NOMINATIONS
Dans l'ordre de l'Étoile d'Anjouan
M. le Ministre des Colonies informe,par lettre du 6 septembre dernier, le Général commandant le Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances qu'il a favorablement accueilli ses propositions pour l'ordre de l’Étoile d'Anjouan, faites à l'occasion du 14 juillet 1897 et que, par décret du 19 novembre dernier, M. le Président de la République a ratifié cette décision.
En conséquence, sont nommés :
Au grade d'Officier :
Brulard, capitaine au régiment d'algérie.
Taupin, id. id.
Au grade de Chevalier :
Dérigoin Joseph Adrien Hubert, lieutenant, légion étrangère.
Schneider Joseph, soldat de 1re classe, id
Cupillard Jean Eugène, clairon, id.
Bonnic Hubert, soldat de 2e classe, id.
Schvvartz Sébastien Joseph, id.
18971223 - Journal officiel de Madagascar et dépendances - Réorganisation des territoires militaires
ARRÊTÉ 1245
portant réorganisation des territoires militaires.
Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances,
Vu les décrets des 11 décembre 1895 et 30 juillet 1891;
Vu l'arrêté du 21 septembre 1896, instituant l'Imerina et le Betsiléo en territoires militaires;
Vu l'arrêté du 21 septembre 1896, divisant l'Imerina en cercles militaires;
Vu l'arrêté 1123, du 12 novembre1897, créant le territoire sakalave ;
Considérant que les progrès' de notre pénétration dans l'Ouest permettent de commencer l'organisation administrative des régions situées entre le plateau central et le pays sakalave et qu'il importe, à cet effet, de reporter vers l'Ouest le chef-lieu du 2e territoire afin d'assurer l'unité de direction et l'impulsion immédiate à donner à cette organisation ;
Considérant de plus que, malgré la situation satisfaisante des régions frontières de l'Emyrne, il est indispensable d'exercer sur elles, quelque temps encore, une surveillance étroite et que cette surveillance ne peut être obtenue qu'en plaçant sous un commandement unique tous les postes de la ligne d'étapes et de la grande forêt,
Arrête :
ART. I. — Le deuxième territoire militaire, diminué du cercle de Tsiafahy, et dont le chef lieu est transféré à Soavinandriana, comprend désormais les cercles de Miarinarivo et de Bétafo, ainsi que les cercles-annexes d'Ankavandra et du Betsiriry.
ART. II. — Les cercles d'Anjozorobé, de Moramanga et de Tsiafahy sont groupés en un territoire militaire dénommé « premier territoire militaire», dont le chef-lieu est à Ankeramadinika.
ART. III. - Le secteur de l'Ankaratra est détaché du cercle-annexe d'Arivonimamo et rattaché au cercle-annexe de Bétafo, qui devient « cercle de Bétafo».
ART. IV. — Le secteur d'Arivonimamo constitue le cercle-annexe d'Arivonimamo, qui est rattaché au 3e territoire militaire.
ART. V. — Le secteur du Betsiriry, augmenté de la province de Manandaza, constitue un cercle-annexe relevant du cercle de Bétafo et dénommé «cercle-annexe du Betsiriry».
ART. VI..-. Les régions du Haut-Manambao et du Manambolo, entre Bemaraha et BongoLava, limitées au sud par la ligne de partage des eaux entre les bassins du Manambolo et de la Manandaza, sont détachées du territoire sakalave et constituent un cercle-annexe dénommé « cercle-annexe d'Ankavandra », relevant du cercle de Miarinarivo.
ART. VII.-Les commandants des cercles et cercles-annexes susvisés exerceront, sous l'autorité de leurs commandants de territoires respectifs, les attributions dévolues aux administrateurs chefs de province, telles qu'elles sont définies par les décrets, arrêtés et règlements en vigueur.
ART. VIII. — Les officiers ci-après désignés sont maintenus ou nommés dans les commandements définis aux articles précédents, savoir :
1er Territoire militaire : lieutenant-colonel Gouttenègre.
Cercle de Moramanga : commandant Lamolle.
Cercle d'Anjozorobé: commandant Pourrat.
Cercle de Tsiafahy : commandant Lavoisot.
2e Territoire militaire : lieutenant-colonel Sucillon.
Cercle de Miarinarivo : commandant Cussac.
Cercle-annexe d'Ankavandra : capitaine Gallois.
Cercle de Bétafo : capitaine Durand.
Cercle-annexe du Betsiriry : capitaine Lucciardi.
3e Territoire militaire : colonel Houry.
