18991213 - ORDRE GÉNÉRAL 302

18991213 - Journal officiel de Madagascar et dépendances

 

Le 15 mai dernier, le commandant du secteur d'Ikongo était prévenu qu'une révolte était sur le point d'éclater.

Le lendemain, un petit détachement envoyé dans un village voisin tombait dans une embuscade et presque tous les hommes qui le composaient étaient blessés plus ou moins grièvement.

Cette agression devint le signal d'une révolte générale dans tout le pays d'Ikongo.

Le 20 au matin, une bande de 2 à 300 Tanala attaqua Fort-Carnot; mais leur agression fut facilement repoussée, grâce à la présence d'un renfort de 50 miliciens reçu la veille au soir de Fianarantsoa à l'insu des agresseurs.

Le même jour, à la même heure, le poste de Sahalanony fut l'objet d'une attaque analogue et sa petite garnison ne réussissait à se maintenir qu'à grand'peine et après avoir subi des pertes considérables. La nuit suivante, le poste Sahasinaka fut enlevé par les habitants du village, de complicité avec quelques tirailleurs.

Sans rechercher les causes de cette insurrection, il faut constater qu'elle avait été longuement préparée et bien nettement dirigée contre notre occupation.

La répression ne se fit pas attendre. La 5e compagnie de légion, en route pour le cercle des Bara, arriva le 19 à Fianarantsoa et fut immédiatement dirigée sur Fort-Carnot. Son premier soin fut de rétablir la liaison entre les postes, ce qui eut lieu le 31 mai.

Presque à la même date, arriva à Fort-Carnot un détachement de 80 conducteurs sénégalais.

Nos troupes reprirent aussitôt l'offensive et commencèrent à travers la contrée une série de reconnaissances qui ont duré jusqu'à la fin de septembre, et au cours desquelles elles se sont heurtées à un nombre considérable de positions fortifiées bien défendues par les Tanala et dont l'enlèvement nous a, plusieurs fois, coûté des pertes sérieuses..

L'arrivée aussi rapide d'effectifs relativement considérables fit comprendre aux Tanala l'impossibilité d'échapper à notre autorité et amena les moins résolus d'entre eux à envisager l'idée de se soumettre à nouveau. Les soumissions commencèrent, en effet, au 1er juillet, et, à la fin de septembre, la plupart des chefs avaient déjà réintégré leurs villages. L'insurrection était à peu près terminée.

Le Général est heureux d'exprimer toute sa satisfaction aux troupes qui, par leur résistance à la fatigue, par leur bravoure et leur au- dace, ont permis de rétablir aussi prompte- ment l'ordre dans ce pays et en particulier aux cadres qui les ont dirigées.

Il cite à l'ordre du Corps d'occupation :

M. le lieutenant Marchat, de l'artillerie de marine :
« S'est fait remarquer pas sa décision et son sang-froid dans toutes les affaires où la pièce a pris part. A particulièrement contribué, par l'efficacité de son tir, au succès des affaires de Tsiamalea et de Vohimamo, 20 et 21 septembre 1899.»

Le sergent Pinel, N° M16 C 4085, de la 8e compagnie du 2e régiment de tirailleurs malgaches :
« S'est fait tuer héroïquement pour accomplir une mission qu'il avait reçue, le 16 mai 1899, au village d'Ambohitsivala. »

Le caporal Collin, N° Mle 22575, de la 5e compagnie de légion :
« Chargé d'escorter un convoi attaqué par les rebelles le 6 juillet à Antokotoko, a fait preuve en le défendant de beaucoup de sang- froid et de courage et est arrivé à destination sans perdre une seule charge. S'est brillamment conduit au combat de Betona, le 8 juillet. »

Le caporal Rajoana, N" Mle 5596, de la 8e compagnie du 2e régiment de tirailleurs malgaches :
« Bien que blessé au début du combat d'Ambohitsivalana,le 16 mai 1899, a continué à se battre et a tenu tête aux Tanala, qui n'ont pu s'emparer du corps du sergent Pinel, ni de ses armes. »

Le soldat de 1re classe Léglise, N° Mle D 4826, de la 11e compagnie du 13e régiment d'infanterie de marine :
« Pendant l'attaque du poste de Sahalanona, le 20 mai 1899, a secondé avec beaucoup d'énergie le chef de poste et s'est jeté a plusieurs reprises avec quelques tirailleurs à la baïonnette sur des groupes rebelles qu'il a dispersés. »

Le soldat de 1re classe Berger, N° Mle 16874, de la 5e compagnie de légion :
« Bien que blessé de trois coups de sagaie dès le début, est resté à son poste pendant toute la durée de l'action le 26 juin 1899, au combat de l'Ankaramena. »

Le soldat de1re classe Muller, No MIe 16758 de la 5e compagnie de légion :
« A montré beaucoup de bravoure le 26 juin 1899, dans le combat de l'Ankeramena, où il a été grièvement blessé d'un coup de sagaie au visage. »

Le soldat de 2e classe Messner, N° MIe 22283, de la 5e compagnie de légion :
« A montré la plus grande bravoure jusqu'au moment où il a été mortellement frappé au combat de l'Ankaramena, le 26 juin 1899. »

Le soldat de 2e classe Mertens, N° Mle 23593, de la 5e compagnie de légion :
« Bien que blessé au visage, s'est offert à déblayer les abords du retranchement et a effectué ce travail sous un jet continu de pierres et de sagaies, le 26 juin 1899, à l'Ankaramena. »

