dans l’Aude, ont couché au stade municipal.

Le lendemain matin, dimanche, à 9 h, ils ont rendu un hommage solennel sur la tombe du capitaine Hamacek, ancien légionnaire et Saint-Cyrien, décédé à 29 ans, au Laos, en 1953, ancien membre du maquis Bernard (Montsauche-lès-Settons) en 1944.

La famille Hamacek, qui conserve toujours une maison dans le village, une trentaine d'habitants ainsi que de très nombreuses personnalités civiles et militaires ont assisté à la cérémonie. Après le discours du capitaine Schaap, relatant avec précision de nombreux épisodes de la vie du capitaine et sa mort héroïque face au Viêt Minh, des gerbes ont été déposées sur la tombe et la sonnerie aux Morts a pu retentir grâce aux clairons des légionnaires.

La sous-préfète de l'arrondissement Cyrielle Franchi a déposé une gerbe à la mémoire du capitaine.

À un rythme soutenu

Les soixante-seize jeunes engagés et leur encadrement sont ensuite partis dans le froiddu matin (- 6 ° C) pour la marche du képi blanc en direction de l’Yonne : d’abord le lac Sauvin (27 km), où ils ont dormi. Le lendemain, ils devaient marcher jusqu’à Cravant, puis Auxerre, où la remise officielle des képis blancs était prévue sur la place de l’Arquebuse. Exercice difficile, avec le port de tout l’équipement sur le dos (20 à 30 kg), encadré par un sous-officier chef de section et des chefs de groupe qui imposent un rythme particulièrement soutenu, la marche permet d'installer la solidarité et l’esprit d’équipe.

Comme l’a souligné le maire de Dornecy, Guy Bonhomme, une nouvelle visite de la Légion étrangère pourrait avoir lieu l’an prochain, en présence du général commandant, surnommé le Père Légion, le général Cyrille Youchtchenko, membre de la promotion Hamacek de Saint-Cyr.

20230916 - Agde - Cérémonie de remise des Képis Blancs du 4ème Régiment de la Légion Étrangère

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Ce samedi 16 septembre 2023, sur la pelouse du stade Louis Sanguin à Agde a eu lieu la remise des Képis Blancs au 40 jeunes engagés volontaires du 4ème Régiment de la Légion Étrangère.

En présence de Gilles D’Ettore, Maire d’Agde, Robert Craba, Adjoint, délégué aux Associations Patriotiques et des représentants de la Légion Étrangère, comme Jean-Pierre De Groote, président de l’Amicale des Anciens de la Légion Étrangère, Carmelo Gonzales, délégué Chargé de Mission Ancien Légionnaire.

La traditionnelle marche « képi Blanc » se déroule à la fin du premier mois de formation des légionnaires. Elle est suivie pour ceux qui ont effectué cette épreuve avec succès de la remise officielle de leurs képis blancs qui font d’eux des légionnaires à part entière.

Au cours de cette cérémonie, de nouveaux engagés ont coiffé le képi blanc pour la première fois, marquant officiellement leur entrée dans la famille Légion.

C’est un moment fort de la vie d’un légionnaire

Comme le veut la tradition, les jeunes militaires, dont la moyenne d’âge est de 23 ans, ont crié en chœur, «legio patria nostra», «la légion est notre patrie», la devise de la Légion. Après quoi ils ont fait le serment de servir la France avec «Honneur et Fidélité».

20230713 - 14 Juillet : un dernier défilé pour le chef de musique de la Légion Étrangère

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Ce 14 juillet, Émile Lardeux, le chef de musique de la Légion Étrangère, descendra pour la dernière fois les Champs-Élysées. Né à Château-Gontier, il a appris la musique avec son grand-père, organiste de la paroisse de Châtelais ( Maine-et-Loire) et chef de l’harmonie municipale.