Cercle - annexe d'Arivonimamo : capitaine Schoeffer.
ART. IX. — Le présent arrêté entrera en vigueur à la date du 1er janvier 1898.
Fait à Tananarive, le 19 Décembre 1897. GALLIENI.
Vu : Le Directeur des Finances et du Contrôle, Crayssac.
Les numéros, du Journal Officiel de la République Française parvenus par le dernier courrier enregistrent les promotions, nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur et la Médaille militaire, les inscriptions au tableau de concours pour la Légion d'honneur et les affectations suivantes :
Par décret du 9 novembre 1897.
L'adjudant Bétille, du bataillon étranger, a été inscrit d'office au tableau de concours pour la Légion d'honneur.
TERRITOIRES MILITAIRES
CERCLE-ANNEXE DE FORT-Dauphin
Pendant le mois de novembre, des résultats très appréciables ont été obtenus pour la pacification et l'organisation de la province de Fort-Dauphin.
M. le capitaine Brulard, commandant le nouveau cercle-annexe, a adressé à ce sujet au Gouverneur Général les renseignements qui suivent sur la situation militaire et politique de sa circonscription.
Situation militaire. — Des reconnaissances actives dirigées par les officiers de la compagnie de légion parcourent le pays dans tous les sens et contribuent à étendre de jour en jour la zone soumise à notre autorité.
Le Journal Officiel a déjà relaté, à ce point de vue, les opérations conduites par MM. les lieutenants Prévot et Cornetto, qui ont abouti à la création de plusieurs postes dans les régions de l'est et de l'ouest de la province.
Plus récemment, M. le capitaine Brulard a dirigé une reconnaissance qui l'a amené à parcourir successivement les régions du sud et de l'ouest et à y créer les deux nouveaux postes d'Andrahomana et de Behara. Cette dernière localité, qui était un des principaux centres de résistance des Antandroys, a dû être enlevée de vive force après un engagement assez sérieux, au cours duquel les rebelles ont subi de nombreuses pertes. Son occupation présente une grande importance en ce sens qu'elle facilitera considérablement les transactions entre la province de Fort-Dauphin et les régions de la rive droite du Mandraré; elle reliera, d'autre part, le poste d'Andrahomana, situé sur la côte, avec ceux de Tsilahamana et d'Elakelaka," récemment créés dans l'intérieur. Un autre poste, qui sera créé prochainement sur la rive gauche du Mandraré, àAmpasimpolaka, permettra d'achever cette liaison et de commander tout le cours de la rivière.
L'ensemble de ces dispositions constituera à l'ouest de la province de Fort-Dauphin une frontière provisoire solidement organisée, -qui arrêtera les incursions des rebelles antandroys dans la région des Antatsimos, presque complètement pacifiée aujourd'hui.
Au point de vue commercial, l'occupation de Behara a déjà permis de supprimer le tribut assez élevé que, depuis de longues années, les Antandroys avaient imposé aux caravanes venant de l'ouest et du sud-oue^t et aux traitants qui représentaient dans cette région les maisons de Fort-Dauphin.
Voici le résumé de l'itinéraire suivi et des opérations exécutées au commencement de novembre par le commandant du cercle-anriexe.
Parti de Fort-Dauphin le 30 octobre avec un détachement comprenant 24 légionnaires et 36 miliciens, M. le capitaine Brulard arrivait le 1er novembre à Andrabomana, petit port commerçant où sont établis depuis quelques années plusieurs traitants créoles qui accueillirent avec joie l'arrivée de nos troupes. Un poste y fut immédiatement établi pour permettre d'enserrer et de surveiller plus étroitement la région antatsimo et d'assurer la liaison de la ligne du Mandraré avec Manambaro et Fort-Dauphin. Ce poste constituera en outre, pour les détachement de l'Ouest, le dépôt de vivres qui seront envoyés par mer de Fort-Dauphin.
Le lendemain, 2 novembre, la reconnaissance continuait sa route dans la direction du nord. Elle se préparait à traverser vers le soir la petite rivière de Vinangy, lorsque des groupes compacts d'Antandroys apparaissent tout à coup à environ 1.500 mètres et se dirigent en courant à la rencontre du détachement en poussant de grands cris et en exécutantrieurs danses de guerre. Arrivés à environ 300 mètres, ils ouvrent le feu.
Le détachement, qui s'est formé en carré, répond par des feux de salve qui arrêtent l'élan des assaillants et finissent par les mettre en fuite. Le bivouac est pris sur la position et la nuit n'est troublée par aucun incident.
