1895-1905 Madagascar

 

 

1895-1896 : expédition militaire française à Madagascar.

L’intervention française à Madagascar fut provoquée par la non-exécution des clauses du traité de 1985 qui avait établi un Protectorat de la France sur l’île. Les Français y étaient constamment molestés et le gouvernement Hovas se refusait à poursuivre les auteurs d’attentats devenus de plus en plus fréquents. ‘’Les Sakhalaves, les Antankares et les Antaimours n’ont jamais accepté la suprématie des Hovas qui leur ont imposé des fonctionnaires oppressifs et concussionnaires’’.

En 1895, la France doit envoyer une nouvelle expédition.

 

  • Le 1er Etranger forme avec le 2ème régiment un bataillon de marche qui dépend du ‘’Régiment Algérie’’, de l'armée d'Afrique, composé d’un bataillon de légionnaires et deux bataillons de Tirailleurs algériens, sous les ordres du colonel Oudri du 2e régiment étranger. Placé sous les ordres du commandant Barre, l’effectif du bataillon étranger, formé à Sidi-Bel-Abbès, s’élève à 22 officiers, 46 sous-officiers et 772 légionnaires.

Le 4 avril 1895, le bataillon de marche s’embarque à Oran.

  • Le bataillon est fort de quatre compagnies ; la 1ère du capitaine Perrot, la 2e du capitaine Courtois, la 3e du capitaine Bulot et la 4e du capitaine Sardi.

Le 23 avril, le bataillon débarque à Majunga dans des conditions incroyables : la baie de Bombetoka, à l’embouchure de la Betsiboka, offre un plan d’eau magnifique mais l’ensablement par les alluvions oblige les transports à mouiller loin de terre. Les vapeurs qui arrivent se disputent un vieux ponton charbonnier, les baleinières doivent s’échouer loin du rivage.

  • Le Régiment Algérie prend sa place dans la colonne mobile du général Metzinger. Il constitue l’avant-garde des troupes du général Duchesne, commandant l’expédition.

Des soldats musulmans combattent à Madagascar sous le drapeau français.

Fin avril 1895, les hostilités commencent avec la prise d’un bourg nommé Marovoay, au fond de la grande baie à l’embouchure de la rivière, par deux bataillons de tirailleurs sénégalais et une compagnie d’infanterie de marine. Les Hovas fuient comme des lapins, y compris le chef Ramastombozaba. 

  • L’objectif est Tananarive, quatre cents kilomètres au sud, dans la montagne.
  • Les légionnaires marchent avec l’avant-garde. Pas d’ennemi en vue. Les Hovas retraitent sans interruption, maintenant toujours une trentaine de kilomètres entre leur arrière-garde et l’avant-garde des Français. Les fièvres et la dysenterie frappent les deux camps.

Le 1er juin 1895, la Légion bivouaque au camp des Hauteurs dénudées. Cent kilomètres ont été franchis depuis Majunga. Les hommes sont rouges de la tête au pied, ainsi que leurs paquetages, les mulets ; la colonne est rouge par la poussière des sentiers de l’Ile Rouge.

  • Assez vite, les vraies difficultés surgissent pour le corps expéditionnaire, condamné à se battre sur plusieurs fronts ; Hovas, climat, conditions naturelles.
  • Les Hovas ne sont pas les plus dangereux. Ils tiraillent de loin sans grande précision et utilisent mal leurs armes. Par contre, la nature offre d’autres obstacles : marécages aux miasmes morbides, fourmis aux piqûres venimeuses, moustiques porteurs de fièvres, caïmans flottants entre deux eaux dans les marigots.
  • Décimé par la maladie, le corps expéditionnaire n’avance pas. Il gagne à peine deux à trois kilomètres par jour, laissant constamment des tombes derrière lui.
  • Expérimentés et aguerris, les légionnaires résistent mieux.

Le 6 juin 1895, l’avant-garde traverse par sections, à bord de la canonnière l’Invincible, la Betsiboka, large de 450 mètres. Les Hovas interrompent leur retraite et se retranchent dans un grand village nommé Maevatana.

Le 9 juin 1895, les légionnaires, les tirailleurs et les chasseurs à pied marchent à pied sur ce village ; la pente est rude ; un ou deux canons tirent d’un fortin perché sur une crête. Les obus mal dirigés n’explosent pas. Le général Metzinger donne l’ordre d’expérimenter quelques obus à la mélinite, nouvelle invention. Le premier de ces projectiles explose juste au-dessus du fortin. Une clameur s’élève dans une palpitation de lambas blancs et les survivants disparaissent au-delà de la crête rouge. Un légionnaire plante le premier de drapeau sur l’ouvrage.

  • Les Hovas abandonnent à Maevatana 700 fusils et 5 canons dont 3 Hotchkiss à tir rapide ; les artilleurs hovas ne connaissaient pas les fusées d’éclatement et se servaient de leurs projectiles comme des boulets. Les fantassins hovas ne savaient pas employer la hausse des fusils.
  • Dix pour cent des hommes du corps expéditionnaire, au moins, sont maintenant hors service. Un hôpital de campagne est installé en hâte à Suberbieville. Certaines unités ont perdu plus du tiers de leur effectif. Le fameux 200e de ligne, dont le chef de corps, le colonel Gillon, a succombé, compte 1 500 malades hospitalisés. Le ravitaillement arrive à Majunga par eau avec des canonnières tirant des chalands et les denrées sont ensuite transbordées à bord de pirogues. • Le général Duchesne décide alors de construire une route pour utiliser les 5000 voitures Lefèvre.
  • Il décide de rester à Suberbieville pendant que le Génie, la Légion et d’autres contingents prélevés sur les deux brigades entreprennent cet ouvrage. 160 kilomètres à construire ; Un demi-tour pour se mettre au travail sur la partie la plus malsaine du trajet.
  • Le 12 juin, la Légion commence sa portion de route entre Beratsnana et la rivière Mandroya. Les hommes du Génie et les légionnaires résistent le mieux au climat mais les terrassiers des autres corps font pitié. Chaque jour, les gradés comptent les manquants.
  • L’hôpital de Suberbieville devient chaque jour plus insuffisant et le cimetière est agrandi.
  • Le 14 juillet 1895, le général Duchesne ordonne une prise d’armes et une revue pour célébrer la fête nationale. Tout le monde doit y participer, même les convoyeurs kabyles. En dernier lieu, la Légion, dont le défilé a toujours fait tout oublier.

