L’œuvre de Hom Nguyen - L’idéal incarné

À l’occasion de la nouvelle exposition temporaire “Monsieur Légionnaire : un héros, cent visages”, le public du musée de la Légion étrangère d’Aubagne à l’opportunité de (re)découvrir l’œuvre éponyme de Hom Nguyen, une participation monumentale à cette galerie de portraits qui rend hommage à l’idéal incarné par ce soldat d’exception au cours de son histoire.

L’arrivée en grande pompe, avec passage à la “Réunion des officiers” (mess), de cet imposant portrait est ainsi l’occasion de rappeler la riche histoire commune entre les arts graphiques et la Légion. Focus sur cet artiste autodidacte qui continue d’entretenir une relation privilégiée avec la Légion et Monsieur Légionnaire.

Né en 1972 à Paris d’une famille d’origine vietnamienne, Hom Nguyen est très vite obligé de prendre ses responsabilités au sein de sa famille après le décès de son père et l’accident qui laisse sa mère paraplégique. C’est après le décès de cette dernière en 2009 que la nécessité de s’exprimer à travers l’art s’impose à Hom Nguyen, avec un goût marqué pour les couleurs bigarrées, en opposition à une adolescence grisâtre. Ce pur autodidacte possède aujourd’hui dans le monde de l’art contemporain, une renommée internationale qu’il entretient savamment par le biais des réseaux sociaux. Une conférence à l’Université Paris-Sorbonne lui a même été dédiée en 2017.

Tableau Nguyen

Il en découle une œuvre en constante expérimentation, bigarrée, souvent abstraite mais toujours cohérente, dont les coups de pinceaux à priori aléatoires finissent par faire émerger des visages. Il en est de même pour son “Monsieur Légionnaire”, une toile massive de 2,50 mètres de haut sur 1,90 mètre de large qui semble jaillir de derrière le mur pour faire face au spectateur médusé. L’abondance de couleurs et l’éclairage, en contraste avec la lumière tamisée du reste de l’exposition, participe à donner du relief et de la gravité qui n’en manque pourtant pas.
L’attachement de l’artiste pour la Légion étrangère n’est pas nouveau et remonte à son passage au sein du 2e Régiment étranger de parachutistes, au camp Rafalli de Calvi. D’abord fruit du hasard, cette rencontre, faite au détour d’une exposition sur l’île de Beauté, va se révéler fusionnelle pour l’artiste, qui en tirera une exposition “Portraits de légionnaires” en 2019, centrée autour des portraits qu’il a tirés au contact de “Monsieur Légionnaire”.

L’artiste a-t-il été touché par la figure tragique de ses soldats, lui qui a connu une enfance difficile marquée par les difficultés ? Ou s’est-il reconnu dans ces étrangers ayant trouvé en France une nouvelle patrie à chérir, lui l’enfant d’immigrés ?

Toujours est-il que sa volonté d’honorer les valeurs comme l’altruisme, le dépassement de soi, la fraternité, des valeurs partagées tant par l’artiste que par la Légion, à travers la personne d’un légionnaire du rang l’honore, et fera dire au colonel Christophe de La Chapelle, chef de corps du 2e REP en 2019, que Hom Nguyen a “cette âme du légionnaire.” Ce projet de transmission que représente “Monsieur Légionnaire” a dès lors toute sa place au sein d’un musée comme celui de la Légion.

Hom Nguyen rejoint ainsi la longue liste d’artistes graphiques qui ont apposés leurs noms à côté de celui de la Légion, comme Hans Hartung, Alexandre Zinoviev ou, plus récemment, la photographe Rineke Djikstra, dont les œuvres font face à “Monsieur Légionnaire” au sein de la nouvelle exposition.

Preuve s’il en est que la figure du légionnaire continue encore aujourd’hui de fasciner et d’inspirer les artistes, qui participent ainsi à écrire la légende de “Monsieur Légionnaire”, cet homme aux mille facettes et aux cent visages.