18950323 - Le Monde illustré - A MADAGASCAR - LE PLATEAU DE L'IMÉRINA - PAYS DES HOVAS.

Le Monde illustré du 23/03/1895

 

A MADAGASCAR - LE PLATEAU DE L'IMÉRINA - PAYS DES HOVAS.

 

Notes et Souvenirs de voyage.

Deux routes mènent à Tananarive; nous les avons précédemment décrites.

Celle de l'est, qui longe la côte de Tamatave jusqu'au port d'Andevoranto n'a d'Andevoranto à la capitale hova que 200 kilomètres environ.

Celle de l'ouest, qui touche la côte à Majunga, peut utiliser, en saison favorable, 159 kilomètres de voies fluviales : elle compte, en totalité et en réalité, 442 kilomètres.

De ces deux routes, laquelle peut être le plus facilement franchie ? laquelle offre le moins de difficultés ? par laquelle fallait-il lancer notre corps expéditionnaire ?

J'ai signalé (numéros des 19 janvier et 23 février ) les obstacles qu'il faudra vaincre, de l'un ou l'autre côté.

Sur la route de l'est, ces difficultés sont : les lagunes des bouches de l'Ivondrono, soit trois quarts d'heure en dangereuses pirogues : le déversoir, après Tampolo, du lac Sarobahina, qu'il faut franchir le plus souvent en pirogues; puis le trajet par eau d'Andevoranto à Marombi par l'Iaroka et un affluents (trois heures en pirogues); les premiers escarpements du massif madécasse, entre Bedaro et Marozevo ( voir notre coupe de Madagascar); le second gradin, en forêts, de Beforona à Analamazaota; et, au delà du fleuve Mangoro, l'ascension du Mont Ifody, puis du sommet d'Angavo et des hauteurs d'Ankaramadinika, lisières du plateau central.

Un simple regard jeté sur la coupe que nous publions, permettra de constater que la route de l'ouest offre, au point de vue des difficultés topographiques, des difficultés presque aussi grandes. Si la baie de Bombétoke, puis le cours du Betsiboka et de l'Ikopa permettent de remonter, par voie d'eau, jusqu'à Suberbieville, la navigation en ces rivières est parfois fort difficile; il faut des chaloupes construites spécialement pour cette navigation et très souvent elles ne peuvent atteindre la région des chutes : on a déjà dit que la majeure partie de nos troupes ne prendrait pas la voie fluviale et gagnerait Suberbieville par la rive droite : nos soldats auraient à franchir plusieurs cours d'eau, entre autres le Betsiboka. Au delà de Suberbieville, la montée commence; au delà d'Ampasiry, la zone difficile débute : plateaux ravinés à parcourir, rochers à escalader, quelques rivières et quelques étangs à traverser; montées et descentes pour atteindre Marokolohy, montées et descentes pour atteindre Malatsy, montées et descentes pour atteindre Ampotaka, montées et descentes pour atteindre Kinajy, dernier poste hova du Boina (ou Boëni); au delà, ascension des rochers d'Ambohimena, derrière lesquels sera atteint, vers Ankazolée, la lisière septentrionale de plateau central.

Les difficultés sont-elles moindres par l'ouest, par cette route de Majunga ? moindres que par l'est ?

Certains l'affirment. D'autres le contestent.

Je n'ai pas à me prononcer : le lecteur a sous les yeux une coupe en profil, qui a été dressée avec le plus grand soin, et qui est d'une rigoureuse exactitude mathématique : il appréciera.

Il verra combien la route de l'ouest est plus longue que la route de l'est; il jugera si l'effort ne sera pas par l'ouest aussi pénible que par l'est; et si cet effort ne devra pas, par l'ouest, être soutenu plus longtemps.

D'ailleurs, pour une grosse et longue expédition, la question pouvait se poser de savoir laquelle des deux routes devait être préférée; mais s'il se fût agi d'une opération rapide, de la montée à Tananarive de mille, deux mille ou trois mille hommes, je ne crois pas qu'il eût fallu hésiter: toute préférence eût du aller, sans hésitation, à la route de l'est, la route par Tamatave et Andevoranto.

