18710114 - Journée du 14 janvier - Mouvements des corps français - Ordres pour le 15 janvier.

1910 - La guerre de 1870-71 - Etude sur la campagne du Général Bourbaki dans l'Est - TIII - Arcey Héricourt

 

 

La 2e division n'avait pas encore rejoint complètement l'armée de l'Est. Le 39e de ligne arriva d'Onans à Sainte-Marie, avec une partie du régiment étranger ( le reste étant encore en chemin de fer ) et le 25e mobiles.

Plus tard débarqua encore une partie du 30e de marche.

Le 29e mobiles était encore en chemin de fer du côté de Dijon (2).

La situation grave où se trouvait le XVe corps au point de vue des vivres se trouve attestée par de nombreuses pièces. Un convoi portant au plus 20,000 rations était bien arrivé dans la nuit à Arcey, d'où il était dirigé sur Sainte-Marie, mais ne pouvait aller plus loin. La 3e division recevait 12,000 rations à grand'peine (3).

(2) Le 34e de marche, qui faisait partie de la brigade, paraît être resté à Sainte-Marie, par suite d'une erreur provenant peut être d'un changement dans son commandement par suite du départ du colonel Mesny nommé au 39e de ligne.

(3) Lettres du général Martineau, du général Borel, de M. de Serres, des fonctionnaires de l'intendance. L'Intendant Santini était l'objet d'une demande de révocation.

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Devant Héricourt, comme dans d'autres circonstances de la guerre, on recula devant une action vraiment décisive, dans laquelle on aurait engagé à fond le dernier homme, parce qu'on eut souvent l'idée de conserver une armée jusqu'à la fin de la campagne. En pareille circonstance, on perd généralement tout, pour n'avoir pas voulu tout risquer. La triste fin de l'armée de l'Est en devait être un nouvel exemple.

Le mouvement devait commencer à 6 h. 30 du malin, après que les troupes auraient mangé la soupe.

Le XVe corps devait marcher sur Montbéliard, qu'il devait canonner après avoir enlevé Bois-Bourgeois, la ferme du Mont-Chevis et les hauteurs de la rive droite de la Lisaine. Le XXIVe, se laissant un peu devancer par le XVe devait occuper les bois de Montévillars, du Grand-Bois, de Tavey, du Chênois, se « porter jusqu'à la Lisaine, et enlever les points de passage». Le XXe avait pour mission d'occuper Héricourt, « mais il ne s'emparera de ce village, qu'après que l'effet voulu aura été produit par le XVIIIe corps et la division Cremer ». Le général Billot avait à occuper Couthenans, Luze et Chagey, le général Cremer devait passer la Lisaine à deux kilomètres en amont de Chagey et marcher sur Mandrevillars et Echenans (1). La réserve avait à se placer à Aibre et Trémoins.

(1) Une dépêche datée de 2 heures du soir et l'ordre de mouvement lui prescrivaient « d'arriver sur la Lisaine à 6 heures du matin (de Lure à Frahier, il y a 23 kilomètres ! !), puis d'aller à Mandrevillars, Echenans, et enfin d'occuper à la fin de la journée Argiésans (32 kilomètres à vol d'oiseau, 40 au moins par la route la plus directe, et en combattant ! ! )  « Elle (la division Cremer) subordonnera son action à celle du XVIII° corps. Elle observera avec grand soin les routes ou chemins permettant de se porter de Belfort sur notre flanc gauche, notamment par Frahier et Chalonvillars. » « Le général Cremer devra éviter de suivre la partie de la route de Lure à Chagey la plus voisine de ce dernier village qui est affectée spécialement au XVIIIe corps. » La dépêche adressée à Lure à 2 heures du soir ne fut naturellement pas reçue par le général Cremer qui n'y arriva que fort tard. Il n'a cependant pas été trouvé de preuve réelle qu'elle ait été interceptée par les Allemands, maîtres de Lure jusqu'à 4 heures du soir environ.

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Le XVe corps, était-il dit, aura à occuper Montbéliard, mais « sans brusquer le mouvement», « il ne perdra pas de vue qu'il sert de pivot » - « Le XXIVe corps ne hâtera pas trop sa marche en avant. » Il ne franchira la rivière que s'il en reçoit l'ordre. Le XXe corps attendra le XVIIIe, mais le XVIIIe « ne s'engagera qu'après avoir entendu le canon du XVe». Avec de telles prescriptions, il était fatal que l'action sur le front fût hésitante et décousue.

En outre les mesures prises ne répondaient ni à la position de l'ennemi, dont on supposait la droite bien plus au Sud qu'elle ne l'était, ni au terrain, ni à la situation générale.

Si l'on jette, en effet, les yeux sur une carte portant les emplacements des troupes dans la nuit du 14 au 15 janvier, on ne peut pas ne pas être surpris des directions assignées aux divers corps d'armée.

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Seuls les ordres donnés au XVe corps devaient viser une véritable attaque de la ligne de la Lisaine.

Dès 6 h. 30 du matin, les troupes devaient être sous les armes, ayant mangé la soupe, et au jour « marcher sur Montbéliard », enlever Bois-Bourgeois, la ferme de Mont-Chevis et canonner la ville et la citadelle de Montbéliard.

La 2e brigade de la 3e division avait à se porter de Montenois sur Présentevillers, la lisière Nord du bois de Mont-Bart, pour menacer Bart et Dung. Ce dernier point devrait être attaqué par la 1re brigade (1).

Dès 7 h. 30, la 1re brigade de la 1re division devait entrer à Allondans et attaquer de suite le Bois-Bourgeois et la ferme du Mont-Chevis ; 2 batteries de la réserve, rendues à Saint-Julien à la même heure, lui étaient adjointes. La 2e brigade devait la soutenir en traversant le bois de la Côte. Le reste de la réserve d'artillerie venait à Présentevillers suivi des troupes disponibles de la 2e division. Enfin la brigade de cavalerie Boério, avec une batterie à cheval, devait passer à Montenois à 6 h. 30 et venir menacer Bart de concert avec la 2e brigade de la 3e division.

Ainsi l'étrange résultat des ordres minutieux du commandant en chef devait être que le corps, auquel il était recommandé de ne pas « brusquer le mouvement» et « de ne pas oublier qu'il sert de pivot», devait être le seul qui prononçât franchement son attaque.

(1) Dans cette division le 16e de ligne devait être remplacé pour la journée par le régiment étranger de la 2e division et passer aux ordres du général commandant la 1re.

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