 Le 16 juillet, la piste carrossable est construite de Majunga à Suberbieville, et même un peu au-delà ; le corps expéditionnaire-bulldozer reprend sa marche en avant, deux kilomètres par jour. 

  • Construisant la route et se battant, ne s’arrêtant de se battre que pour poursuivre la construction de la route, la colonne française met trois mois et demi pour arriver au but.
    • L’objectif est Tananarive, quatre cents kilomètres au sud, dans la montagne.
    • Construisant la route et se battant, ne s’arrêtant de se battre que pour poursuivre la construction de la route, la colonne française met trois mois et demi pour arriver au but.

Fin juillet 1895, après un simulacre de combat, l’armée Hova abandonne la solide position d’Andriba, porte des Hauts Plateaux. La route y arrive le 26 août.

  • Le général décide de constituer une colonne légère de 4 000 hommes qui foncera à marche forcée sur Tananarive. Une fois encore la Légion est en tête. La colonne part le 14 septembre.
  • Le bataillon de la Légion, avec 19 officiers et 350 légionnaires, marche en tête de cette colonne ; il est mené par le capitaine Brundseaux et les lieutenants Martin et Tahon.

Le 20 août 1895, après 37 jours de progression insensée, la colonne principale atteint la région d’Andriba où les Hovas sont retranchés. La position est magnifique. Le mont d’Andriba, à 900 mètres d’altitude, s’érige au-dessus de la plaine comme un fort colossal, défendu à son pied par des batteries à tir rapide, à mi-hauteur par de l’infanterie dissimulée dans une brousse propice ; au sommet, deux pièces Hotchkiss commandant tout l’alentour. Le général Duchesne ordonne un repos de quelques heures et remet l’assaut au lendemain. Seule l’artillerie tonne et réduit au silence l’artillerie hova.

  • La reine a donné l’ordre aux défenseurs de tenir jusqu’à la mort.

Le 21 août, aux premières lueurs du jour, la colonne se remet en marche vers les retranchements d’Andriba, porte des Hauts Plateaux ; l’avant-garde les trouve vides. Tous les ouvrages de la position si bien armés ont été abandonnés par les défenseurs hovas après le simulacre de combats de la veille. Mais 200 kilomètres séparent la colonne de Tananarive tandis que la saison des pluies approche. Or la troupe est fatiguée. Les unités sont exsangues.

  • La Légion elle-même a perdu son commandant Barre. Le capitaine Rabaud l’a remplacé.

Le 23 août, à Mangasoavina, le général décide d’arrêter la construction de la route et de constituer une colonne légère de 4 000 hommes qui foncera à marche forcée sur Tananarive. Une fois encore la Légion est en tête. Les voitures Lefebvre sont abandonnées et les mulets sont chargés au minimum. La colonne comporte 237 officiers, 4 013 soldats et gradés, 1 515 convoyeurs auxiliaires, 266 chevaux, 2 809 mulets, 12 pièces de montagne avec 1 116 projectiles, 140 cartouches par homme et 22 jours de vivre. La colonne part le 14 septembre.

Le 26 août, la piste carrossable arrive à Andriba. Et les Français occupent la position forte sans tirer un seul coup de feu. L’ennemi véritable est la route de la mort.

Le 10 septembre 1895, la Légion reçoit d’Algérie un renfort conduit par le capitaine Brundseaux et 2 officiers et 147 hommes. La plupart des renforts nécessaires pour boucher les trous causés par la route, sont fournis par les formations et les services de l’arrière.

Le 14 septembre, la colonne se met en marche, suivant la piste malgache qui serpente au flanc des hauteurs rocheuses bordées de précipice. C’est la colonne ‘’Marche ou Crève’’.

  • Le bataillon de la Légion, avec 19 officiers et 330 légionnaires, marche en tête de cette colonne ; il est mené par le capitaine Brundseaux et les lieutenants Martin et Tahon.

Le 15 septembre, les légionnaires enlèvent le défilé de Tsinaïmondry.

Le 17 septembre, la colonne livre combat au col de Kiangara.

Le 19 septembre, un obstacle naturel barre la route de Tananarive : les monts Ambohimemas, culminant à 1 500 mètres. Les Hovas y ont construit 14 ouvrages. Ces forts sont simultanément, par les deux brigades de la colonne, tournés et attaqués de front. La manœuvre permet de les prendre à revers. Dès qu’ils se voient menacés d’encerclement, les Hovas abandonnent leurs canons et leurs fortins pleins de munitions et se sauvent à toutes jambes. La bataille est finie avant d’avoir réellement commencée. Et la marche en avant reprend.

  • Cette première victoire provoque une panique à Tananarive. Les habitants s’enfuient vers la campagne. La reine décide de rester. Le Premier ministre lève en hâte une nouvelle armée de 2 000 hommes en assurant la reine qu’elle est en mesure de s’opposer aux Français.

Le 28 septembre, après avoir fait opérer à sa colonne un vaste mouvement tournant pour attaquer la ville par le sud et par l’est, le général Duchesne lance six colonnes convergentes dont l’objectif est le palais de la reine. Les militaires français signalent des actions éparses, des velléités de résistance rencontrées ici et là. Les défenses, que les Hovas abandonnent comme d’habitude, sont successivement prises. Deux obus à la mélinite sont envoyés sur le palais royal et le grand pavillon Hova descend du sommet d’une des tourelles du palais et un drapeau blanc monte à sa place. L’objectif de la campagne est atteint.

  • Toujours à la peine depuis le départ, la Légion reçoit la mission d’occuper le palais royal. C’est un honneur. Le colonel Oudri et la 1ère compagnie du bataillon de Légion s’installent dans les murs de Ranavalona III.

Le 30 septembre, les Français entrent à Tananarive. L’armée Hova qui avait juré de mourir sans se rendre, se volatilise sans combattre du tout. La campagne est terminée. 

  • Finalement, au premier coup de canon sur la capitale Antananarivo, la reine Ranavalona III fait hisser le drapeau blanc. Elle accepte le protectorat français avec toutes ses conséquences.
  • Sur un effectif total de 21 600 hommes, 7 ont été tués au combat, 13 sont morts des suites de leurs blessures, 5 736 sont morts pour ‘’des raisons diverses’’.
  • Les responsables de la colonne doivent organise le transport des malades de Tananarive vers Majunga et des cimetières aux côtés des hôpitaux.