Des voyageurs ont, comme à plaisir, grossi les difficultés de cette route de l'est.

N'oublions pas qu'elle était sillonnée chaque jour par des milliers de porteurs (les borizanos), portant chacun sur leurs épaules de 25 à 50 kilogrammes de bagages ou de marchandises que chargés de 25 kilogrammes, ces indigènes franchissent en quatre jours la distance entre Andevoranto et Tananarive, que ce ne sont pas
seulement les marchandises facilement divisables comme les cotonnades et les liquides, qui sont ainsi montées, que des marchandises lourdes et encombrantes étaient montées constamment de Tamatave et Andevoranto au plateau central; que parmi ces marchandises encombrantes, il s'est trouvé tout le mobilier de la résidence générale, il s'est trouve des pianos et même ce meuble encombrant encore par ses dimensions,
des grands jeux de petits cheveaux; qu'il s'est trouvé le matériel de l'observatoire, et sa lunette astronomique, dont le transport fut plus retardé par l'effroi des porteurs que par les difficultés de la route.

Que ceux qui prétendent que cette route de l'est est impraticable aux services auxiliaires d'une brigade expéditionnaire, reconnaissent que c'est par cette voie que sont montés à Tananarive, d'une part, tous les chevaux qu'on y rencontre, — et ils sont relativement nombreux, — d'autre part les lourds canons qui sont à Tananarive en ce moment.
Débarqués à Tamatave, à Andevoranto, ou à Vatomandry, tout le matériel
de guerre destiné aux Hovas, a été porté à Tananarive par la route de l'est, les canons,leurs affûts, leurs munitions, les caisses de fusils et les caisses de cartouches.

Si cette route est difficile, elle n'est pas impraticable.

Lorsqu'en 1867, la reine Rasaohérirna descendit à la côte pour faire une cure aux eaux chaudes de Ranomafana (entre Mahelakely et Vliromby), elle fut accompagnée de quarante mille hommes et de quinze cents palanquins : la caravane put franchir les passages les plus difficiles de la montagne, comme des forêts.

Qu'importent maintenant ces souvenirs et ces constatations ? l'expédition prendra la voie de l'ouest, que les autorités militaires ont choisie avec ses avantages et ses défaveurs. Le sort en est jeté.

Dans deux précédents articles, nous avons suivi, les deux routes qui convergent vers l'Imérina : il nous reste à parler du plateau central.

Lorsque venant de l'est, on a franchi les hauteurs d'Ankeramadinika, (1,425 mètres), et lorsqu'on est arrivé aux villages de Manjakandriana (1,418 mètres), et d'Ambohibehasina (1,523 mètres d'altitude), ou lorsque venant de l'ouest, les rochers d'Ambohimena (1,462 mètres) ont été dépassés, l'aspect du pays se transforme: le décor est changé instantanément.

Derrière soi, une région tourmentée, pauvre et triste; quelques villages rares et chétifs, de simples cases en bois et en feuilles, ni routes, ni chemin.

Devant soi, un horizon merveilleux, ondulé et verdoyant, d'innombrables villages, plus de cases, des maisons; des maisons souvent coquettes, serrées les unes contre les autres, la campagne coupée en tous sens de routes et de sentiers; des cultures sur toutes les collines, des rizières dans tous les vallons : le spectacle saisit d'étonnement et d'admiration.

Le plateau de l'Imérina, domaine des Hovas, a été diversement jugé par les écrivains qui ont parlé de Madagascar.

Certains le représentent comme une contrée désolée et stérile. Ils ne se souviennent que de ces mots de Père Jésuite de la Vaissière : « La zone contraste péniblement avec le reste du pays. Bien qu'on y trouve le chef-lieu de la puissance civile, on voit immédiatement que ce n'est pas à sa richesse territoriale qu'elle doit
cet honneur. A part quelques débris de forêts ayant échappé, pense-ton généralement, aux ravages de l'incendie, l’œil n'aperçoit de toute part que des monticules dénudés et des bandes arides, où pousse un petit jonc que les habitants appellent bozaka et dont ils se servent pour allumer leur feu.

