18950524 - Le Courrier de Tlemcen - A Madagascar

18950519 - Le Petit Journal Illustré - L'Armée Hova

18950518 - Le Monde illustré - A MADAGASCAR - LES OPÉRATIONS MILITAIRES DE LA COTE-EST

 

A MADAGASCAR - LES OPÉRATIONS MILITAIRES DE LA COTE-EST - (Photographies de MM. PERROT frères.)

 

 

Grâce au câble, qui, depuis le 1er avril, joint Majunga à Mozambique, nous recevons chaque jour des nouvelles du corps expéditionnaire opérant sur la côte ouest de Madagascar.

Nous pouvons connaître l'arrivée de chaque affrété : savoir à tout instant le nombre d'hommes, de convoyeurs, de chevaux, de mulets, de voitures, dont dispose le général en chef; nous pouvons obtenir des renseignements sur la santé de nos soldats; apprendre leurs premiers succès, y applaudir.

Ce qui se passe du côté de Tamatave nous ne le savons pas aussi promptement. Nous ne pouvons recevoir, venus de cette côte, que deux télégrammes par mois, l'un vers le 10 lancé de Maurice par le paquebot passé à Diégo le 4 et à Tamatave le 6, l'autre vers le 30 lancé de Majunga même par le paquebot postal passé le 26 à Tamatave, et le 29 à Diégo-Suarez.

Ainsi, pour les événements, qui se passent à Tamatave du 26 d'un mois au 6 du mois suivant, nous les connaissons dans un délai maximum de quinze jours; pour ceux qui se passent du 6 au 26, nous sommes exposés à ne les connaître, dans certains cas, qu'au bout de 25 jours.

Nos soldats de Tamatave, malgré l'absence de nouvelles et le silence, n'ont pas une tâche moins ardue que ceux de Majunga. Tant que la concentration n'est pas complète à Majunga, et elle ne sera vraisemblablement terminée que vers la fin de ce mois; tant que la marche en avant ne peut réellement commencer, tant que nous ne dépassons pas sur l'ouest, Suberbieville, la partie du corps expéditionnaire opérant, à l'est, devant Tamatave, ne petit s'avancer vers l'intérieur; mais elle a en face d'elle à Faharafate le meilleur des forces dont les Hovas puissent disposer pour la défense des flancs de leurs plateaux; nos soldats doivent se tenir à tout instant sur le qui-vive et les combats sont fréquents.

Par le dernier courrier postal, qui est parti de Tamatave le 5 ou le 6 avril, mes amis me parlaient encore d'un combat livré le 2, l'un des plus importants de la quinzaine.

Le capitaine d'artillerie Barrera avait reçu l'ordre d'aller détruire les travaux de défense nouvellement faits par les Hovas entre Faharafate et Sahamafy. Le 2 avril, à six heures du matin, les canons du Fort de Tamatave, ainsi que l'artillerie du Papin, ouvraient leurs feux sur les positions hovas afin de protéger la reconnaissance du capitaine Barrera: les Hovas ripostèrent; plusieurs de leurs obus tombèrent près de nos artilleurs; aucun ne fut blessé, les obus n'éclatèrent pas; mais du côté des Hovas les pertes ont dû être sérieuses, car notre tir était d'une précision remarquable; une pièce de 14 cent tirant du fort était admirable entre toutes. Les habitants de Tamatave suivaient le combat du haut d'une butte à l'aide de lorgnettes; vers 9 heures, les travaux hovas étant complètement détruits, la reconnaissance rentra à Tamatave.

Par le Plan des défenses de Tamatave, que nous publions, le lecteur jugera des mesures qui ont été prises pour mettre Tamatave à l'abri d'une surprise.

Deux enceintes ont été tracées. L'enceinte intérieure circonscrit la ville : elle se détache de la rade au delà du Fort et se dirige vers les dunes de la baie d'Ivondrono, en laissant à l'intérieur le Fort vers le nord-est, le Consulat anglais vers le sud-ouest.

L'enceinte extérieure est peu distante de la première : elle est protégée vers la rade par le blockhaus des Manguiers, à l'ouest par le blockhaus de l'hôpital et en avant du consulat par deux blockhaus plus petits; entre les deux enceintes, outre ces blockhaus, 4 postes et 5 ouvrages en tranchée.

Nos gravures représentent, outre le plan des défenses de Tamatave, qui est signé du lieutenant Lauratet, la forge de l'artillerie, les charrettes à foin de l'artillerie, des prisonniers malgaches.

La forge de l'artillerie a été installée à côté du Fort sur l'emplacement qu'occupait l'ancien chef de la police hova Saloni lambo.

