20181210 - Médecin-Lieutenant Bernard Plisson

20181111 - Ceux de 14 – Max Mader, un héros français de la Grande Guerre d’origine… allemande

https://www.opex360.com/

 

Ceux de 14 – Max Mader, un héros français de la Grande Guerre d’origine… allemande

 

 Le sous-lieutenant Max Mader, à gauche sur la photo.

En ce début d’août 1914, les ressortissants allemands engagés au sein de la Légion étrangère se trouvèrent devant un cas de conscience : prendre les armes contre le pays qui les avait vu naître ou pour celui qu’ils avaient choisi de servir?

L’écrivain Ernst Jünger, qui relatera, en 1936, son expérience de légionnaire dans « Jeux africains » , rejoindra l’armée allemande. D’autres conservèrent en leur « coeur » la devise de la Légion étrangère : « Legio Patria Nostra ». Et certains eurent une conduite héroïque, comme Max Mader.

 

Né le 18 janvier 1880 à Giengen [Wurtemberg, Allemagne], Max Mader est incorporé dans un bataillon de pionners wurtembourgeois à 18 ans. D’un caractère bien affirmé, il aurait eu un « différend » avec l’un de ses supérieurs. Que s’est-il passé? Difficile à le dire avec certitude… Mais il aurait probablement soldé définitivement ses comptes avec ce « supérieur », ce qui expliquerait ensuite sa désertion…

Quoi qu’il en soit, en décembre 1889, venu de la Suisse, Max Mader se présente à un bureau de recrutement de la Légion étrangère et signe un engagement de cinq ans. Affecté un 1er Régiment Étranger [RE], il sert au Tonkin jusqu’en 1904. Arrivé au bout de ses cinq années de contrat, il rempile pour un second. Il rejoint alors le 2e RE, à Saïda [Algérie]. Là, il prend part à de nombreux combats dans les régions sahariennes du Maroc et de l’Algérie.

 
 

En 1909, Max Mader est promu caporal. Et, désormais, il sert « sans interruption de service par engagements successifs ». Naturalisé français, il devient sous-officier en octobre 1911.

Après le début de la Première Guerre Mondiale, Max Mader, alors promu adjudant, est affecté au 2e Régiment de marche du 2e RE. Il se distingue lors des combats en Champagne, ce qui lui vaut la Médaille Militaire (décernée en mars 1915). Lors de la dissolution de son unité, le 11 novembre 1915, il est réaffecté au Régiment de Marche de la Légion étrangère [RMLE]. Il prend alors part à de nombreuses offensives et à autant de coups de main audacieux. Il se forge ainsi une solide réputation, qu’illustre son exploit du 21 avril 1917, à Auberive [Haute-Marne]

Voici tel qu’il est raconté dans l’historique du RMLE :

« Dans la longue et profonde sape, d’où s’échappaient des odeurs nauséabondes, mêlés aux morts ennemis en décomposition, éreintés par 5 jours et 5 nuits de combats, officiers et légionnaires des 6e et 7e compagnies, déjà décimées, et quelques mitrailleurs, dormaient d’un pesant sommeil. Cependant à l’extérieur, où ne veillaient que quelques guetteurs, immobiles dans le lugubre silence de ce matin de guerre, cote à côtc, anxieux de savoir ce qu’apportait avec lui ce nouveau jour de lutte, un capitaine et son adjudantchef, l’adjudant-chef MADER, le héros déjà légendaire, observaient le terrain en avant.

La tranchée 67, orientée lace au nord, commandait le vallon.

Du versant opposé qu’ils avaient atteint la veille, à la tranchée Bethmann-Hollweg, les zouaves tenaient la partie ouest. Mais en face de nous, l’Allemand s’était maintenu et même une batterie de canons lourds, soutenue par une compagnie, était encore en place à 150 mètres en avant du front du 26 bataillon. Pour y arriver il fallait descendre dans le ravin, et le boyau à flanc de coteau était pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie admirablement pointée.

Tandis que les deux chefs observaient en silence, un guetteur (Bangerter, Ire classe) attire leur attention sur un mouvement insolite dans le fond du vallon. En effet, une compagnie du 168e venant de l’ouest cherche à s’y infiltrer. Elle ignore sans doute la présence à cet endroit de l’ennemi qui, déjà, a remarqué son avance.