Le 3 novembre, à l'aube, le détachement se dirige vers Ampasimpolaka, premier centre de villages rebelles. Bientôt, d'énormes abatis de cactus épineux et touffus ralentissent la marche et la petite troupe, tout en se frayant un passage, est obligée de répondre au feu des Antandroys, dissimulés surles deux rives du fleuve.
A 8 heures, le détachement atteint Ampasimpolaka, où il est reçu à coups de fusil; après un engagement qui dure près d'une heure, les rebelles sont délogés et vont occuper une clairière voisine où, quelques instants plus tard, appuyés par les Antandroys de la rive droite, ils cherchent, sans succès du reste, à reprendre l'offensive et à prononcer une attaque sur le convoi.
Repoussés de toutes parts, ils prennent enfin la fuite et, comme la veille, la nuit se passe tranquillement.
L'intention de M. le capitaine Brulard était d'abord de limiter sa reconnaissance à Ampasimpolaka, mais les incidents de la journée ayant démontré que les gens de Behara, dont l'hostilité était depuis longtemps connue, avaient participé à l'attaque contre nos troupes, il se décida à aller occuper dès le lendemain ce centre très important de résistance.
Le 4 novembre, la marche est reprise dans cette direction; elle s'exécute, non sans difficulté, au travers d'abatis qui couvrent une grande partie du chemin et derrière lesquels quelques Antandroys tirent isolément sur le détachement.
Vers midi, en débouchant chez les Zafindravalas, une petite patrouille réussit à faire une vingtaine de prisonniers et à s'emparer d'un troupeau et de quelques fusils.
Le détachementarrive à Manangara à 4 h. 1/2 du soir et y bivouaque.
Le 5 novembre, au point du jour, on se remet en marche. Au moment du départ, les émissaires envoyés chez les Antandroys rejoignent M. le capitaine Brulard. Ils racontent qu'ils ont pu assister à un grand kabary tenu la veille par les habitants des villages de Behara, et rendent compte des résolutions qui y ont été prises.
Le vieux roi de Behara, Sifola, et ses ministres avaient manifesté le désir de faire leur soumission à l'arrivée des troupes, mais cette proposition pacifique avait été repoussée par le parti des jeunes, qui se prétendait assez fort par ses armes et ses raketa pour s'opposer à notre marche en avant.
Après la traversée du Manangara, le détachement s'engage sur un terrain accidenté, coupé de fondrières où sont cachées des branches de cactus qui rendent la marche difficile et très pénible. Bientôt cependant, on débouche devant l'entrée principale de Behara, où un feu nourri accueille l'arrivée de nos soldats.
La position de Behara occupée par les rebelles était des plus fortes. Située au centre d'une vingtaine de villages, séparés les uns des autres par des fossés et des haies très épaisse de cactus, elle constitue un obstacle des plus sérieux.
L'assaut est ordonné immédiatement et, après une résistance longue et acharnée, qui oblige à enlever successivement une vingtaine de réduits fortifiés, les Antandroys s'enfuient dans toutes les directions.
L'après-midi du 5 et la journée du 6 sont employées à fouiller les villages et à reconnaître le terrain environnant.
Le 6 à midi, le sergent Hussièrc, commandant le poste de Tsilamahana, faisait sans obstacle sa jonction avec le détachement.
Pour éviter tout retour offensif des rebelles, un poste comprenant un sergent et 42 hommes, légionnaires et miliciens, est créé à Behara.
Le 7 novembre, M. le capitaine Brulard quitte la région avec le reste de son détachement.
Sur son parcours, il est rejoint par les notables des villages d'Ankirikiria, voisins de Behara, qui viennent faire leur soumission et rendre leurs armes en annonçant la libération de leurs esclaves.
Cette opération a fait faire un grand pas à la pacification de la province en détruisant, par deux nouveaux échecs, le prestige dont les Antandroys jouissaient encore dans la contrée et qu'ils s'étaient acquis par leur bravoure très réelle et par les succès remportés autrefois contre les Hovas.
Le résultat ne s'est d'ailleurs pas fait attendre et, quelques jours après l'enlèvement de Behara, le roi Sifola et plusieurs de ses conseillers venaient faire leur soumission au commandant du nouveau poste.
Depuis, ce mouvement de soumission s'accentue chaque jour davantage. L'exemple donné a été suivi par de nombreux villages antatsimos, antanosys et antandroys des régions de Tsilamahana et d'Elakelaka.