Les charrettes de l'artillerie qui reviennent de faire du foin, sont, sur l'instantané de YM. Perrot frères, arrêtées devant la case de leurs sous-officiers; cette case mérite une mention : elle a été habitée par le prince Ramaharatra, actuellement ministre de la guerre des Hovas et général en chef de leurs troupes.

Les prisonniers que représente notre autre gravure sont des Malgaches qui ne se sentent aucune vocation guerrière, et qui, pour se mettre à l'abri de nos balles et de nos obus, tentent de se faire admettre à l'intérieur de nos lignes. Dès qu'ils se présentent, ils sont conduits sous escorte au bureau militaire des renseignements, qui les interroge et statue sur le cas de chacun. Un assez grand nombre de Betsimisaraka sont venus nous demander protection; presque tous, hommes, femmes, enfants, sont embarqués sur de petits coutres et envoyés à Sainte-Marie de Madagascar; le défaut de vivres à Tamatave oblige impérieusement leur éloignement, qui semble étrange au premier abord.

Tamatave se trouve en effet dans la situation d'une ville investie: rien n'y peut entrer de l'extérieur, ni viande, ni légumes; la vie y est devenue difficile, et l'on est obligé de réduire le plus possible le nombre des bouches inutiles.

Bien que le climat de Tamatave soit reconnu comme le moins bon, ou le plus mauvais, de Madagascar, il n'en est pas moins vrai que la santé de nos soldats n'a pas été très éprouvée à Tamatave durant la dernière saison d'hivernage; il est juste d'ailleurs que nos soldats s'y trouvaient dans d'assez bonnes conditions hygiéniques, ce qui n'a pas été à Majunga.

Malgré tous les contre temps qui sont venus re-tarder l'ouverture des opérations offensives, la campagne s'annonce sous de favorables auspices. Que nos canonnières arrivent ou n'arrivent pas dans les délais escomptés, qu'elles soient ou ne puissent être montées, qu'il y ait ou qu'il n'y ait plus, en juin et juillet assez d'eau dans l'Ikopa pour permettre la navigabilité de la rivière, rien ne pourra nous arrêter. Le général Duchesne a, paraît-il, demandé crédit de trois mois pour triompher des Hovas; dans trois mois il sera à Tananarive quoi qu'il advienne.

Une communication que nous avons accueillie joie dans avec le dernier courrier a été le texte de la proclamation lancée par le général Metzinger aux habitants de Madagascar.

Jusqu'ici on nous parlait, même à la Chambre des députés, de l'organisation d'un simple protectorat plus ou moins contemplatif; on nous proposait d'organiser Madagascar à l'exemple de l'Annam, où à l'exemple de la Tunisie; je crois même que cette proposition a été insinuée par M. Hanotaux, ministre des affaires étrangères, qui cependant n'a pas voulu, et ne pouvait, se prononcer formellement sur le régime qui serait adopté par la suite.

Avec le général Metzinger il n'est plus question de protectorat:le général annonce que nous allons à Madagascar pour modifier les bases ee toutes choses.

« Il faut transformer ce qui est mauvais en bon », dit-il, et il indique le mauvais. Mais pour comprendre toute la valeur et la portée de ses paroles, il faut connaître certaines pratiques hovas. Actuellement, la reine des Hovas est « maîtresse des personnes et maitresse des choses»: toute la constitution malgache est dans ces deux mots.

Maîtresse des personnes, elle leur commande; veut-elle des soldats, elle commande de servir à l'armée; veut-elle des travailleurs, elle commande de servir aux palais.

Maîtresse des choses, lorsqu'une propriété, une maison, une récolte sont à sa convenance, elle les prend.

Dans l'un et l'autre cas, elle dit à ses sujets : « Ceci est pour moi» et ses sujets répondent: « Je suis ton esclave. »

Tout cela ne sera plus.

Le général Metzinger le déclare. « Dorénavant personne ne pourra plus vous dire : ceci est pour moi; et personne n'aura plus à répondre: je suis ton esclave. »

Le général ajoute en insistant sur sa déclaration : « Il ne sera plus imposé aucune corvée », aucune corvée, c'est-à-dire que le peuple ne sera plus requis pour servir gratuitement aux armées, pour servir gratuitement la reine et ses honneurs avec leur aide-de camp.

Dans ce cas, il faudra payer et l'armée et les services civils de toute nature; il faudra créer un budget d’État; recettes et dépenses, il faudra prendre en mains l'administration du pays.