Le 22 octobre 1895, 358 sous-officiers et légionnaires et 20 officiers représentant le reste du bataillon de la Légion quittent Tananarive pour Majunga d’où ils embarquent pour l’Algérie, laissant derrière eux plus de deux cents morts tués par le climat, la fatigue et les privations. Fin du calvaire malgache. Le général Duchesne serre la main aux officiers : ‘’C’est bien à vous, Messieurs, que nous devons d’être ici et si jamais j’ai l’honneur de commander une expédition nouvelle, je ferai en sorte d’amener avec moi au moins un bataillon de la Légion’’.  

En juillet 1896, des cortèges de Malgaches marchent derrière un objet long dans les rues de Tananarive, avec un pasteur anglais en tête, récitant des prières. Un cortège est remarqué par un lieutenant de marsouins, qui remplit les fonctions de chef de la Sûreté, grand gaillard à barbe noire, observateur et méfiant. Le cortège n’a pas de pleureuses. Les Tirailleurs Sénégalais démaillotent l’objet long et trouvent une mitrailleuse Maxim. De nombreuses armes sont cachées dans la capitale depuis la capitulation et les chefs de la Résistance malgache espéraient les faire parvenir à leurs troupes avec la bénédiction britannique.

  • Dans la capitale, le calme règne et les militaires de la garnison nouent des relations très intimes avec les jeunes beautés indigènes, rieuses, agréables.
  • Une ombre arrive lorsque les exactions se multiplient dans l’intérieur de l’île ; convois et petits postes attaqués, plusieurs Français assassinés. Par les Favahalos, bandits traditionnels, selon la reine et ses ministres. Par des tribus rebelles et même la tribu des Sakalaves qui avaient vu en les Français des alliés dans leur lutte contre la domination hova.
  • Le général Joseph Gallieni, des Troupes de marine, le colonial du Soudan et du Tonkin, nommé commandant de la Grande Ile, demande au ministre des colonies André Lebon, une présence de six cents légionnaires afin de pouvoir, le cas échéant, mourir convenablement. Il a vivement apprécié la Légion lors de son séjour au Tonkin. Jusqu’en 1905, un bataillon complet résidera à Madagascar.

10 août 1896, avant de quitter Marseille, le général Gallieni rencontre le général Oudry, de retour de l’Ile. Embarqué à bord du Yang Tsé, le général Joseph Gallieni arrive à Majunga. Le résident Mazon lui dit qu’il est coupé de toutes communications avec l’intérieur et que des bandes du chef sakalave, Rabezavana, sèment la terreur dans toute la région. Mais le général lui répond : ‘’je veux d’abord saluer les morts’’.

  • Au temps des conquêtes coloniales, la pacification est un ensemble d’opérations, dirigées par des chefs militaires et qui comportent à la fois des mesures tout à fait humanitaires et des actes de violence.

15 septembre 1896 : le général Joseph Gallieni est nommé résident général à Madagascar.

  • Les 1ère et 2e compagnies formées par le 2e Etranger, commandées par les capitaines Flayelle et Deleure, partent les premières. Le commandant Cussac du 2e Etranger est désigné pour commander le bataillon.
  • Les 3e et 4e compagnies du 1er Etranger, commandées par les capitaines de Thuy et Brulard, quittent Sidi-Bel-Abbès le 21.08.1896, montent sur Marseille, débarquent le 14 septembre à Tamatave.
  • La 1ère compagnie, commandée par le capitaine Flayelle, part vers la côte ouest afin de réprimer une sédition sakalave, puis intervient sur Tuléar.
  • La 2e compagnie, commandée par le capitaine Deleure, assure la sécurité de l’axe Tananarive-Tamatave.
  • La 3e compagnie, commandée par le capitaine de Thuy, est détachée dans la région d’Ambatomango où elle participe à de dures colonnes contre les rebelles qui tiennent la forêt. Le climat est un des plus insalubres de l’île et cause de grands vides. La 3e compagnie passe ses hommes valides à la 4e compagnie et rentre en Emyrne, à Ilofy, pour s’y reposer et attendre les renforts.
  • Reconstituée avec des renforts venus de Sidi-Bel-Abbès, la 3e compagnie s’implante dans le cercle d’Ambohibé situé sur la côte ouest de l’île. Les reconnaissances se succèdent mais ses effectifs continuent de diminuer car le climat y est encore plus malsain. Pendant des mois, les légionnaires construisent des postes et des routes tout en livrant des combats aux rebelles.
  • La 4e compagnie, commandée par le capitaine Brulard, travaille en Emyrne.

Le 27 septembre, l'administration française abolit l'esclavage (il s'agissait d'un esclavage inter-malgache).

15 octobre 1896 : le résident général Gallieni tape fort pour montrer qui est le maître. Il fait arrêter, traduire devant un conseil de guerre, condamner à mort pour trahison et exécuter le prince Ratsimamanga, oncle de la Reine, et le ministre de l’Intérieur, Rainandriamampendry, personnages notoirement anti-français. La princesse, tante de la Reine, condamnée à mort est graciée et exilée.

  • Ces mesures produisent un effet foudroyant. Elles coupent les rebelles du reste de la population. Reste à réduire les rebelles, les Favalos, sorte de Pavillons noirs.

27 février 1897 : le général Gallieni destitue la reine Ranavalona III qui est exilée à La Réunion.

10 octobre 1897 : une heure avant le lever du soleil, 5 000 Sakalaves attaquent par surprise le poste d’Andembe, tenu par cent hommes ; les uns brandissent des sagaies, les autres possèdent des fusils introduits dans l’île par les Anglais, qui acceptent mal la présence française à Madagascar. Les légionnaires, rocs inébranlables dans la tempête qui gronde autour d’eux, tirent vite et bien. Les boîtes à mitraille de l’unique canon sauvent la situation au dernier instant. Peu après l’assaut du poste d’Andembe, la compagnie de légionnaires, commandée par le capitaine Louis Flayelle, est attaquée en forêt. Pendant plusieurs heures, un millier de Sakalaves s’élancent vainement contre les quatre faces du carré immobile d’où part un feu ajusté, meurtrier. Les légionnaires se dégagent finalement à la baïonnette.

  • La compagnie rentre au complet à Mahabé, après une marche de vingt-quatre heures, ramenant ses blessés et ses morts, toutes ses armes, tous ses bagages.
  • Epuisé le médecin-capitaine Morin, épuisé, ferme la marche. Ausculté par le lieutenant Charbonnel, il comprend que sa fin est là. Il donne au sergent infirmier pour chaque malade des instructions détaillées, il meurt en paix dans la soirée.
  • Quelques jours plus tard, la compagnie est surprise en pleine forêt. Le combat est à dix contre un. Le capitaine Flayette fait former le carré. Vingt-quatre heures plus tard, la compagnie rentre au poste, en pleine nuit, ramenant sur des brancards ses morts et ses blessés. Pas un fusil, pas une cartouche n’ont été abandonnés sur le terrain.