N'était le fond des allées magnifiquement paré pendant quelques mois par la verdure des régions, on se croirait en un vaste désert, d'où s'est retirée toute vie humaine. Dans un passé déjà assez reculé, ces monticules et ces bandes ont peut-être été boisés comme dans les portions de la zone moyenne, mais l'habitude de brûler les forêts, soit pour la plantation du riz, soit pour se mettre à l'abri des surprises de l'ennemi, a réduit le pays en cet état.

Les pluies tombant par avalanche sur ces monticules dégarnis d'arbres en ont d'abord transporté la terre au fond des vallées; les vents et les rayons de soleil, que rien n'arrêtait plus ont achevé l’œuvre de mort, et il semble que ces bandes, sur lesquelles reste seulement une terre argileuse et de couleur rougeâtre, doivent se refuser à toute espèce de production. Les faits cependant montrent... »

Les mêmes détracteurs citent, en les tronquant parfois, certains passages des descriptions de M. Grandidier, et notamment ceux-ci : « L'Imerina est un pays montagneux, coupé de nombreux cours d'eau, complètement nu, sans arbres, sans arbustes, et souvent même sans culture, à peu près inhabité dans les parties accidentées. Les collines qui couvrent presque tout le pays, et qui sont formées d'une argile rouge, dure et compacte au milieu de laquelle affluent de nombreux blocs de granit à surface bombée, ne sont pas fertiles. » M. Grandidier ajoute : « Dans le sud s'élève un grand massif nu et rocheux. l'Ankaratra, du Tsiafajavona, qui est le sommet le plus élevé de l'île de Madagascar, la vue s'étend sur la province tout entière, qui apparaît comme une mer de montagnes, sans arbres, sans arbrisseaux, où des roches nombreuses émergent au milieu d'une herbe grossière qui n'est même pas très bonne pour le bétail, et qui ne sert guère que de combustible aux habitants de ce pays désolé : le bois manque en effet dans l'Imérina et les gens riches peuvent seuls envoyer chercher des fagots dans la bande de forêt qui se trouve à la limite orientale. »

Si l'Imérina a ses détracteurs, elle a aussi ses admirateurs. Ceux-là citent d'autres phrases des mêmes auteurs, du P. de la Vaissière, et de M. Grandidier.

Le P. de la Vaissière a écrit: « Les faits cependant montrent que les landes de l'Imérina ne sont pas entièrement stériles, et qu'avec du travail on en peut tirer parti. Le caféier y vient assez bien: on y récolte çà et là de beaux maïs, et dans plus d'une localité la canne à sucre y est plantée sur une assez grande échelle en vue du rhum ou toaka qu'on en extrait. Les pommes de tertre, les haricots y sont devenus si communs qu'on les vend à vil prix. La terre malgache n'attend que des bras. Même celle du plateau central, toute stérile qu'elle paraisse, peut acquérir une vraie valeur, si elle est convenablement travaillée, et nous l'avons vue nous-même, depuis quelques années, se transformer complètement sous l'empire du travail. »

M. Grandidier efface l'impression de sa première description, en ajoutant: « Au centre même de la province,
il y a une grande plaine, le Betsimitatatra, qui jadis était un lac ou un marais, et qui forme aujourd'hui un immense champ de riz d'un aspect fort riant à la saison pluvieuse, d'où émergent ça et là, comme autant d'îlots, de nombreux hameaux ou maisons bâties sur de petits coteaux. Ce gigantesque damier aux cases vertes, que circonscrivent de petits murs de terre noire et ces nombreux gradins suspendus aux lianes des collines, qu'irriguent des ruisseaux amenés habilement sur les lieux de culture, montrent avec quelle intelligence et quelle ardeur les Hovas travaillent la terre : le riz que produit l'Imérina nourrit une population considérable. »


Les maisons de l'Imérina et les murs de clôture sont construits en pisé.

