Articles 2016

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20161031 - Digérer la défaite

20161028 - French Bataillion during the Korean War 1951 - 1953

20161027 - La discipline sans l’honneur n’a rien de militaire !

Quelle honte pour l’armée de voir que des officiers généraux ont baissé la tête et ont obéi aux injonctions de petits politiciens.

Le général Philippe Mercier, ancien chef d’état-major de l’armée de terre, vient d’écrire un article dans Le Figaro : « Il faut sauver le soldat Piquemal. » Il exprime, dans ces lignes, son désaveu de la mesure qui a frappé le général :

Sous forte pression du cabinet du ministre, l’armée de terre réunit son Conseil supérieur. Christian Piquemal comparaît devant ses pairs, qui se prononcent pour la radiation… Cette décision de l’armée de terre, dont on pourrait dire qu’elle s’est piégée “à l’insu de son plein gré” en se substituant au pouvoir politique pour faire le sale boulot, est évidemment navrante à plus d’un titre. Elle fait peu de cas du principe de solidarité qui constitue l’un des piliers de l’institution militaire, mais là n’est pas l’essentiel ; elle est inique et disproportionnée ; elle témoigne enfin d’une interprétation frileuse, si ce n’est désuète, du droit d’expression.

Voilà donc un officier général respecté de tous, qui a servi son pays pendant quarante ans de façon exemplaire, qui a fait partie du cabinet militaire du Premier ministre et commandé la Légion étrangère et qui, brutalement, se voit signifier qu’il n’appartient plus à la communauté militaire. Mesure-t-on bien l’humiliation ressentie par un officier qui n’a ni péché contre l’honneur ni vilipendé la République et ses représentants ?

Le général Piquemal avait appris cette mesure mi-septembre par un courrier recommandé. Il avait été entendu le 14 juin par le Conseil supérieur de l’armée de terre (CSAT), siégeant disciplinairement à l’hôtel des Invalides à Paris. L’instance avait transmis son avis consultatif – non communiqué au général ni à ses deux avocats – au ministère de la Défense, et la radiation avait ensuite été prise par un décret du 23 août signé par le président de la République, le Premier ministre et le ministre de la Défense.

Quelle joie, pour un gouvernement socialiste, de pouvoir dire : ce n’est pas nous qui l’avons radié, ce sont ses pairs.

Quelle honte, pour l’armée, de voir que des officiers généraux ont « fermé leur gueule », ont baissé la tête et ont obéi aux injonctions de petits politiciens.

Messieurs, si vous tremblez déjà devant des civils qui, avant d’être au pouvoir, ont souvent craché sur l’armée, alors quelle attitude aurez-vous demain au combat ? Car à l’époque où vous étiez sous-lieutenants, je pense et j’espère qu’aucun de vous n’aurait hésité à donner sa vie pour la patrie et l’honneur de l’armée. Il faut le reconnaître, la vieillesse et les prébendes favorisent le naufrage des « honnêtes hommes ». En d’autres temps, sous d’autres cieux, d’autres officiers généraux n’ont pas hésité entre la parole donnée et l’obéissance. Mais il est vrai que, depuis la fin de la guerre d’Algérie, l’armée a été épurée et remise au pas.

N’est pas le général d’armée de Larminat qui veut. Je rappelle que cet officier s’était donné la mort le 1er juillet 1962 à la veille de présider la Cour militaire de justice. La générale de Larminat expliqua son acte quelques années plus tard. Son mari, pourtant gaulliste, bouleversé à son retour de l’Élysée le 1er juillet 1962, lui avait révélé qu’il venait de recevoir de De Gaulle l’ordre de prononcer des condamnations à mort, notamment celle du général Salan. Il avait ajouté qu’il ne pouvait obéir. Refusant les pressions du pouvoir, il s’était tiré une balle dans la tête.

Messieurs les généraux du CSAT, méditez au moins cette phrase du cardinal Mercier :

" Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part ! "

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20161022 - Droit et Justice

Posté le jeudi 13 octobre 2016

En Janvier 2016, à Calais, surgit « l’affaire Piquemal ». Piquemal,  Général de Corps d’Armée ayant quitté le service actif depuis près d’une quinzaine d’années, mais  toujours membre du cadre de Réserve, était accusé d’avoir organisé dans cette localité une manifestation interdite par la Préfecture. Il aurait ainsi affiché délibérément sa désapprobation de l’action de l’Etat.

En cela, à vrai dire, il ne faisait guère que suivre le chemin que des centaines de responsables de tous niveaux, et de tous bords, avaient emprunté avant lui avec plus ou moins d’éclat. Comment d’ailleurs pouvoir s’interdire de dénoncer le lamentable état de cette « jungle » de Calais ? Comment ne pas s’indigner des multiples agressions commises chaque jour, ne pas s’affliger de l’impuissance des pouvoirs publics, ne pas comprendre l’exaspération des populations ? N’est-ce pas d’ailleurs ce sentiment de désastre permanent qui conduit aujourd’hui le Président de la République à tenter de mettre fin au désordre en dispersant le peuple de la « jungle » sur  tout l’espace du territoire national ?