12 mars 1898 : le capitaine Louis Flayelle est tué à Vohinghezo lors d’un combat en forêt, dans la région de Tuléar ; la Légion Etrangère perd un autre officier, Montagnolle. 

Le 15 août 1898, la Légion Etrangère perd à Antsoa un officier, Harty de Pierrebourg.

En janvier 1899, les rigueurs du climat et la vie opérationnelle ont fait fondre les effectifs. La Légion Etrangère envoie d’Algérie un renfort de deux compagnies.

Le 03 juillet 1899, la Légion Etrangère perd à Amboraratra un officier, Guy Delavau.  

En 1899, la 5e compagnie du 1er Etranger est venue dans l’île.

  • Elle opère isolément dans la région proche de Fort-Carnot en Emyrne, où la rébellion vient de se rallumer. Le fort même, attaqué par 600 rebelles, ne doit son salut qu’à l’arrivée providentielle des légionnaires. Alors que les reconnaissances sillonnent la brousse, la 5e compagnie disperse plusieurs concentrations de rebelles dans le massif de l’Ankarakara et assure la pacification définitive de son secteur.
  • Le capitaine Morel, chef de la 5e compagnie, avant de procéder à la dissolution de son unité, a la consolation de recevoir la soumission des principaux chefs rebelles.

Le 22 mars 1900, le 4e bataillon du 1er Etranger est constitué pour renforcer le Corps expéditionnaire de Madagascar.

Le 1er avril 1900, arrive le colonel Joffre.

Le 20 avril, le 4e bataillon du 1er Etranger, commandé par le commandant Félineau, est mis à sa disposition ; débarqué à Antsirabe, il est employé aux travaux de défense de Diégo-Suarez. Il est rapatrié un an plus tard, après avoir laissé les éléments nécessaires pour maintenir les effectifs des unités du bataillon de marche.

  • Les combats fréquents ne constituent pas les seules activités des unités du 1er Etranger. Il faut dans des régions propices aux maquis malgaches construire des routes et des postes.
  • La 4e compagnie est engagée en Emyrne. Son service habituel, très pénible en raison de la fréquence du tour de service et du climat malsain de la région, consiste d’abord à escorter les convois. Elle prend part à des reconnaissances dans la vallée du Mangoro. Elle doit aussi imposer l’autorité française aux tribus de l’ouest et du sud qui razzient régulièrement les tribus voisines à caractère pacifique. •

Le 6 novembre 1900, le capitaine Astoin prend le commandement de la 4e compagnie.

En avril 1901, le 4e bataillon du 1er Etranger est relevé par le 2e bataillon du 2e Etranger. Sous le nom de ‘’Bataillon étranger de Diégo-Suarez, ce bataillon force dans la forêt la célèbre route d’Ambre, à la pointe septentrionale de Madagascar.

Le 26 octobre 1901, alors qu’il dirige une importante opération, le capitaine Astoin est mortellement blessé. Cette action coûte 90 morts à l’adversaire et aboutit à la pacification quasi définitive de la zone à la charge de son unité.

En février 1904, la 3e compagnie, commandée par le lieutenant Rollet, s’embarque pour Majunga et s’installe au camp du Sakaramy. Elle est dissoute le 21 juillet 1904.

Le 1er mai 1904, la 4e compagnie du 1er Etranger est dissoute à Diégo-Suarez.

En 1905, mission accomplie, les dernières unités du 1er Etranger quittent Madagascar ; en avril, la dernière compagnie de la Légion quitte Madagascar. La Légion a été un des grands artisans du succès du général Joseph Gallieni.

  • La Légion a perdu 260 des siens tués au combat. Parmi les blessés dans ses rangs, le lieutenant Prételat, futur commandant du groupe d’armées de l’Est en 1940.

En 1905, le général Joseph Gallieni rentre définitivement en France. Madagascar est calme. ‘’Il a reçu une forêt insurgée. Il a rendu une colonie tranquille et prospère’’. La fin de l'Indépendance est suivie de dix ans de guerre civile larvée, due à l'insurrection des Menalamba. Madagascar sera sous administration française de 1896 à 1960. Le général Joseph Galliéni, nommé gouverneur général de Madagascar (1896-1905), contribue à pacifier l'île. Selon ce dernier, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines, comme l'administration, l'économie et l'enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et  de ses langues. Sous l'impulsion de Galliéni, de nombreuses infrastructures sont mises en place : premier chemin de fer Tananarive-Tamatave (achevé en 1903), achèvement du chemin de fer de Madagascar, développement rapide du réseau routier (1905 à 1935), Institut Pasteur, écoles, etc. Pendant la colonisation française, un enrichissement de la population malgache est constaté, reflété à travers un achat croissant de tissus. En 1907, pour la première fois depuis un siècle, les exportations malgaches sont supérieures aux importations, et le pays s'enrichit. De nombreux jeunes Malgaches vont aussi étudier en France et contribueront à faire connaître Madagascar. La période coloniale est toutefois accompagnée de mouvements de lutte pour l'indépendance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Empire britannique prend possession de Madagascar pendant l'opération Ironclad, avant de la remettre aux Français libres en décembre 1942.

En mars 1947, l'Insurrection malgache éclate, qui entraîne une répression sanglante par l'armée française qui fait plusieurs dizaines de milliers de morts, les chiffres oscillants, selon les sources, entre une dizaine de milliers et 89 000. 140 Français et 2 000 Malgaches sont tués par les insurgés.

Le 7 juillet 1947, la Légion Etrangère perd à Ambodibolahy un officier, Henri Gresle-Bouignol.

Le 3 juillet 1949, la Légion Etrangère perd à Ambositra un officier, Georges Berthonnaud.

Le 2 octobre 1950, la Légion Etrangère perd à Ambinimanga un officier, Jean Birolet.

1958 : après de dures luttes pour l’indépendance et une violente répression, Madagascar devient une république autonome au sein de la Communauté, et acquit sa pleine souveraineté en 1960.Enfin son président Tsiranana devra s’effacer devant les militaires à la suite de troubles en 1975, remplacé par le général Ramanantsoa puis par le colonel Ratsimandrava en 1975.