La terre argileuse du centre, réduite en boue, a une grande force de cohésion, et, séchée, devient extrêmement dure. Pour faire des blocs de pisé, on jette dans des moules en bois, ou des caisses sans fond, de la terre légèrement humide: on la pile; la forme acquise, la pièce est retirée du moule et mise à sécher un jour ou deux- elle peut ensuite être maniée et transportée sans crainte d'être brisée; ces blocs sont cimentés l'un à l'autre au moyen d'une boue claire, et les murailles une fois construites sont recouvertes d'un enduit de boue habilement mélangée de bouse de vache. Les constructions en terre sont bien plus résistantes qu'on ne saurait croire; certains murs de clôture se tiennent encore debout malgré toutes les intempéries des saisons et les pluies de l'hivernage, après vingt ans.

La maison hova a une forme rectangulaire: sa longueur moyenne est de 6 mètres, sa largeur de 4 mètres : elle est invariablement orientée du nord au sud : les vents généraux soufflent du nord-est pendant l'été, du sud-est pendant l'hiver, les ouvertures de la maison, une porte et une fenêtre, sont percées sur le grand mur de l'ouest. L'habitation est presque toujours divisée en deux: la pièce du sud, par laquelle on entre, est celle où se tient habituellement la famille, avec les poules, les canards, les oies, et fort souvent les porcs, les moulons, les jeunes veaux : l'angle du nord-ouest est occupé par le foyer: trois pierres entourent le feu et supportent la marmite au riz. La pièce du fond est la chambre à coucher, la chambre des hôtes; on y accède par une petite porte de communication : le sol et les murs en sont tapissés de nattes : un cadre de bois formant lit occupe l'angle nord-est; aucun autre objet d’ameublement, si ce n'est une cruche à eau, une caisse à provisions ou à vêtements, quelques calebasses, quelques marmites et quelques cuillers en corne. La maison hova possède parfois un grenier, où l'on monte par un escalier intérieur.

Dans la vue de l'Imérina ( ou Emyrne ) que nous donnons, on remarquera, au pied de la route, un village Hova d'une vingtaine de maisons en pisé; toutes les maisons sont orientées dans la même direction; elles possèdent la porte et la fenêtre, que nous avons signalées, et ont en outre une lucarne de grenier.

Sur une autre vue de l'Imérina, on verra d'immenses blocs de granit à surface bombée si caractéristiques
de la région; on verra un sentier et une route réelle, ce qui cause un grand étonnement au voyageur qui venant, de la côte, a cessé depuis longtemps de rencontrer des routes et des sentiers; on verra les bœufs et les moutons de l'Imérina paissant, un enfant les gardent; les indigènes des deux sexes se reposent au bord du chemin.

Une autre gravure montre la maison hova de Tananarive, plus grande, plus complexe que la maison des premiers villages du plateau; sa forme est celle d'un - : elle a plusieurs étages et une véranda.

Plus jolie encore est cette maison du Zoma de Tananarive, avec le jardin qui l'entoure, avec son étage, sa véranda circulaire, et ses gracieuses entrées, la porte extérieure, comme l'intérieure.

Une ancienne loi locale prescrivait de ne construire àTananarive que des maisons d'habitation en bois; dans la ville haute, près des palais royaux, on voit bien encore plusieurs habitations en bois; près de la maison en pisé en forme de que nous représentons, on verra une maison en planches de bois.

Mais la loi locale sur les constructions a eu le sort de toutes les autres lois malgaches: elle n'est ni suivie,
ni appliquée.

Si le bois est délaissé, la brique commence à être en faveur pour les belles constructions. On se sert de la brique séchée au soleil, ou de la brique cuite au four. Le palais du premier ministre a été bâti en briques
cuites. Nous figurons une maison en brique cuite bâtie récemment sur la place d'Andohalo, de Tananarive, par une princesse de la cour : cette construction, on en conviendra est des plus gracieuses et fait honneur au travail malgache.

Pour permettre à nos lecteurs de juger par eux mêmes de l'aspect de la valeur du plateau central, nous donnons le panorama d'un paysage voisin de Tananarive.