Le Général Piquemal, connu pour sa générosité bouillonnante, s’était donc laissé emporter par une colère sans doute juste, mais jugée insupportable par un Pouvoir pour qui la discipline constituant toujours la force principale des Armées, le mutisme devait en être l’exemplaire manifestation. Au lendemain des faits, le Ministre annonçait donc lui-même sa volonté de sanctionner l’officier.

Arrêté sans ménagements, le Général comparut d’abord en Mai devant un tribunal. Certains craignaient le châtiment possible, d’autres peut-être l’espéraient. Ceux-là furent déçus. Le Tribunal prononça la relaxe de l’accusé, et le Parquet, en accord avec cette conclusion, ne fit pas appel. Le réquisitoire modéré du Procureur, rappelant le « passé glorieux » du Général avait influé sur la décision, le Général lui-même avait su exprimer des regrets estimés sincères, et certains faits reprochés étaient aussi apparus pour le moins imprécis. Dans le plateau de la balance, les quarante années de services exemplaires du Général avaient donc heureusement pesé davantage que l’emportement d’un instant.

La Justice ayant rempli son office pénal, la Défense reprit, en Juin, la conduite de l’affaire. Le Ministre avait dit sa volonté de sanctionner, il fallait donc entreprendre résolument la démarche aboutissant à une sanction adaptée à la seule faute indubitable commise, d’ordre militaire, celle du « manquement au devoir de réserve ». Réuni en instance disciplinaire sur demande du Ministre, le Conseil supérieur de l’Armée de Terre (CSAT) entendit le Général Piquemal. Elle communiqua alors au Ministre, de manière confidentielle, sa proposition de sanction.

Nous étions alors en Juin, et l’observateur ne manquera pas de noter qu’il fallut attendre le 23 Août pour que la sanction décidée s’inscrive dans un décret non publié au JO et signé du Président de la République. Ce décret prononçait la radiation des cadres du Général Piquemal. Etait-ce là la traduction fidèle de la proposition faite par le CSAT ? Peut-être, mais rien n’interdisait au Chef des Armées de s’en affranchir s’il le jugeait utile.

Force est alors de constater que l’extrême lenteur des procédures, – le Général Piquemal n’aurait été informé de la sanction qu’à la mi-Septembre -, et la stricte discrétion qui les a entourées, loin d’enliser l’affaire et de la condamner à l’oubli, ont eu pour conséquence d’engendrer un climat pernicieux. Des associations d’Anciens cherchent malaisément à se positionner, provoquant débats et désaccords, des comités de soutien éclosent, soupçonnés d’instrumentalisation, mais surtout la masse des cadres militaires d’active, de réserve, ou en retraite s’inquiète, car elle ne comprend pas. Pourquoi une faute somme toute bénigne, non passible du châtiment des juges, sans conséquence concrète perceptible, et due avant tout à une maladresse passagère, est-elle ainsi sanctionnée ?  Comment comprendre cette sorte d’acharnement envers un officier Général aux services irréprochables, ayant atteint les plus hauts sommets de la hiérarchie, et ayant même mérité d’exercer un des commandements les plus prestigieux de l’Armée de Terre, celui de la Légion étrangère ?

Cette sanction apparaît donc comme une humiliation qui s’étend sournoisement à toute l’institution, sorte de mise en garde que les cadres des Armées ressentent, partagent,  remâchent avec aigreur. Et resurgit alors confusément dans les esprits cette tentation syndicaliste de plus en plus prégnante dans une Armée désormais professionnelle en charge de la Défense, mais sans cesse contrainte de se battre pour en obtenir les moyens, et toujours impatiente de voir la condition militaire enfin accéder au vrai niveau de considération qu’elle mérite.

Le Tribunal ayant prononcé la relaxe du Général Piquemal avait su dire le Droit en en corrigeant la rigueur formelle par une intelligente et sereine appréciation du contexte. C’est en cela que la Justice apparaît juste.

Le décret du 23 Août, lui, ne traduit que la stricte expression d’un Droit.

On se souvient alors qu’en Janvier 2011, allant à l’encontre d’un décret signé par le Président de la République, le Conseil d’Etat avait annulé la radiation des cadres du chef d’escadron Matelly pour manquement grave au devoir de réserve. La sanction avait été jugée « disproportionnée », « manifestement excessive ».

Saisi par le Général Piquemal, le Conseil d’Etat aura à nouveau à se prononcer. Et les cadres des Armées attendent sa décision, en silence bien sûr.

Bernard MESSANA
Officier général (2S)

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