Jean Balazuc P.P.P.P.

Février 2023

Sources.

Lettres du Tonkin et de Madagascar du général Lyautey – Librairie Armand Colin – 1921.

Livre d’Or de la Légion Etrangère de 1931 du général Rollet.

La Légion Grandeur et Servitude – Historama N° spécial 3- XI 1967

Mon pays la France – Jean-Pierre Vittori – Stock 1977.

La Légion Etrangère- Voyage à l’intérieur d’un corps d’élite- Pierre Dufour – Editions Heimdal 2000

Le 1er Etranger – Philippe Cert-Tanneur et Tibor Szecsko – Branding Iron Production 1987.

Histoire de la Légion Etrangère de 1831-1981 – Georges Blond – Plon 1981

Histoire de la Légion Etrangère – de 1831 à nos jours – Capitaine Pierre Montagnon- Pygmalion, 1999.

Site du Mémorial de Puyloubier.

Wikipédia.

Astoin, capitaine ; le 06.11.1900, il prend le commandement de la 4e compagnie du 1er Etranger à Madagascar ; il est mortellement blessé le 26.10.1901 à Ambovombe alors qu’il dirige une importante opération.

Barre, chef de bataillon, commandant le bataillon de la Légion Etrangère du Régiment Algérie à Madagascar en avril 1895. Il doit quitter son commandement début septembre.

Berthonnaud Georges Fernand, officier de la Légion Etrangère, tué le 03.07.1949 à Ambositra, Madagascar.

Birolet Jean, officier de la Légion Etrangère ; tué le 02.10.1950 à Ambinimanga, Madagascar.

Brulard Jean-Marie, né le 01.03.1856 à Besançon ; saint-cyrien de la promotion 1877-1879 ; il participe aux campagnes de Tunisie, Tonkin, Algérie, Madagascar, Maroc et Dardanelles ; capitaine, commandant la 4e compagnie du 1er Régiment étranger à Madagascar en 1896 ; lieutenant-colonel affecté au 4e R.T.A. ; colonel, chef de corps du 1er Régiment de marche du 2e Etranger, au Maroc en 1907. Chef de corps du 2e Etranger de 1908 à 1911. Général de brigade en 1912, chargé de réorganiser l’armée chérifienne ; nommé commandant de la 2e D.I. le 19.09.1914 ; général de division le 25.10.1914 ; il participe brillamment à l’expédition des Dardanelles ; ses croix de guerre portent six palmes ; Grand Croix de la Légion d’Honneur le 09.01.1918; décédé le 19.11.1923 à Nanterre.

Brundseaux Paul, né le 04.10.1855 en Meurthe et Moselle ; saint-cyrien ; lieutenant au 4e Zouaves à Tunis ; il démissionne pour épouser une jeune chanteuse de concert, lui ayant fait un enfant ; civil, désargenté, il obtient de reprendre du service comme lieutenant à titre étranger ; au Tonkin, il glane les décorations ; il s’illustre comme capitaine lors de la campagne du Dahomey en 1892 ; capitaine, commandant une compagnie de la Légion étrangère à Madagascar en 1895 ; réintégré à titre français ; il est promu chef de bataillon en mai 1897 ; son bataillon du 1er R.E. fait partie de la Thème 37 163 colonne Bertrand en 1900 ; le 01.07.1900, le commandant avec une de ses compagnies occupe Taghit ; en 1902, il est de retour à Madagascar ; il est promu lieutenant-colonel en décembre 1903 ; en juin 1905, il est réaffecté au 1er R.E. ; il est au Tonkin en 1906 et 1907 ; colonel le 23.03.1908, il est le chef de corps du 136e R.I. ; général de brigade en 1912 ; il abandonne épouse et enfant pour se mettre en ménage avec une femme noire ; Gouverneur militaire de Paris, il finit sa carrière militaire en 1916, à la tête de la 136e brigade d’infanterie sur le front de France ; Gouverneur militaire de la Corse ; décédé le 02.01.1930.

Bulot, capitaine, commandant la 3e compagnie du bataillon de la Légion Etrangère envoyé à Madagascar en avril 1895.

Charbonnel, lieutenant de la Légion Etrangère, stationné à Mahabé en 1898.

Courtois, capitaine, commandant la 2e compagnie du bataillon de la Légion Etrangère envoyé à Madagascar en avril 1895.

Cussac, commandant du 2e Régiment Etranger ; commandant le bataillon de la Légion Etrangère envoyé à Madagascar en septembre 1896.

Delavau Guy Paul Marie Gontran, officier de la Légion Etrangère, tué le 03.07.1899 à Amboraratra, Madagascar.

Deleure, capitaine, commandant la 2e compagnie du bataillon de Légion Etrangère envoyé à Madagascar en septembre 1896.

Duchesne Jacques Charles René Achille, né le 03.03.1837 à Sens ; saint-cyrien de la promotion 1856-1858 ; sous-lieutenant au 2e R.I., blessé à Solferino ; lieutenant en 1861 ; capitaine en 1864 ; il sert dans la Légion Etrangère de 1876 à 1879 ; chef de bataillon au 2e Zouaves en 1882 ; lieutenant-colonel de la Légion Etrangère de 1881 à 1884 ; il commande une colonne dans le Sud-Oranais contre Bou Amama ; il commande deux bataillons de la Légion Etrangère au Tonkin ; il se distingue à Bac Ninh et Hang Hoa ; colonel, chef de corps du 110e R.I. en septembre 1884, il reste au Tonkin et commande la colonne de secours vers Tuyen Quang en novembre 1884 ; sous les ordres de l’amiral Amédée Courbet, il commande les troupes de débarquement à Formose puis dans les îles Pescadores en 1885 ; général de brigade en 1888, commandant la 33e brigade ; général de division, commandant la 16e D.I. puis la division de Belfort ; général de division, commandant en chef le corps expéditionnaire à Madagascar en 1895-1896. Il termine sa carrière comme général de corps d’armée à la tête du 5e C.A. en 1896 puis du 7e C.A. en 1900 ; décédé le 27.04.1918 dans le département de la Seine.

Flayelle Louis, officier de la Légion Etrangère ; homme grand et superbe ; fils d’un industriel et sénateur vosgien, fortuné, il consacre sa solde à améliorer l’ordinaire de ses hommes ; capitaine, commandant la 1ère compagnie du bataillon de la Légion envoyé à Madagascar en septembre 1896 ; tué le 12.03.1898 à Vohinghezo, Madagascar, lors de l’attaque de sa compagnie en forêt par des Sakalaves.