D’un petit fortin qui commande le boyau de liaison, il s’apprête à la recevoir à coups de grenades. Ce faisant il tourne le dos à la crête où se tiennent les observateurs de la Légion qui ne peuvent tirer de la tranchée sans atteindre l’ami en même temps que l’ennemi.

Encore quelques minutes et les bleu-horizon tomberont dans le piège. Mais Mader en vieux limier des champs de bataille a flairé le danger et d’un coup d’œil il débrouille toute la situation. Se mettre d’accord avec son commandant de compagnie, rassembler en hâte quelque dix légionnaires de surveillance dans la tranchée, ramasser quelques grenades, bondir dans le boyau de liaison suivi de ses hommes électrisés, c’est l’affaire d’une minute. Le petit groupe court si vite que les mitrailleurs ennemis ne peuvent ouvrir le feu, avant qu’il soit dans l’angle mort à l’abri des balles. La tête de la compagnie du 168e n’est plus qu’à quelques mètres du fortin, déjà les Allemands lèvent les bras pour lancer leurs grenades, lorsque, soudain, maigre et nerveuse, la grande silhouette de Mader bondissant dans leur dos, surgit au milieu d’eux. Épouvantée par cette apparition inattendue, l’escouade ennemie, abandonnant munitions et fortin, s’enfuit en désordre du côté de la batterie.

Quelques grenades éclatent, puis dans le boyau libéré l’adjudant-chef peut serrer la main ud com- mandant de la compagnie ‘bleue’ reconnaissant.

Sans perdre une seconde Mader commence la poursuite. Suivi de ses dix fidèles légionnaires, soutenu à quelque distance par la courageuse compagnie du 168e, qui de la tranchée où elle est maintenant alertée, le ravitaille en grenades et le suit des yeux avec émotion, il saute dans les boyaux, nettoie les abris et poursuit inlassablement le combat corps à corps. Réveillés trop tard par leurs camarades du fortin, surpris dans leurs gîtes, les Saxons se défendent cependant avec beaucoup de courage. Mais leur résistance est inutile. En peu de temps la compagnie de soutien est mise hors de combat. Les six canons sont pris et remis à la bonne garde de la C. H. R. du 7e tirailleurs qui, de la crête où elle venait d’arriver, a pu suivre des yeux et admirer ce bel exploit.

Au retour, dans la tranchée boueuse, la 6e compagnie émerveillée accueille son adjudant-chef. Il fallait un Mader, un légionnaire de la vieille école, pour réaliser ce fait d’armes peut-être unique d’avoir du même coup, avec dix hommes, sauvé du désastre une compagnie française, mis en fuite une compagnie allemande, enlevé une batterie lourde et gagné la Légion d’honneur. »

Promu sous-lieutenant après cet exploit, Max Mader obtiendra d’autres citations (9 au total). Malheureusement, le 12 juin 1918, sa chance « hors du commun » va l’abandonner : il est en effet gravement blessé à Courtezon. Amputé du bras droit, il sera réformé.

Après la guerre, Max Mader devient surveillant du palais du Rhin à Strasbourg, puis, en 1935, gardien-chef du Château de Versailles. Durant l’occupation, il fait le sourd-muet pour ne pas avoir à répondre à ses anciens compatriotes. Il décédera le 24 octobre 1947 à Pancher-Bas [Haute-Saône]. Il était commandeur de la Légion d’Honneur et titulaire de la Médaille Militaire ainsi que de la Croix de Guerre 14-18 avec 9 citations.

20180504 - CAMERONE, une grande idée simple. LIBRE OPINION du colonel (ER) Jean-Jacques NOIROT

https://www.asafrance.fr/

Posté le samedi 28 avril 2018

 

Avant d'être une idée, Camerone est un acte. C'est un serment. Il porte le nom d'une auberge, une hacienda mexicaine qui, le 30 avril 1863, croise l'immortalité et la légende. En soi, Camerone n'est qu'un lieu, comme il en existe des milliards d'autres sur notre terre. Mais il est le théâtre d'un fait d'armes héroïque qui va fonder cette idée simple. Le fait: jurer de ne pas se rendre et de se battre jusqu'au bout, pour accomplir la mission. L'idée: en faire une manière d'être, qui évite de se poser des questions. Camerone, c'est d'abord le serment. Sans ce serment, y aurait-il eu le combat de Camerone? Nous ne le saurons jamais. De ce serment découle un comportement, l'idée se fondant dans l'acte. Comme tous les serments, depuis celui de Strasbourg (842) jusqu'à celui des saint cyriens de la Montmirail et de la croix du drapeau et le superbe serment de Koufra, il fonde une action qui reste à accomplir. Il lie ceux qui le prêtent à la gloire, jointe à la tragédie.