Toute sa vie a été marquée par la baguette. Fils d’un boulanger du Châtelais, petit village de 660 habitants près de Segré (Maine-et-Loire). Émile Lardeux a failli lui aussi tomber dans le pétrin. Mais au CAP de boulangerie, il a très vite préféré une autre baguette, celle de la musique militaire. Il en a fait sa carrière, pendant 46 ans, de Rennes à Clermont-Ferrand, Dijon puis Aubagne (Bouches-du-Rhône), siège de l’État-Major de la Légion Étrangère. Il y est entré en 2008 et y a vécu seize ans, « mes plus belles années avec les képis blancs », confie-t-il sans une once d’hésitation.

Ce matin au pied de l’Arc de Triomphe, il achèvera sa carrière de chef de musique hors classe. Et descendra pour la seizième et dernière fois les Champs-Élysées avant de ranger son paquetage. « Dans la musique, c’est le légionnaire Vassiliev qui a le record : il a descendu 22 fois les Champs-Élysées ! »

De l’harmonie à la Légion

Ce n’est pas un hasard si Émile Lardeux, appelé affectueusement « Smuhc » par les légionnaires (l’abréviation de « chef de musique hors classe ») a attrapé le virus des marches militaires. Sa vocation s’est révélée pendant son service militaire. Toute sa famille vivait déjà au milieu des partitions : « Petit, je jouais de la musique dans l’harmonie municipale dirigée par mon grand-père, se souvient-il. Mon père était professeur de musique à Craon (Mayenne). Ma mère jouait aussi de l’orgue à la paroisse du Châtelais. Aujourd’hui âgée de 92 ans, elle a dû s’asseoir au clavier pour l’inhumation de toutes ses copines ! » Elle n’aurait pour rien au monde loupé hier, la veille du défilé, la remise de la Légion d’Honneur à fils dans les jardins du Sénat.

Place Rouge

À quoi pensera-t-il en arpentant une dernière fois au rythme légionnaire de 88 pas/minutes les pavés parisiens pour le défilé militaire du 14 juillet ? « Je n’oublierai jamais ce concert de la Légion Étrangère sur la place Rouge à Moscou avec Mireille Mathieu devant 4 000 personnes, » raconte-t-il. Ou « le disque de la Légion enregistré avec la prestigieuse maison Deutsch Grammophon, devenu disque d’or. » Il aura aussi en mémoire l’honneur d’une royale salutation sans protocole de la reine d’Angleterre, Élisabeth II, venue parler avec lui – et en français ! – lors du Windsor Castle Royal Tatoo. Et ces deux mémorables concerts de la Légion, donnés à l’Olympia en juin 2023.

« Où que l’on aille, on représente la Légion,  » explique-t-il. Avec sa musique, véritable ambassade des képis blancs à travers le monde, Émile Lardeux a parcouru quasiment toute la planète. Ses képis blancs, « d’abord des combattants entraînés à la dure, puis des musiciens, » seront allés du Mexique au Chili, en passant par le Canada, la Norvège, la Russie ou l’Angleterre. Mais aussi dans de nombreux villages de France où, à raison d’une quinzaine de concerts par an, la Légion Étrangère se produit en public. Sans oublier le Graal : la date principale de l’année : la cérémonie de Camerone, le 30 avril, qui commémore le sacrifice du capitaine Danjou avec ses 61 légionnaires contre une armée de 2 000 Mexicains. Un mythe fondateur pour la Légion.

Musique et ambassade

Émile Lardeux sourit de tous ces souvenirs. C’est pour mieux masquer l’émotion qui n’est pas loin. Même à la Légion, après tout ce temps parmi les rustiques soldats, il y a des moments poignants : « Les légionnaires vous rendent autant que vous leur donnez ! Je suis toujours admiratif de ces hommes qui ont tout quitté : famille, amis, racines, pour s’engager à la Légion », confie-t-il. « Moi qui suis angevin d’origine, j’ai eu jusqu’à 23 nationalités différentes dans ma musique. Des Chinois, des Moldaves, des Albanais, des Brésiliens, des Ukrainiens… Mais vous savez, la musique est une langue internationale ! » C’est d’ailleurs à un officier d’origine russe, le capitaine Khourda, qu’il transmettra sa baguette de chef de musique de la Légion Étrangère.