Gallieni Joseph Simon, né le 24.04.1849 à Saint-Béat en Haute-Garonne ; collège de La Flèche ; saint-cyrien de la promotion Suez 1868-1870 ; officier des Troupes de Marine ; sous-lieutenant au 3 e R.I.Ma., blessé à Bazeilles le 01.09.1870, fait prisonnier ; libéré le 11.03.1871 ; lieutenant au 2e R.I.Ma. ; à La Réunion du 25.04 ;1873 à 1876 : affecté le 11.12.1876 aux Tirailleurs sénégalais ; Expéditions en Afrique noire de 1877 à 1882 ; capitaine en 1880 ; le 29.03.1880, au Mali, il négocie Thème 37 164 avec les chefs coutumiers ; en 1881, au Niger, il négocie le traité de Nangou avec le sultan Ahmadou ; en Martinique en 1883-1886 ; lieutenant-colonel le 20.12.1886, commandant supérieur du Haut Fleuve (Sénégal) ; des succès militaires aux dépens du sultan Ahmadou en 887 et du sultan Samori en 1888 ; successeur du colonel Archinard le 10.05.1888, il entre à Kayes le 28.10.1888 ; colonel le 01.03.1891 ; au Tonkin en 1892-1896 ; chef de corps du 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois le 11.10.1892 ; commandant la 1ère brigade le 15.11.1892 puis la 2e division militaire ; promu général de brigade ; nommé résident général à Madagascar le 15.09.1896 ; sa politique : ‘’la tache d’huile’’ et ‘’la politique des races’’ ; général de division le 09.07.1899 ; il rentre définitivement en France en 1905 ; Gouverneur militaire de Lyon, commandant le 14e C.A. ; Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 06.11.1905 ; en retraite en avril 1914 ; rappelé, Gouverneur militaire de Paris le 26.08.1914 ; en septembre 191 ; il réquisitionne les taxis parisiens pour la bataille de la Marne ; ministre de la Guerre en 1915 ; décédé le 27.05.1916 à Versailles ; Maréchal de France à titre posthume le 07.05.1921.

Gresle-Bouignol Henri, officier de la Légion Etrangère, tué le 07.07.1947 à Ambodibolahy, Madagascar.

Jonnart Charles, né le 27.12.1857 à Fléchin ; homme du Nord ; chef de cabinet du gouverneur Louis Tirman ; chef des services de l’Algérie au ministère de l’Intérieur en 1886 ; député du Pas de Calais de 1889 à 1914 ; sénateur de 1914 à 1917 ; ministre des Travaux Publics ; Gouverneur Général de l’Algérie d’octobre 1900 à juin 1901 pour un intérim, de mai 1903 à mars 1911 dans la pleine vigueur de sa personnalité, de janvier 1918 à juillet 1919 après avoir été ministre des Affaires Etrangères en 1913 et Haut-Commissaire à Athènes en 1917 ; il échappe à une embuscade dans le Sud Oranais le 31.05.1903 ; un très grand gouverneur ; il engage la politique d’association ; le règne de ce haut fonctionnaire exceptionnel et homme politique coïncide avec une prospérité sans précédent ; membre de l’Académie française ; ambassadeur au Vatican en 1919. Décédé le 30.09.1927.

Martin, lieutenant, commandant une section de légionnaires du Régiment d’Algérie lors de l’expédition de Madagascar en 1895.

Metzinger Louis Frédéric Hubert, né le 09.12/1842 à Dijon ; saint-cyrien ; sous-lieutenant en 1863 au 35e R.I. ; campagne de Rome ; lieutenant en 1868 ; il rejoint le 13e C.A. pour la campagne de France ; capitaine en 1870 ; chef de bataillon au 109e R.I. en 1879 puis à la Légion Etrangère en 1881 ; campagne d’Algérie du 03.08.1881 au 20.01.1883 ; lieutenant-colonel au 70e R.I. en 1885, puis au 34e R.I. ; colonel, chef de corps du 16e R.I. en 1887 puis à la 60e brigade d’infanterie ; général de brigade en 1891, commandant la subdivision d’Orab ; général commandant la colonne de l’armée de terre qui comprend le Régiment d’Algérie dans le Corps expéditionnaire à Madagascar en 1895 ; général de division en 1895, commandant la 29e D.I. de 1896 à 1897 puis le 15e C.A. de 1898 à 1902 ; retraité le 09.11.1907 ; décédé en 1917. Montagnolle, officier de la Légion Etrangère, tué le 12.03.1898 à Vohinghezo, Madagascar.

Morel, capitaine, commandant la 5e compagnie du 1er Etranger à Madagascar en 1899. Avant de procéder à la dissolution de son unité, il a la consolation de recevoir la soumission des principaux chefs de la rébellion. Morin, médecin-capitaine, affecté à une compagnie de la Légion Etrangère au Madagascar en 1897 ; malade, épuisé, il meurt à Mahabé après des combats très violents dans la forêt.

Oudry, colonel, chef de corps du 2e Etranger ; il commande le régiment de marche d’Algérie lors de la campagne de Madagascar en 1895. Il revient de l’Ile avec le grade de général.

Perrot, capitaine, commandant la 1ère compagnie du bataillon de la Légion Etrangère envoyé à Madagascar en avril 1895.

de Pierrebourg Harty, officier de la Légion Etrangère, tué le 15.08.1898 à Antsoa, Madagascar.

Prételat André-Gaston, né le 14.11.1874 à Wassy en Haute-Marne ; saint-cyrien de la promotion Alexandre III 1894-1896 ; lieutenant de la Légion Etrangère, blessé à Madagascar en 1898 ; commandant le 159e R.I. en 1916 ; commandant la 1er D.I. du 22.12.1927 au 03.08.1930 ; Grand-croix de la Légion d’honneur le 18.01.1939 ; commandant le groupe d’armées de l’Est en mai-juin 1940 ; décédé à Paris le 06.12.1969.

Rabaud, capitaine ; début septembre 1895, il remplace le commandant Barre à la tête du bataillon de la Légion Etrangère à Madagascar.

Ranavalona III, née le 22.11.1861 à Amparibe ; reine de Madagascar en 1895 : elle fait hisser le drapeau blanc sur son palais à Tananarive le 30 septembre 1895 ; déchue par le gouverneur général Joseph Gallieni le 27.02.1897 ; exilée à La Réunion ; décédée à Alger le 23.05.1917.

