20230713 - 14 Juillet : un dernier défilé pour le chef de musique de la Légion Étrangère

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Ce 14 juillet, Émile Lardeux, le chef de musique de la Légion Étrangère, descendra pour la dernière fois les Champs-Élysées. Né à Château-Gontier, il a appris la musique avec son grand-père, organiste de la paroisse de Châtelais ( Maine-et-Loire) et chef de l’harmonie municipale.

Toute sa vie a été marquée par la baguette. Fils d’un boulanger du Châtelais, petit village de 660 habitants près de Segré (Maine-et-Loire). Émile Lardeux a failli lui aussi tomber dans le pétrin. Mais au CAP de boulangerie, il a très vite préféré une autre baguette, celle de la musique militaire. Il en a fait sa carrière, pendant 46 ans, de Rennes à Clermont-Ferrand, Dijon puis Aubagne (Bouches-du-Rhône), siège de l’État-Major de la Légion Étrangère. Il y est entré en 2008 et y a vécu seize ans, « mes plus belles années avec les képis blancs », confie-t-il sans une once d’hésitation.

Ce matin au pied de l’Arc de Triomphe, il achèvera sa carrière de chef de musique hors classe. Et descendra pour la seizième et dernière fois les Champs-Élysées avant de ranger son paquetage. « Dans la musique, c’est le légionnaire Vassiliev qui a le record : il a descendu 22 fois les Champs-Élysées ! »

De l’harmonie à la Légion

Ce n’est pas un hasard si Émile Lardeux, appelé affectueusement « Smuhc » par les légionnaires (l’abréviation de « chef de musique hors classe ») a attrapé le virus des marches militaires. Sa vocation s’est révélée pendant son service militaire. Toute sa famille vivait déjà au milieu des partitions : « Petit, je jouais de la musique dans l’harmonie municipale dirigée par mon grand-père, se souvient-il. Mon père était professeur de musique à Craon (Mayenne). Ma mère jouait aussi de l’orgue à la paroisse du Châtelais. Aujourd’hui âgée de 92 ans, elle a dû s’asseoir au clavier pour l’inhumation de toutes ses copines ! » Elle n’aurait pour rien au monde loupé hier, la veille du défilé, la remise de la Légion d’Honneur à fils dans les jardins du Sénat.

Place Rouge

À quoi pensera-t-il en arpentant une dernière fois au rythme légionnaire de 88 pas/minutes les pavés parisiens pour le défilé militaire du 14 juillet ? « Je n’oublierai jamais ce concert de la Légion Étrangère sur la place Rouge à Moscou avec Mireille Mathieu devant 4 000 personnes, » raconte-t-il. Ou « le disque de la Légion enregistré avec la prestigieuse maison Deutsch Grammophon, devenu disque d’or. » Il aura aussi en mémoire l’honneur d’une royale salutation sans protocole de la reine d’Angleterre, Élisabeth II, venue parler avec lui – et en français ! – lors du Windsor Castle Royal Tatoo. Et ces deux mémorables concerts de la Légion, donnés à l’Olympia en juin 2023.

« Où que l’on aille, on représente la Légion,  » explique-t-il. Avec sa musique, véritable ambassade des képis blancs à travers le monde, Émile Lardeux a parcouru quasiment toute la planète. Ses képis blancs, « d’abord des combattants entraînés à la dure, puis des musiciens, » seront allés du Mexique au Chili, en passant par le Canada, la Norvège, la Russie ou l’Angleterre. Mais aussi dans de nombreux villages de France où, à raison d’une quinzaine de concerts par an, la Légion Étrangère se produit en public. Sans oublier le Graal : la date principale de l’année : la cérémonie de Camerone, le 30 avril, qui commémore le sacrifice du capitaine Danjou avec ses 61 légionnaires contre une armée de 2 000 Mexicains. Un mythe fondateur pour la Légion.

Musique et ambassade

Émile Lardeux sourit de tous ces souvenirs. C’est pour mieux masquer l’émotion qui n’est pas loin. Même à la Légion, après tout ce temps parmi les rustiques soldats, il y a des moments poignants : « Les légionnaires vous rendent autant que vous leur donnez ! Je suis toujours admiratif de ces hommes qui ont tout quitté : famille, amis, racines, pour s’engager à la Légion », confie-t-il. « Moi qui suis angevin d’origine, j’ai eu jusqu’à 23 nationalités différentes dans ma musique. Des Chinois, des Moldaves, des Albanais, des Brésiliens, des Ukrainiens… Mais vous savez, la musique est une langue internationale ! » C’est d’ailleurs à un officier d’origine russe, le capitaine Khourda, qu’il transmettra sa baguette de chef de musique de la Légion Étrangère.

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