Si je ne craignais que cette proclamation ne rende la guerre plus difficile, en démasquant nos desseins, en montrant aux chefs hovas d'aujourd'hui que nous entendons les faire disparaître en créant un régime nouveau, si je n'avais à me placer qu'au point de vue de l'idée, en négligeant les conséquences, je déclarerais que cette proclamation fait le plus grand honneur à celui qui a su la formuler et qui a osé la lancer à la face des timorés.

Rien ne peut plus dorénavant effacer les paroles solennelles du général.

La France est liée. Le sort en est jeté : Madagascar sera une colonie pétrie à notre volonté. Si les grandes lignes de notre action sont ainsi esquissées, il reste à définir les détails du programme: il importe de les décider au plus tôt. Il faut que l'homme, qui recevra le périlleux honneur d'organiser la conquête, sache avant de quitter la France ce qu'il fera là-bas, comment il le fera, pourquoi il le fera.

HENRI MAGER

18950511 - Le Monde illustré - A MADAGASCAR

 

A MADAGASCAR


Notre envoyé spécial. M. Louis Tinayre, après une heureuse traversée sur laquelle nous avons publié d'intéressants détails, est enfin arrivé au terme de son voyage, et c'est de Majunga qu'il nous adresse les documents que nous publions aujourd'hui.

Après nous avoir montré un des derniers épisodes du bord, pris sur le Yanj-Tsté : la vaccination des nègres destinés à servir de convoyeurs, il nous fait assister au débarquement des troupes, au déchargement des munitions, et enfin, il nous donne un aspect du pays, avec une vue du poste d'observation le plus avancé de la colonne Metzinger, en avant de Majunga.

Interrogatoire d'un tirailleur Sakalave.

Voiture Lefevre déchargeant du matériel.

Débarquement de troupes.

Débarquement de matériel à la pointe de sable.

Le transport aux voitures.

Débarquement par les porteurs.

Le commandant actuel des troupes françaises à Madagascar vient d'adresser en langue malgache une proclamation dont voici quelques passages, littéralement traduits :

« Enfants de Madagascar, les Français sont venus à Madagascar aussi nombreux que des fourmis, et ils sont venus pour monter jusqu'à Tananarive :


« Ils ne sont pas venus pour vous prendre vos propriétés, ni la terre de vos ancêtres, mais pour forcer le gouvernement hova à exécuter avec équité et loyauté une précédente convention.

« Quand la guerre sera terminée et que le pays sera pacifié, les affaires augmenteront et doubleront. Si les habitants reviennent dans leurs foyers, il ne leur sera infligé aucun châtiment, mais ils seront considérés comme fidèles et dignes de confiance. Il ne sera plus imposé aucune corvée, soit à ceux qui travaillent pour le gouvernement hova, soit aux soldats qui n'étaient pas payés par leurs gouverneurs, car ce sont eux qui vivent de votre propriété. Tel est l'usage de votre gouvernement.

« Mais, dorénavant, personne, pas un seul, ne pourra plus vous dire: « Ceci est pour moi », et personne n'aura plus à répondre: « Je suis ton esclave. »

« Il faut transformer ce qui est mauvais en bon.

« Il est aussi nécessaire, si cela est possible, de pouvoir faire justice de qui que ce puisse être, grand ou petit, quel qu'il soit et où qu'il soit.

« Et quand ce changement merveilleux aura eu lieu, quand chacun possédera sa propriété, aussi bien le grand que le petit, chacun sera content, personne ne sera plus dépouillé et les bandes de voleurs se disperseront.

« Alors les affaires augmenteront et seront bonnes, ce qui vous rendra tous heureux. Et ce que je viens justement de vous dire est la raison de la résolution de la France.

« Pour ceux qui seront avec la France, elle aura bon cœur et elle leur montrera de l'amitié, mais s'il y a de mauvais hommes qui cherchent à empêcher la France de faire ce qu'elle a résolu, malheur à eux !

Majunga, 4 mars 1895.
METZINGER, général, chef des soldats au commencement de la guerre.
Pour traduction conforme:
L'élève drogman,
A.-M. CUKDÙS. »

18950507 - Le Messager de l'Ouest - Madagascar

Madagascar

 

18950428 - Le Progrès de Bel-Abbès - Un peu d'histoire

 

Un peu d'histoire

 

La dernière conférence faite à Bel-Abbès par M. Moisson, avocat du barreau d'Oran, nous a donné des renseignements précis sur le combat de Dogba (Dahomey), dans lequel le bataillon Faurax, du 1er Étranger, s'est si vaillamment illustré.