Ramastombazaha, général en chef de l’armée malgache constituée d’Hovas ; champion d’éloquence.

Rainandriamampandry, ministre malgache de l’Intérieur ; envoyé devant un tribunal pour trahison par le gouverneur général Joseph Gallieni, condamné à mort, exécuté le 15.10.1896.

Ratsimamanga, prince malgache ; envoyé devant un tribunal pour trahison par le gouverneur général Joseph Gallieni, condamné à mort, exécuté le 15.10.1896.

Rollet Paul Frédéric, né le 20.12.1875 à Auxerre ; saint-cyrien de la promotion 1894 Alexandre III ; affecté à la Légion le 04.12.1899 ; en 1901, lieutenant, il sert au 1er R.E. dans le Sud-Algérien ; de 1902 à 1905, il est alors à Igli à Madagascar ; ‘’lieutenant espadrilles’’ surnommé ainsi en raison de ses habitudes vestimentaires ; lieutenant, il commande la 3e compagnie du 1er Etranger en 1904 ; de 1905 à 1911, il sillonne les confins algéro-marocains à la tête de son unité ; puis il combat les irrédentistes marocains de la région d’Oujda ; en 1911, il est affecté avec la 3e compagnie montée du 2e Etranger au corps de débarquement de Casablanca : cette période façonne un chef militaire hors normes avec 17 participations à des combats contre les dissidents, attaques, coups de main, deux citations ; dès le début de la guerre, en congé de fin de campagne, le chef de bataillon demande à partir sur le front français et il quitte la Légion et se retrouve piégé dans la régulière ; chef de corps du 331e R.I. de 1914 à 1917 ; il retrouve la Légion le 30.05.1917 ; lieutenant-colonel, chef de corps du R.M.L.E. en 1917-1918 ; il en fait le Régiment le plus décoré de l’armée française ; il repart au Maroc en 1919 avec son régiment qui devient le 3e R.E.I. ; il devient un des maréchaux du général Louis Lyautey, à travers le Moyen-Atlas ; en 1925, il est nommé chef de corps du 1er Etranger ; il conduit les destinées d’Une Légion modernisée et dotée de structures sociales qui perdurent ; il organise les fêtes du Centenaire le 30 avril 1931 à Sidi-Bel-Abbès ; en 1931, il est nommé général de brigade, inspecteur de la Légion Etrangère, poste nouveau créé pour lui ; il crée une revue ‘’Légion Etrangère’’ ainsi que la Maison de retraite du légionnaire d’Auriol en 1934. Il est le ‘’Père de la Légion’’. Grand-Officier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 1914-1918 avec sept palmes, une vingtaine de décorations. Rendu à la vie civile, il accepte la présidence de l’Union nationale des blessés de la tête et de la face, ‘’Les Gueules Cassées’’. Décédé le 16.04.1941 ; enterré à Sidi-Bel-Abbès, son cercueil est transféré à Aubagne le 29.09.1962, dans le carré Légion du cimetière de Puyloubier. La promotion de Saint-Cyr 1978-1980 porte son nom.

Sardi, capitaine, commandant la 4e compagnie du bataillon de la Légion Etrangère envoyé à Madagascar en avril 1895.

Tahon, lieutenant, commandant une section de légionnaires du Régiment d’Algérie lors de l’expédition de Madagascar en 1895.

de Thuy, capitaine au 1er Régiment Etranger, commandant la 3e compagnie du bataillon de la Légion.