20230614 - Castelnaudary. Deux Chauriens auprès du père Lallemand à Aubagne pour les cérémonies de Camerone

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Les Chauriens sur les rangs aux côtés de militaires du cabinet du ministre.

Le Major (ER) Richard Charpentier et le capitaine D. étaient à Aubagne pour le 160e anniversaire du combat de Camerone où le père Lallemand, dont ils sont proches, a été mis à l’honneur.

Il a sauté plus de 900 fois en parachute, a participé aux opérations les plus dangereuses, au Zaïre ou encore au Tchad. L’aumônier Yannick Lallemand, 85 ans, a partagé le quotidien des soldats de la Légion étrangère pendant 23 ans. Il en est d’ailleurs une figure emblématique. Le père Lallemand, a été mis à l’honneur à l’occasion des commémorations de Camerone à Aubagne, lors des cérémonies présidée par le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, et à laquelle assistait le prince Albert de Monaco. C’est en effet le Padre, aujourd’hui retraité, qui a porté, sur la voie sacrée menant au monument aux morts, la main en bois du capitaine Danjou, héros du combat de Camerone dont on a fêté, cette année, le 160e anniversaire. Chaque année, un légionnaire à une carrière exceptionnelle est désigné par une commission, la décision est ensuite prise par le général Lardet, commandant la légion étrangère.

Pas d’accompagnants toutefois à ses côtés, ainsi l’avait souhaité le général. Le père Lallemand avait toutefois voulu à ses côtés des militaires qui lui sont proches : le major (ER) Richard Charpentier, le capitaine Diego et le caporal-chef Dinis qui, faute d’être les accompagnateurs, ont été les servants qui ont accompagné le Padre dans cet émouvant cérémonial auquel assistaient près de 10 000 personnes. Le premier s’est retiré dans notre ville quand l’heure de la retraite a sonné, le second, lui y est affecté au "4" où il est officier adjoint à la 2e compagnie d’engagés volontaires, quant au 3e, il est comme tout légionnaire, passé par le régiment chaurien. Quant au père Lallemand, il a lui aussi servi dans le régiment des Fortes têtes pendant 6 années. Il est aujourd’hui retraité mais toujours très présent dans les rangs de la Légion étrangère, notamment aux côtés des anciens d’Auriol et Puyloubier.

20230606 - Émile Lardeux, la légion saute sur l’Olympia

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Émile Lardeux. Louis-Laurent Dupont/Atelier "Fermé le lundi"

 

Le chef de la musique de la légion étrangère fait ses adieux à l’institution en dirigeant deux concerts, le 18 juin, dans la salle mythique de Paris.

Il entre dans l’Olympia vide à pas lents, comme s’il défilait, en fredonnant Aux légionnaires: «Quand on a bouffé son pognon, et gâché par un coup de cochon toute sa carrière…» Ce matin de mai, enjambant fils et matériels, le lieutenant-colonel Émile Lardeux, chef de la musique de la Légion étrangère, fait des repérages en prévision des concerts qui ponctueront la journée «Monsieur Légionnaire»: vingt-quatre heures à Paris pour des centaines de képis blancs. Et forcément des chants.

La Légion à l’Olympia, vous avez bien lu. Celui qu’on surnomme le «Chmuc» (chef de musique hors classe) n’aurait jamais imaginé clore une carrière commencée il y a quarante-quatre ans dans la salle mythique du boulevard des Capucines. Et pourtant, devant un public où l’on comptera 500 légionnaires envoyés par leurs unités, des blessés, des invités et des amateurs, Émile Lardeux fera interpréter par sa troupe d’une soixantaine de musiciens de nombreux airs autour de la Légion. L’idée est que le concert relate…

 

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