Le soldat de 2e classe Adoue, N° MIe 22222, de la 5e compagnie de légion :
« S'est brillamment conduit à l'attaque du repaire de l'Ankaramena, où il a été sérieusement blessé d'un coup de sagaie, le 26 juin 1899. »

Le tirailleur de 1re classe Rabary, N° Mie 5614, de la 8e compagnie du 2e régiment de tirailleurs malgaches :
« S'est brillamment conduit à la défense du poste de Sahalanona, où il a été blessé de deux coups de sagaie, le 20 mai 1899. »

Le tirailleur de 2e classe Rainijobia, N° MIe 5647, de la même compagnie :
« Etant de faction au poste de Sahalanona, s'est fait tuer bravement en jetant le cri d'alarme, le 20 mai 1899. »

Le tirailleur de 2e classe Rafaralahy, N° Mie 5766, de la même compagnie :
« A été tué en se battant courageusement pour la défense du poste de Sahalanona, le 20 mai 1899. »

Le tirailleur de 2e classe Rajoena, N° Mle 5598, de la même compagnie :
« Bien que blessé au début de l'attaque de Sahalanona, a bravement combattu jusqu'à la fin. »

Le tirailleur de 2e classe Randriamitsiry, N° Mle 5769, de la même compagnie :
« A l'attaque du poste de Sahasinaka, s'est fait tuer en défendant le chef de poste, le 21 mai 1899. »

Le tirailleur de 2e classe Razafy, N° Mie 5763, de la même compagnie :
«A été gravement blessé eu se battant courageusement aux côtés du chef de poste de Sahasinaka, le 21 mai 1899. »

Le conducteur de 2e classe Bokar-Ly, N° Mie 309, de la 2e compagnie de conducteurs :
« S'est brillamment conduit à l'affaire de Tsiamalea, où il a été gravement blessé, le 24 juillet1899. »

Le Général adresse en outre ses félicitations :

A Monsieur le Docteur Robert, médecin militaire des colonies :
« Pour le dévouement et la sollicitude dont il a fait preuve pendant les opérations et dans la direction de l'infirmerie de Fort-Carnot, en juillet, août et septembre 1899. »

Au maréchal-des logis Koenig, N° Mie A 34194, de la 5e batterie :
« Pour sa brillante conduite dans toutes les affaires où la pièce a pris part et pour l'aide efficace qu'il a prêtée au commandant de l'artillerie dans la conduite de la pièce et dans le tir. »

Au sergent Joubert, N° Mie D 28087, de la 8e compagnie du 2e régiment de tirailleurs malgacnes :
« Pour l'intelligence et la fermeté qu'il a montrées dans le commandement du poste de Sahalanona pendant l'insurrection, et pour avoir su déjouer plusieurs tentatives des rebelles contre son poste. »

Au sergent-fourrier Renouard, No Mle DD 4400, de la 11e compagnie du 13e régiment d'infanterie de marine :
« Pour l'entrain et l'énergie qu'il a montrés pendant les opérations d'Ikongo, et en particulier à l'attaque des repaires de l'Ankarakaraka et du Tomboholava, les 24, 25 juin 1899. »

Au sergent Régnier, N° MIe 13398, de la 5e compagnie de légion :
« Pour l'énergie et la bravoure qu'il a montrées et pour les efforts que, par son ascendant, il a su obtenir de ses hommes pendant toute la durée des opérations. »

Au maréchal-des-logis Viardin, N° Mie B 35790, de la 2e compagnie de conducteurs :
« Pour l'énergie et la belle attitude qu'il a montrées dans toutes les affaires auxquelles il a pris part et. en particulier, aux attaques de Betona (8 juillet) et de Tsiamalea (24 juillet). »

Au sergent-fourrier Tester, N° Mie 12120, de la 5e compagnie de légion :
« Pour le soin qu'il a apporté dans le service du ravitaillement qu'il a toujours parfaitement assuré, malgré les difficultés rencontrées. »

Aux caporaux Cottin, N° MIe 23111, Blinhant, N° Mie 22421, de la 5e compagnie de légion :
« Pour la bravoure et l'endurance qu'ils ont montrées pendant toute la durée des opérations dans le secteur d'Ikongo.»

Au soldat de 2e classe Vaith, N° MIe 21809, de la même compagnie :
« Pour sa conduite à l'affaire de l'Ankaramena, le 26 juin, où, bien que légèrement blessé, il a continué à combattre jusqu'à la fin. »

Aux soldats de 2e classe Stieber, N° Mle 17727, Schmid, N° Mle 22574, de la même compagnie :
« Pour leur bravoure à l'attaque de la position de Tsiamalea, le 24 juillet, où ils sont arrivés les premiers sur la position ennemie. »

Aux conducteurs sénégalais Moussa-Diarra, N° Mie 117, Bardiougou-Keita, N° Mle 90, de la 2e compagnie de conducteurs :
« Pour leur bravoure à l'attaque de Tsiamalea, le 24 juillet, où ils ont été tous deux légèrement blessés.»

Le Général exprime sa satisfaction au magasinier de 3e classe Trinquefort:
« Pour l'initiative intelligente et le dévouement dont il a fait preuve, pour assurer, dans des circonstances très difficiles, le ravitaillement des troupes du secteur d'Ikongo, pendant toute la durée des opérations. »

Enfin, le Général décide que le poste de Sahasinaka prendra le nom de Fort Pinel.

Un exemplaire du présent ordre sera remis à chacun des militaires qui y sont dénommés ou envoyé-à leur famille.

Tananarive, le 27 Novembre 1899.
Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général p. i. de Madagascar et Dépendances,
PENNEQUIN.

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