15 octobre 1896 : le résident général Gallieni tape fort pour montrer qui est le maître. Il fait arrêter, traduire devant un conseil de guerre, condamner à mort pour trahison et exécuter le prince Ratsimamanga, oncle de la Reine, et le ministre de l’Intérieur, Rainandriamampendry, personnages notoirement anti-français. La princesse, tante de la Reine, condamnée à mort est graciée et exilée. • Ces mesures produisent un effet foudroyant. Elles coupent les rebelles du reste de la population. Reste à réduire les rebelles, les Favalos, sorte de Pavillons noirs.. • (S263-137) (S269-153) (S: W). 27 février 1897 : le général Gallieni destitue la reine Ranavalona III qui est exilée à La Réunion. • (S263-137) (S : W). 10 octobre 1897 : une heure avant le lever du soleil, 5 000 Sakalaves attaquent par surprise le poste d’Andembe, tenu par cent hommes ; les uns brandissent des sagaies, les autres possèdent des fusils introduits dans l’île par les Anglais, qui acceptent mal la présence française à Madagascar. Les légionnaires, rocs inébranlables dans la tempête qui gronde autour d’eux, tirent vite et bien. Les boîtes à mitraille de l’unique canon sauvent la situation au dernier instant. Peu après l’assaut du poste d’Andembe, la compagnie de légionnaires, commandée par le capitaine Louis Flayelle, est attaquée en forêt. Pendant plusieurs heures, un millier de Sakalaves s’élancent vainement contre les quatre faces du carré immobile d’où part un feu ajusté, meurtrier. Les légionnaires se dégagent finalement à la baïonnette. • La compagnie rentre au complet à Mahabé, après une marche de vingt-quatre heures, ramenant ses blessés et ses morts, toutes ses armes, tous ses bagages. • Epuisé le médecin-capitaine Morin, épuisé, ferme la marche. Ausculté par le lieutenant Charbonnel, il comprend que sa fin est là. Il donne au sergent infirmier pour chaque malade des instructions détaillées, il meurt en paix dans la soirée. • Quelques jours plus tard, la compagnie est surprise en pleine forêt. Le combat est à dix contre un. Le capitaine Flayette fait former le carré. Vingt-quatre heures plus tard, la compagnie rentre au poste, en pleine nuit, ramenant sur des brancards ses morts et ses blessés. Pas un fusil, pas une cartouche n’ont été abandonnés sur le terrain. • (S263-137) (S269-154 & 155). 12 mars 1898 : le capitaine Louis Flayelle est tué à Vohinghezo lors d’un combat en forêt, dans la région de Tuléar ; la Légion Etrangère perd un autre officier, Montagnolle. • (S263-137) (S269-154 & 155) (Site du Mémorial de Puyloubier). • Le 15.08.1898, la Légion Etrangère perd à Antsoa un officier, Harty de Pierrebourg. • (Site du Mémorial de Puyloubier). En janvier 1899, les rigueurs du climat et la vie opérationnelle ont fait fondre les effectifs. La Légion Etrangère envoie d’Algérie un renfort de deux compagnies. Thème 37 161 • (S263-138). • Le 03.07.1899, la Légion Etrangère perd à Amboraratra un officier, Guy Delavau. • (Site du Mémorial de Puyloubier). • En 1899, la 5e compagnie du 1er Etranger est venue dans l’île. • Elle opère isolément dans la région proche de Fort-Carnot en Emyrne, où la rébellion vient de se rallumer. Le fort même, attaqué par 600 rebelles, ne doit son salut qu’à l’arrivée providentielle des légionnaires. Alors que les reconnaissances sillonnent la brousse, la 5e compagnie disperse plusieurs concentrations de rebelles dans le massif de l’Ankarakara et assure la pacification définitive de son secteur. • Le capitaine Morel, chef de la 5e compagnie, avant de procéder à la dissolution de son unité, a la consolation de recevoir la soumission des principaux chefs rebelles. • Le 22 mars 1900, le 4e bataillon du 1er Etranger est constitué pour renforcer le Corps expéditionnaire de Madagascar. • Le 1er avril 1900, arrive le colonel Joffre. • Le 20 avril 1900, le 4e bataillon du 1er Etranger, commandé par le commandant Félineau, est mis à sa disposition ; débarqué à Antsirabe, il est employé aux travaux de défense de Diégo-Suarez. Il est rapatrié un an plus tard, après avoir laissé les éléments nécessaires pour maintenir les effectifs des unités du bataillon de marche. • Les combats fréquents ne constituent pas les seules activités des unités du 1er Etranger. Il faut dans des régions propices aux maquis malgaches construire des routes et des postes. • La 4e compagnie est engagée en Emyrne. Son service habituel, très pénible en raison de la fréquence du tour de service et du climat malsain de la région, consiste d’abord à escorter les convois. Elle prend part à des reconnaissances dans la vallée du Mangoro. Elle doit aussi imposer l’autorité française aux tribus de l’ouest et du sud qui razzient régulièrement les tribus voisines à caractère pacifique. • Le 6 novembre 1900, le capitaine Astoin prend le commandement de la 4e compagnie. • En avril 1901, le 4e bataillon du 1er Etranger est relevé par le 2e bataillon du 2e Etranger. Sous le nom de ‘’Bataillon étranger de Diégo-Suarez, ce bataillon force dans la forêt la célèbre route d’Ambre, à la pointe septentrionale de Madagascar. • Le 26 octobre 1901, alors qu’il dirige une importante opération, le capitaine Astoin est mortellement blessé. Cette action coûte 90 morts à l’adversaire et aboutit à la pacification quasi définitive de la zone à la charge de son unité. • En février 1904, la 3e compagnie, commandée par le lieutenant Rollet, s’embarque pour Majunga et s’installe au camp du Sakaramy. Elle est dissoute le 21 juillet 1904. • Le 1er mai 1904, la 4e compagnie du 1er Etranger est dissoute à Diégo-Suarez. • En 1905, mission accomplie, les dernières unités du 1er Etranger quittent Madagascar ; en avril, la dernière compagnie de la Légion quitte Madagascar. La Légion a été un des grands artisans du succès du général Joseph Gallieni. • La Légion a perdu 260 des siens tués au combat. Parmi les blessés dans ses rangs, le lieutenant Prételat, futur commandant du groupe d’armées de l’Est en 1940. • En 1905, le général Joseph Gallieni rentre définitivement en France. Madagascar est calme. ‘’Il a reçu une forêt insurgée. Il a rendu une colonie tranquille et prospère’’. • (S55’-43) (S62-86) (S82-2001 N°7) (S255-21 & 22, 189) (S257-38 à 40) (S261-16) (S263-137 à 139) (S269-151 à 155) (Site du Mémorial de Puyloubier) (S : W). La fin de l'Indépendance est suivie de dix ans de guerre civile larvée, due à l'insurrection des Menalamba. Madagascar sera sous administration française de 1896 à 1960. Le général Joseph Galliéni, nommé gouverneur général de Madagascar (1896-1905), contribue à pacifier l'île. Selon ce dernier, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines, comme l'administration, l'économie et l'enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et de Thème 37 162 ses langues. Le 27 septembre 1896, l'administration française abolit l'esclavage (il s'agissait d'un esclavage inter-malgache). Sous l'impulsion de Galliéni, de nombreuses infrastructures sont mises en place : premier chemin de fer Tananarive-Tamatave (achevé en 1903), achèvement du chemin de fer de Madagascar34 , développement rapide du réseau routier (1905 à 1935), Institut Pasteur, écoles, etc. Pendant la colonisation française, un enrichissement de la population malgache est constaté, reflété à travers un achat croissant de tissus. En 1907, pour la première fois depuis un siècle, les exportations malgaches sont supérieures aux importations, et le pays s'enrichit. De nombreux jeunes Malgaches vont aussi étudier en France et contribueront à faire connaître Madagascar. La période coloniale est toutefois accompagnée de mouvements de lutte pour l'indépendance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Empire britannique prend possession de Madagascar pendant l'opération Ironclad, avant de la remettre aux Français libres en décembre 1942. En mars 1947, l'Insurrection malgache éclate, qui entraîne une répression sanglante par l'armée française qui fait plusieurs dizaines de milliers de morts, les chiffres oscillants, selon les sources, entre une dizaine de milliers et 89 000. 140 Français et 2 000 Malgaches sont tués par les insurgés. Territoire d'outre-mer de 1946 à 1958, Madagascar obtient un premier niveau d'autonomie le 10 octobre 1958, en tant que République autonome Malagasy au sein de la Communauté. • (S : W). Le 07.07.1947, la Légion Etrangère perd à Ambodibolahy un officier, Henri Gresle-Bouignol. • (Site du Mémorial de Puyloubier). Le 03.07.1949, la Légion Etrangère perd à Ambositra un officier, Georges Berthonnaud. • (Site du Mémorial de Puyloubier). Le 02.10.1950, la Légion Etrangère perd à Ambinimanga un officier, Jean Birolet. • (Site du Mémorial de Puyloubier). Le 14 octobre 1958, Philibert Tsiranana devient président du Conseil de gouvernement avant d'être élu premier président de la République le 1er mai 1959. Le 26 juin 1960, l'île accède à l'indépendance mais la Première République malgache reste très étroitement liée à la France par les accords de coopération. Le président Tsiranana, critiqué par la population pour son soutien aux intérêts français, quitte le pouvoir en 1972.

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