18951203 - Le Messager de l'Ouest - L'enquête

 

L'enquête

 

De Majunga, jardin des Oliviers à Tananarive, Golgolha ! en passant par Suberbieville, 3000 de nos soldats dallent la route, et dorment dans les champs malgaches, leur dernier sommeil !

Pendant des mois entiers, l'angoisse au cœur, et le doute dans l"esprit non par la crainte de voir faiblir la vaillance et l'intrépidité de nos troupes ; mais devant les obstacles presque insurmontables, qui s’accumulaient comme à plaisir, nous avons tremblé un instant, non devant la possibilité d'une défaite, mais, sur la nécessité de l'envoi de nouveaux renforts.

Nos soldais partis pour se battre dans la grande île malgache, ont été transformés en terrassiers, et c'est la pelle ou la pioche à la main,qu'ils sont tombés, à de rares exceptions près, sur ce nouveau chemin de la croix.

Aussi est-ce avec un véritable soulagement pour la conscience nationale, que l'on a appris la prise de Tananarive et la fin des hostilités, mais hélas, non pas la fin des perles.

Aux 3000 restés là-bas (chiffre officiel) il faut ajouter cinq cents au moins, à qui la mer sert de mouvante tombe.

L'opinion publique réclama une enquête, quand on voulu savoir pourquoi 3 000 voitures Lelèbvre, avaient été envoyées dans un pays où il n'y a pas de route. Pourquoi un pont de 160 mètres- fut dirigé sur Majunga et qu'on ne put en utiliser que la moitié. Pourquoi 6.000 porteurs recrutés à grands frais, parmi la lie de la population kabyle, et qui pendant la colonne dévalisèrent nos troupiers, quand ils ne les abandonnèrent pas, morts ou mourants, à la dent des chiens voraces qui pullulent dans ce pays, au lieu de 100.000 noirs comme font les Anglais, pour leur expédition contre les Acbantis. Pourquoi les hôpitaux manquaient et les médicaments aussi, enfin pourquoi cette effroyable mortalité pendant les rapatriements ?

Un député se faisant le porte-parole de la nation toute entière, vint demander à la tribune les raisons que pourrait fournir le nouveau Ministère au nom de l'ancien, sur l'imprévoyance coupable (je n'ose dire plus) qui avait présidé aux préparatifs de l'expédition.

Eh bien, il s'est trouvé un Ministre de la Guerre et une majorité assez servile pour repousser l'enquête, de sorte que le seul Monsieur Gavaignac pourra connaître des fautes commises et peut-être ainsi certains coupables échapperont-ils à la vindicte publique, ce qui n'aurait pas eu lieu, si l'enquête avait été ordonnée.

MM.Ribot et Dupuy ex ministres, traités d'assassins en pleine Chambre, n'ont protesté que faiblement, alors qu'une telle injure eut dû leur faire escalader la tribune, et demander eux-mêmes l'enquête.

De deux choses l'une, où les députés qui ont traité Dupuy et Ribol de cette façon, sont des calomniateurs, et les incriminés devraient les traduire en cour d'assises ; où l’épithète qui leur a été jetée à la face a sa raison d’être, et alors nous ne comprenons, pas pourquoi la majorité appris fait et cause pour ceux qu'elle aurait dû chasser de son sein, en attendant qu'un verdict impitoyable en fasse justice.

A. BOURDON

 

Military

 

Samedi dernier les troupes du 1er Étranger, stationnées à Bel-Abbès, entièrement sous les armes, ont été passées en revue par leur colonel; qui a remis la croix à M. le lieutenant Seidenbender et hier soir à quatre heures le colonel a passé en revue le détachement qui est parti pour le Siam ce matin par le train de 8 heures 26 à destination d'Oran. Ce-détachement a été conduit, musique en tête, par toutes les troupes du 1er Étranger présentes à Bel-Abbès.

Avant le départ, M. le colonel de Villebois-Mareuil a prononcé devant le front des troupes un discours empreint du plus pur patriotisme.

Puis les hommes se sont rendus sur le quai d'embarquement et une fois distribués par wagon et embarqués, le train s'ébranlait bientôt aux accents de la marche du régiment.

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