Situation politique. — A la suite des importants résultats déjà obtenus, M. le capitaine Brulard se propose de diviser le territoire de la province de Fort-Dauphin en trois secteurs qui seront ainsi répartis :
1er Secteur antandroy. — Les limites de ce secteur, dont la partie ouest est encore à reconnaître, seront jalonnées par le lac de Ranofotsy et les postes d'Elakelaka de Tsilamahana et de Behara.
Il comprendra, en outre, le poste côtier d'Andrahomana, qui vient d'être créé, et le poste d'Ampasimpolaka, en cours d'installation.
2e Secteur anlanosy. — Ce secteur aura pour limites: à l'ouest, la chaîne qui sépare Elakelaka de la vallée d'Ambolo et celle qui sépare Tsilamahana de la vallée du Manambolo; au nord, il s'arrêtera a la grande chaîne qui se dirige d'Andetra vers la mer, en passant par
Andasibe.
Les postes de ce secteur seront: Manambolo, Esira, Andetra, Andasibé, Manantenina, Ambaniaro et Ambolo; ce dernier poste sera le chef-lieu du secteur.
3e Secteur de Fort-Dauphin. — Les limites de ce secteur seront: le lac de Ranofotsy, Ankaramena Ankaramena, Fanjahira et Ste-Luce. Il comprendra les deux postes de Fort-Dauphin et de Manambaro.
Ce groupement se rapproche des anciennes divisions en races ou tribus. M. le capitaine Brulard estime qu'on ne saurait, pour l'instant, confier une partie de l'administration indigène à des chefs, même élus. Leur autorité ne serait qu'illusoire, tous ces peuples ayant trop souffert des exigences de leurs anciens rois pour qu'ils consentent à accepter franchement l'autorité de ceux-là mêmes qu'ils paraîtraient avoir choisis de leur plein gré. L'action directe de nos postes aura une influence beaucoup plus grande; d'autant qu'il faudra éteindre aussi les haines existant encore à l'état latent et qui proviennent de luttes et de rapts sans nombre. Beaucoup de ces tribus avaient compté sur notre présence pour satisfaire leurs rancunes personnelles. Le temps en aura raison, mais il faudra du tact et de la patience pour amener une fusion complète.
Au cours de sa tournée, M. le capitaine Brulard avait mis en présence, pour les réconcilier, les tribus de Romeloho et d'Andasibé qui, depuis plus de cent ans peut-être, se faisaient une guerre acharnée, se dépossédant mutuellement et de leurs terres et de leurs bœufs.
Pour obtenir le résultat cherché, il a fallu, tant les récriminations étaient vives, les obliger a prêter, à la mode malgache, le serment du ranovelamena.
Désarmement. — Ces récriminations seraient d'ailleurs sans danger, aujourd'hui que le désarmement est à peu près complétement terminé dans toute la région conquise et pacifiée. Aussi, est-ce la première obligation qui est imposée pour toute nouvelle soumission.
Les armes prises ou rendues jusqu'à ce jour ont atteint le chiffre de 7.500 environ (dont près de 1.200 fusils de divers modèles).
TERRITOIRES MILITAIRES
TERRITOIRE SAKALAVE
Les derniers renseignements reçus sur la situation générale des territoires sakalaves confirment que les résultats obtenus par les détachements chargés de la pénétration restent acquis. Aussi, M. le lieutenant-colonel Septans a-t-il pu, sans inconvénient, diminuer ses effectifs et envoyer dans le sud une partie des renforts qui avaient été mis à sa disposition.
La situation actuelle peut être résumée ainsi qu'il suit.
Répartition des troupes. — Les régions de Maintirano et du Manambolo sont occupées par les compagnies Mourin, Orlanducci et Landeroin.
Dans la vallée de la Tsiribihina, les postes sont tenus par la compagnie Mazillier, dont la portion principale est à Ambiky, et par le peloton Baudouin, installé à Tsimandrafozana.
La région de Morondava est occupée par la compagnie Talion et par les pelotons Goehring et Banal.
La compagnie Dulin est à Mahabo.
La compagnie Robin a pu être envoyée plus au sud, pour créer un poste à Ambohibé, à l'embouchure du Mangoky.
Enfin, la compagnie Flayelle, primitivement envoyée dans l'ouest, a pu être dirigée sur la province de Tulléar pour permettre d'accentuer dans cette région le mouvement de pénétration vers l'intérieur.
Nouvelles et Informations
M. le chef de bataillon Cussac a pris, à la date du 4 décembre, le commandement du cercle de Tsiafahy. M. le commandant Gouttenègre a quitté Tsiafahy le même jour, se dirigeant sur Miarinarivo, nouveau siège de son commandement.