Ou à la honte, s'ils ne se hissent pas à la hauteur de la parole donnée.

L'histoire du monde recèle d'innombrables batailles. Rares sont celles comparables à Camerone. Il y manque le serment dans quasiment toutes, et surtout, il y faut la victoire morale du faible sur le fort par le grand écart du nombre.

Depuis le 30 avril 1863, de nombreux Camerone sont venus souligner l'héroïsme de nos soldats. Les 31 août et 1er septembre 1870, ce sera Bazeilles. Les marsouins seront à l'honneur dans les combats héroïques de la division bleue. La Légion s'illustrera à Phu Tong Hoa, puis sur Eliane 2 à Dien Bien Phu. En décembre 1960, en Algérie, ce sera le Béni Smir du sergent Sanchez. Ce sont autant de Camerone dont nos armées s'enorgueillissent, mêlant le recueillement au grand silence de leurs tombeaux.

Camerone, dans nos armées, s'est mué en une expression commune: « Faire Camerone », c'est à dire accomplir la mission sans mot dire. C'est commode lorsqu'il s'agit de commander des hommes ne parlant pas la même langue. Ça n'est pas pour autant qu'il faut en faire des idiots utiles et aveugles, obéissant à n'importe quoi. Cela se saurait. Le légionnaire, encore plus aujourd'hui qu'hier, réfléchit. Il est devenu, comme tous nos engagés, un "caporal stratégique"(1). Depuis toujours, il se donne à qui l'aime et le respecte. S'il a tenu le serment de Camerone, c'est d'abord parce que « L'amour du chef, l'obéissance sont les plus pures traditions » (2). Le lieutenant  Danjou, promu exceptionnellement capitaine devant Sébastopol, était un des leurs. L'homme était un héros. La Légion, comme nous le rappelle souvent un de nos plus prestigieux généraux, est « une société sans classe fortement hiérarchisée » (3). La main de bois du capitaine Danjou n'était, au moment du combat, qu'une prothèse. Elle deviendra le symbole de la parole tenue. La porter un 30 avril est un honneur que rien n'égale.

C'est donc le serment qui fonde Camerone. Nombreuses sont les nations dont le dirigeant élu doit prêter un serment qui le lie au destin de son pays, l'oblige et l'engage. Quoi de plus simple? En France, pays de tant de serments faits par des gens du peuple dans des moments pathétiques de leur vie pour défendre une cause qui les dépasse, pas de serment, pour aucun élu de la nation. Faut-il chercher ailleurs la cause des promesses hasardeuses et non tenues, des surenchères effrénées qui ponctuent nos campagnes électorales? Faut-il chercher ailleurs les errements regrettables qui font s'incliner l'état de droit devant ceux qui l'enfreignent? Faut-il chercher ailleurs les abandons de souveraineté, les reculs devant les atteintes à notre culture, nos mœurs, notre identité, notre Histoire?

Le 30 avril, le légionnaire « stratégique » entendra l'habituel beau discours du représentant de l'état qui présidera la grand' messe de la Légion à Aubagne. L'encensoir sera manié avec la dextérité qui habite les professionnels du compliment sur commande. Il sait ce qui sera exigé de lui, sans rémission possible, par ceux qui, vivant sans contrainte, pourront demain s'en affranchir en toute impunité.

Sous son képi Blanc, il renouvellera quand même le serment de ses anciens.

Colonel (ER)Jean-Jacques NOIROT

Rediffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

(1) Général Messana

(2) Chant de la "13"

(3) Général d'armée Michel Guignon.

20180419 - Nicolas Roumiantzoff

https://www.ordredelaliberation.fr/

Nicolas Roumiantzoff est né le 9 mai 1906 à Yanovka en Russie dans une famille de l'aristocratie russe. Son père, général de Cavalerie, est tué au champ d'honneur devant Odessa.

Orphelin de père et de mère, il est contraint à l'exil par la révolution de 1917.

Installé en Bretagne avec sa grand-mère, il y commence des études qu'il poursuit au collège Stanislas à Paris.

