Le Colonel de VILLEBOIS-MAREUIL
Les journaux de la métropole sont unanimes à déplorer la mort du regretté colonel de Villebois-Mareuil et contiennent de nombreuses biographies et articles élogieux sur le vaillant officier.
Nous en reproduisons quelques extraits :
Du Moniteur Universel :
La mort de M. de Villebois-Mareuil a causé une vive émotion à Nantes, où la famille est très connue et où habite Mme de Villebois-Mareuil mère, âgée de soixante quinze ans, au n° 14 de la rue Félix.
L'émotion a été non moins vive à Montaigu où s'est /-coulée l'enfance du colonel et où il venait régulièrement deux fois par an, au moment de la chasse. La famille de Villebois-Mareuil habite à deux kilomètres de Montaigu, dans la commune de Saint-Hilaire de Loulay, le château du Bois-Gorbeau appartenant au colonel.
Le colonel Georges de Villebois-Mareuil était l'aîné de quatre frères : Roger, actuellement maire de Saint-Hilaire ; Christian, ancien député de la Mayenne, et Victor, qui gère une importante exploitation en Tunisie.
La famille de Villebois-Mareuil a été anoblie par Philippe-Auguste sur le champ de bataille de Bouvines.
Mlle de Villebois-Mareuil était encore au couvent, où elle achève ses études, lorsque la triste nouvelle fut apportée rue Gounod par M. le comte de Blois et Mr Le Cour Grandmaison. Son oncle craignait qu'elle n'apprit en route, par des crieurs de journaux, la mort de son père qu'elle adore.
Lorsqu'elle rentra, il mît, à l'informer du malheur qui la frappait, les précautions d'usage.
Il parla d'un engagement où le colonel, entouré par des forces supérieures, aurait été fait prisonnier. La pauvre enfant eut un mot superbe :
- Oh nom, mon père n'est pas prisonnier ; il ne s'est pas rendu. Il est mort à l'ennemi !
Et elle tomba en sanglotant dans les bras de son oncle dont les larmes furent la seule réponse.
On ne peut songer sans une profonde émotion à l'immense douleur d'une femme vénérable entre toutes, la vielle mère du Colonel. Madame la comtesse de Villebois-Mareuil habite Nantes. On a pu jusqu'à présent lui cacher l'atroce nouvelle. Mais il faudra bien là lui apprendre, et comment la mère qui adorait son fils et dont la santé chancelante n'était pas déjà sans donner quelque inquiétude à son entourage, supportera-t-elle l'horrible épreuve qui l'attend ?
Il est des douleurs pour lesquelles ils n'existent pas de consolations humaines. Puisse cependant la juste admiration de la France, fière du glorieux trépas d'un de ses plus brillant Officier, et la sympathie du monde civilisé, alléger un peu celle d'une famille si cruellement éprouvée !
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Villebois-Mareuil était un homme très brave ; le vrai type dit le Gaulois de l'Officier français qui supportait toutes les souffrances du climat et, d'une manière générale, toutes les souffrances physiques, sans perdre sa bonne humeur. Et pourtant ces souffrances étaient bien grandes.
C'était un gentilhomme toujours correct en toutes choses, un homme du monde au bivouac comme s'il était dans un salon ; un vrai bon camarade.
C'est presque un hasard qu'il ne soit pas tombé plus tôt, car il ne s'occupait pas des obus éclatant autour de lui, non plus que des balles des fusils anglais.
C'était un bon catholique et un royaliste ardent.
Villebois-Mareuil notait chaque soir ses impressions de la journée, les remarques, les observations qu'il avait réunies, et c'est un grand dommage que ce livre soit perdu, car il y avait là-dedans des expériences qui auraient servi beaucoup à l'Armée Française.
La France a perdu en lui un soldat, un vrai soldat qui, par ses succès et sa mort glorieuse, rappelle les héros de la Grande Armée.
Le Colonel de Villebois-Mareuil n'était pas seulement un rude soldat, c'était en même temps un écrivain d'une haute valeur, doublé d'un penseur et d'un érudit.
Outre ses nombreux écrits sur des questions militaires, portant tous la marque de sa claire intelligence, de son lumineux esprit, le Colonel de Villebois-Mareuil avait publié, dans diverses revues, d'importantes études littéraires, des nouvelles exquises.