Nous sommes heureux de reproduire ces détails qui fixent désormais un point d'histoire de cette campagne meurtrière :

Combat de Dogba, 19 septembre. — Le 18, la marche eu avant avait été reprise, le groupe Riou était porté sur Zounou, à 12 kilomètres en avants. Les autres fractions bivouaquaient sur le plateau qui domine l'Ouémé à l'ouest, couvert au nord par la lagune de Badao, à l'est par une épaisse forêt dont on avait débroussaillé une centaine de mètres pour rendre le champ de tir moins fourré. L'Opale mouillait au bas de la berge, sous pression. A 5 heures du matin, à la faveur d'une obscurité complète, sans feu, sans bruit, les Dahoméens pénétrèrent dans' le carré jusqu'à la garde de police. Le petit poste d'Infanterie de marine, placé à la cosaque en avant du front de bandière et commandé par le caporal Wurmser, signale l'ennemi et riposte aux feux des guerriers.


Le capitaine Roulland, ne voyant pas venir son officier M. Badaire, l'envoie chercher; on le trouve mort sur son lit de camp, frappé d'une balle qui, entré par le sommet de la tête, avait dû l'atteindre au moment où il se baissait pour attacher ses brodequins ou prendre son revolver; il était retombé à la renverse foudroyé. Le chef de bataillon Faurax, s'avançant derrière une de ses compagnies en ligne, tombe comme une masse blessé d'une balle au côté gauche. Deux livrets individuels qui étaient dans sa poche
avaient un peu ralenti la vitesse du projectile.

Le commandant, relevé par ses hommes est porté près du colonel, qui le questionne sur son état; Faurax répond d'une voix sourde : « Je souffre ». A l'ambulance il reprend vite sa présence d'esprit. On l'embarque sur l'Opale; un peloton de légion rend les honneurs militaires. En prenant congé du colonel Dodds, le dernier mot du commandant
Faurax fut : Etes-vous content de mes légionnaires ? Braves gens répondit le Colonel.

Pendant que l'infanterie de marine soutenait vaillamment le premier choc, sous la direction du capitaine Roulland, fumeur énergique qui malgré la pluie de balles tombant autour de lui, avait son cigare à la bouche, la Légion (Compagnie Jouvelet) prenait position et exécutait des feux de salve Lebel avec la précision du terrain de manœuvre ordinaire. Un cordon de plomb et de mitraille est dessiné en avant du front. Les gerbes déterminent les premières hésitations de l'ennemi qui commençait à reculer. Le Bigo hurle en agitant sa queue de cheval, gri-gri protecteur et insigne de commandement : « Est-ce donc cela que vous avez promis au roi ? En avant, en avant ! Koia ! Koia Dahomé !  » Mais les guerriers sont découragés; ils tentent vainement quelques retours offensifs pour enlever les morts, le colonel fait pousser les troupes en avant par échelons. Les Dahoméens quittent la crête et se sauvent sous les palmiers. La compagnie Roulland poursuit de ses feux les fuyards, qui abandonnent leurs morts, indice précis de la défaite complète chez les peuples indigènes. 105 cadavres sont réunis en deux charniers sur des bûchers de pétrole, feuilles de palmier et bois mort, et on opère la crémation.

Les pertes étaient : deux officiers tués, trois hommes tués et douze blessés.

Mais l'ennemi était repoussé. Le Champ de bataille jonché d'armes à tir rapide et à silec, de bonnets, de besaces et de cartouchières d'Amazones est visité par les amateurs de curiosité.

 

Adieux

 

Les officiers du 1er régiment étranger ont tenu à honneur d'offrir, jeudi soir, un banquet d'adieu à leur colonel, M. Zéni, appelé par une inflexible loi à faire valoir ses droits à la retraite.


Comme on le pense bien, ce n'a été pour tous les convives qu'une occasion heureuse de manifester des sentiments de respectueuse estime envers un chef bien-veillant, scrupuleux observateur d'une discipline sévère mais nécessaire et à laquelle il donnait lui-même l'exemple d'une soumission la plus absolue.

Nous ne laisserons pas partir M. le Colonel Zéni sans lui exprimer les regrets profonds qu'il laisse à Bel-Abbès, non-seulement dans la garnison, mais aussi dans la population civile.

Chacun se plait à rendre hommage aux excellentes ! qualités du chef de corps, et l'on aurait désiré, dussent les règlements fléchirent exceptionnellement, voir se continuer la
carrière militaire d'un homme de valeur pour notre armée et qui compte de nombreux et brillants états de service.

18950428 - Le Petit Journal Illustré - Au revoir ! ! ! à nos soldats de Madagascar

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