En 1924 Nicolas Roumiantzoff entre à Saint-Cyr, en sort dans la promotion du Rif en 1926, comme sous-lieutenant à titre étranger.

Affecté au 1er Régiment Etranger de Cavalerie (1er REC). Il termine sa formation militaire à l'Ecole d'Application de Saumur avant de servir en Tunisie (1927-1929) puis au Maroc (1929-1932).

Lieutenant en 1928, il est cité en 1932 comme "officier étranger ayant de l'allant et beaucoup de cran". Il reçoit bientôt le commandement du 3e Escadron de Cavaliers Tcherkesses en Syrie (1932-1935).

Réaffecté au 1er REC en 1936 au Maroc puis en Tunisie, Nicolas Roumiantzoff obtient la nationalité française en juin 1939.

Dirigé sur la métropole en avril 1940, il participe brillamment avec son escadron à cheval, le 97e Groupe de Reconnaissance divisionnaire (97e GRD), à la campagne de France.

Deux fois cité, il est blessé le 24 mai 1940 par un éclat de bombe et capturé après s'être battu sur la Somme et la Loire. Très rapidement, il s'évade.

Après l'armistice, en octobre 1940, il est affecté au 1er REC, à Fès au Maroc. Très vite, il cherche à reprendre le combat. Le 30 mars 1941, en permission à Rabat, il tente de gagner la France libre en passant par la zone espagnole. Arrêté, il est incarcéré à Tanger par les autorités espagnoles. Evadé à deux reprises, épuisé, il est repris, enfermé à la forteresse de Ceuta et condamné à mort. Après sept mois d'incarcération, il s'évade de nouveau dans la voiture du commandant de la prison qu'il a pris en otage.

Avec l'aide la Résistance, Nicolas Roumiantzoff gagne Tanger puis Gibraltar et arrive en Grande-Bretagne en décembre 1941. Nommé capitaine, il est affecté à l'Etat-major du général de Gaulle à Londres.

En février 1942, il débarque à Beyrouth avant de prendre le commandement en second du Groupe de Reconnaissance de Corps d'Armée (GRCA), futur 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1er RMSM). En août 1942, en Libye, il est blessé par un éclat d'obus avant de se distinguer, en novembre, au combat de l'Himeimat à El Alamein en commandant l'avant-garde de la colonne lancée à la poursuite de l'ennemi, faisant de nombreux prisonniers.

En mars 1943, il est nommé chef d'escadrons et s'illustre en Tunisie au combat de l'Oued Gragour où il bloque l'offensive de Rommel et le 8 avril 1943 devant Mezzouna où infligeant des pertes à l'adversaire, il parvient à occuper la localité. Le 1er RMSM rejoint ensuite la Force L du général Leclerc au sein de laquelle le chef d'escadron Roumiantzoff dirige l'avant-garde.

Le 2 juin 1943, le "Roum", ainsi que le surnomment amicalement ses camarades de combat, "officier supérieur d'un courage légendaire", se voit décerner la Croix de la Libération par le général de Gaulle.

Arrivé à Tunis, après quelques jours de permission, il rejoint la 2e Division Blindée (2e DB) qui se constitue au Maroc en novembre 1943. Nicolas Roumiantzoff est nommé commandant en second du 1er RMSM et fait mouvement vers l'Angleterre avec son unité en mai 1944.

En juin 1944, il est promu au grade de lieutenant-colonel et débarque en Normandie le 1er août avec la 2e DB, intégrée à la 3e Armée américaine du général Patton. Chef d'un groupement léger, il s'empare d'Argentan le 13 août.

A Paris, le 25, il atteint le premier la Place de l'Etoile et le 26, il arrête, après des combats acharnés, une violente contre-attaque allemande dans la région du Bourget.

Nicolas Roumiantzoff poursuit le combat dans les Vosges et fait tomber successivement Contrexéville, Vittel et Darney, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi. A cette occasion, il est décoré de la DSC pour "héroïsme extraordinaire".

Nommé, fin septembre 1944, chef d'Etat-major de la 10e DI, il prend la part la plus active, en janvier et février 1945, à la réduction de la poche de Colmar.

La paix revenue, il est affecté au cabinet militaire du ministre des Armées puis, après un bref séjour à Beyrouth, rejoint l'Indochine en 1948, en qualité de commandant du secteur de Quang-Tri. En janvier 1949, il est blessé une troisième fois par l'éclatement d'une mine près de Gia-Mon (Centre Annam) avant de prendre, en octobre 1949, le commandement du secteur est du Cambodge où il monte toute une série d'opérations qui portent des coups très durs à l'adversaire.

En 1950, Nicolas Roumiantzoff prend le commandement du 4e RCA basé à Gabès dans le Sud Tunisien. Trois ans plus tard, il est promu colonel et affecté de nouveau en Indochine où il commande le Groupement mobile n°3. Il reçoit alors trois nouvelles citations à l'ordre de l'Armée.

En 1955, il commande le Groupement blindé n° 7 à Sarrebourg en Allemagne avant de prendre le commandement, en 1959, du secteur d'Aflou en Algérie ; il y dirige avec énergie les opérations du Djebel Mimouna et du Kef Mimouna.

Rentré en métropole, le colonel Roumiantzoff est affecté à l'Etat-major de la 8e Région militaire et prend, en 1961, le commandement de la subdivision de Chambéry.

Titulaire de 22 citations (dont 11 à l'ordre de l'Armée) durant sa carrière militaire, il est promu au grade de général de brigade en janvier 1962, puis, sur sa demande, est mis à la retraite au mois de juillet de la même année.

Retiré à Paris, Nicolas Roumiantzoff est décédé à Paris, à l'Hôpital du Val-de-Grâce, le 15 avril 1988. Ses obsèques ont eu lieu à l'Eglise Saint-Louis-des-Invalides. Il a été inhumé à Saint-Pierre de Rivière dans l'Ariège.


• Grand Officier de la Légion d'honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 2 juin 1943
• Croix de Guerre 39/45 (10 citations)
• Croix de Guerre des TOE (5 citations)
• Croix de la Valeur Militaire avec palme
• Croix du Combattant Volontaire 39/45
• Croix du Combattant
• Médaille coloniale avec agrafes "Libye", "Tunisie 1942-43", "Extrême-Orient"
• Chevalier du Mérite Social
• Médaille Commémorative 39/45
• Médaille Commémorative Indochine
• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre
• Médaille Commémorative des Opérations de Sécurité et de Maintien de l’Ordre en AFN avec agrafe Algérie
• Médaille des Blessés
• Distinguished Service Order (GB)
• Military Cross (GB)
• Distinguished Service Cross (USA)
• Commandeur du Nicham Iftikar (Tunisie)
• Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc)
• Mérite Militaire Syrien

20180418 - La création de la Légion étrangère en 1831

https://www.retronews.fr/

le 08/03/2018 par Arnaud Pagès

Soldats engagés dans la Légion étrangère brûlant un village contaminé par le typhus, Agence Mondial, 1932 - source : Gallica-BnF
Dans les premiers mois de son règne, Louis-Philippe crée la Légion étrangère. Ce corps d'élite, qui regroupe les soldats non-français souhaitant combattre pour la patrie, n’a toujours pas d'équivalent dans le monde.

Suite à la révolution des Trois Glorieuses les 27, 28 et 29 juillet 1830, Louis-Philippe, proclamé « Roi des français » par la Chambre des députés le 9 août, est très rapidement confronté à la nécessité d'épurer l'armée. En effet, cette dernière regorge alors de nombreux éléments fidèles à l'Ancien Régime et de bonapartistes, tous opposés à la monarchie parlementaire qui vient d'être instaurée, et capables de se regrouper pour tenter un putsch.

De plus, l'industrialisation naissante a fait venir en France un nombre considérable de travailleurs immigrés, jetés sur les routes par le chômage, et qui demeurent sans emploi ici. Des Espagnols, Italiens, Portugais, Suisses, Belges, Allemands et Hollandais, vagabonds sans ressources pour lesquels il convient de trouver rapidement une solution. Ces étrangers, aux yeux d'un pouvoir encore fragile, sont générateurs de troubles potentiels.

Enfin, les trois jours de révolution ont également attiré des personnages brutaux, pas franchement intéressés par les affaires politiques, et qui souhaitaient seulement y participer pour satisfaire leur désir de violence.

Afin de contrôler et d'occuper ces populations disparates, Louis-Philippe décide de les regrouper dans une unité militaire qui s'appellera la « Légion étrangère ». Dans ce corps spécial de l’armée française, tous les éléments recrutés seront encasernés et solidement encadrés par des officiers aguerris.

Ce corps d’armée singulier cherche donc très vite à recruter les émigrés isolés et marginaux, comme en témoigne cette lettre de Casimir Perier, président du Conseil, publiée par Le Constitutionnel dans son édition du 17 avril :

« Les émigrés espagnols qui sont au dépôt de Bourges, et qui appartiennent à la colonne du Général Valdès, n'ayant pas voulu s'enrôler dans la Légion étrangère, et le préfet du département en ayant donné connaissance au gouvernement, voici l'ordre que le ministre de l'Intérieur vient d'envoyer au préfet de ce département :

Paris, le 3 avril 1831

Monsieur le Préfet,

L'inspection des dépôts d'Espagnols, de Portugais et d'Italiens a lieu en ce moment. Comme réfugiés, ces étrangers demeurent à la charge du département de l'intérieur. Il n'existe pour les Allemands que des dépôts militaires. Il paraît qu'un petit nombre seulement des premiers consent à faire partie de la Légion étrangère et élève des prétentions inadmissibles. »

La Légion est en effet ouverte à tous les étrangers, qu'ils soient repris de justice ou honnêtes soldats souhaitant combattre pour la France. Sa vocation est, dès le départ, de livrer bataille dans des conflits extérieurs, loin du territoire français. La Légion va ainsi incorporer dès ses premières heures les éléments considérés comme dangereux, délinquants ou criminels ayant fui leur pays, militants révolutionnaires adeptes du combat armé, ou mercenaires sans solde.

Mais contrairement à l'image d'Épinal, les premiers légionnaires ne sont pas pour autant tous des brutes épaisses, comme l'évoque cet article du Constitutionnel en date du 4 avril. Certains étudiants étrangers font partie de ce corps d'élite :

« Les étudians [sic] des universités d'Allemagne, qui font partie de la légion étrangère à Bar-le-Duc, ont reçu l'accueil le plus flatteur de la part des jeunes gens de Commercy.

Lors de leur passage en cette ville, une fête improvisée leur a été offerte. Les chants patriotiques de France et d'Allemagne, longtemps répétés en chœur et pour ainsi dire confondus ensemble, rappelaient la sainte alliance des peuples chantées par Béranger. »

Mais fatalement, constituée de nombreux éléments rétifs à l'autorité, la Légion connaît à ses débuts des cas d'insubordination. Les autorités appliquent alors la plus grande rigueur pour régler le sort de ces perturbateurs – peu nombreux au demeurant –, comme l'évoque le Journal des débats politiques et littéraires dans son édition du 20 mai :

« Des symptômes d'insubordination s'étaient fait remarquer depuis quelque temps dans le dépôt de la Légion étrangère, établi à Bar-le-Duc. Hier, ils avaient pris plus de consistance.

MM. Clavet-Gaubert, commandant de la place, et Salomon de Musis, chef de bataillon, ont pensé qu'il convenait de prendre des mesures énergiques, et de faire voir aux perturbateurs qu'en cas de besoin on pourrait déployer contre eux une force imposante. […]

Les fauteurs du désordre ont été saisis dans leurs compagnies, amenés sur le front du bataillon, et remis entre les mains de la gendarmerie, qui les a conduits à la prison de la ville. Ils vont être traduits à un conseil de guerre, et livrés à toute la rigueur des lois militaires.

Le calme le plus parfait règne maintenant dans la Légion étrangère : la grande majorité des militaires qui la compose est animée d'un très bon esprit ; elle désapprouve hautement la conduite des perturbateurs.

Cet exemple salutaire a coupé le mal dans sa racine. »

Aujourd'hui, la Légion étrangère continue de rassembler, 187 ans après sa création, de nombreux jeunes hommes venus des quatre coins du monde. Elle a participé aux guerres de Crimée, du Mexique, d’Indochine, aux deux conflits mondiaux, et s’est illustrée notamment dans les conquêtes sanguinaires des territoires colonisés. Ce corps d'élite, auréolé d’un prestige fantasmé devenu quasi-mythologique, compte à l'heure actuelle 8900 soldats, pour plus de 160 nationalités différentes.

En devenant légionnaires, ces derniers laissent derrière eux leur vie passée, changent de nom, et se dévouent entièrement à la France – quitte à devoir perdre la vie sur un champ de bataille.

Dernières Infos

Statistiques

  • Clics sur articles 66748

Qui est en ligne ?

Il y a 632 invités et aucun membre en ligne