Mieux que toute description, celle photographie, témoin impartial et fidèle des choses, fixera le sentiment
de chacun.

Une description, qu'elle vante ou qu'elle dénigre, quelque habile qu'elle soit, laisse en l'esprit du
lecteur quelque doute ou quelque hésitation. Il voudrait voir, pour décider, pour rendre son propre jugement.

Nous le mettons à même de voir. Qu'il considère ces magnifiques rizières, qui tapissent le fond de la vallée, et ces autres rizières en gradins, qui s'avancent haut sur les collines, qu'il compte tous ces villages, toutes ces habitations jetées sur le sommet des collines et sur leurs lianes, pressées souvent les unes contre les autres, qu'il voie ces cultures, ces vergers, ces bois de toutes parts.

Qu'il regarde et qu'il juge. Est-ce une contrée stérile et désolée,sans arbres et sans culture, inhabitée ?


Henri MAGER

 

Le départ de Paris des troupes pour Madagascar, et la concentration à Sathonay.

 

— C'est à la date du 13 mars que ce départ a eu lieu, et il a fait vibrer tous les cœurs parisiens. Ne sont-ce pas, en effet, des volontaires qui sont partis pour cette expédition lointaine ?

On a demandé simplement: « Qui veut aller à Madagascar ? »

Et tant de soldats de bonne volonté ont répondu affirmativement qu'il a fallu faire un choix.

Paris n'a fourni qu'une faible partie des quinze mille hommes qui s'en vont là bas. De Paris même, sont partis deux cent vingt-cinq hommes qui, pris dans tous les régiments, forment l'une des compagnies du 200e de ligne.

De la place Saint-Augustin à la gare de Lyon, l'enthousiasme a été énorme.

Les balcons, les fenêtres, les toits noirs de monde. Partout foule inouïe. Les femmes jettent ou tendent des fleurs aux soldats.

Tous les fusils sont déjà ornés quand on arrive rue Royale.

Pas une place inoccupée sur les marches de la Madeleine. On envahit la chaussée pour serrer les mains des soldats.

Les troupes suivent les quais où, tout le long du trajet, elles sont saluées, acclamées.

Au Pont-Neuf, les commerçants du quartier offrent un bouquet tricolore au capitaine d'Hennezel qui remercie et confie les fleurs à un soldat.

On approche de l'Hôtel de Ville. Le préfet de la Seine, Mme et Mle Poubelle, de hauts fonctionnaires de la Ville sont descendus dans le jardin, d'où ils acclament l'armée.

Les officiers répondent par le salut du sabre. Et, plus on approche de la g¡re de Lyon, plus l'enthousiasme augmente. Bientôt on traverse des quartiers populaires où il y a encore moins de contrainte. Les ouvriers entonnent la Marseillaise.

Les femmes apportent aux soldats des fleurs, des paquets de tabac.

A la gare de Lyon, la police quoique très bien faite, a grand'peine à faire faire place aux soldats.

Enfin, l'embarquement a lieu, et le 200e penché aux portières, agite les fleurs reçues pour répondre aux cris de « Vive la France! »

Un fois le train parti, la foule tout émue a salué le drapeau porté par les soldats venus pour accompagner leurs camarades, et lui ont fait une ovation touchante.

C'est, nous dit notre confrère du Figaro, au camp de Sathonay vers lequel il a été dirigé, que le 200e recevra son instruction spéciale.

Les douze compagnies qui composent le 200e régiment de marche y sont toutes arrivées dans la journée de jeudi. Les débarquements se sont tous effectués à la gare Vaise-Lyon.

C'est la compagnie du 74e, partie, mercredi, de Paris, au milieu des ovations que nous avons décrites, qui, arrivant au petit jour, a été saluée des premiers vivats de la population lyonnaise.

A six heures, le détachement s'est mis en marche, précédé du capitaine d'Arnal de Serres, officier d'ordonnance du général Godefroy, qui guide la colonne.

Presque tous les soldats portent à leur képi ou fixé au canon du Lebel les bouquets de violettes dont on les a couverts pendant la traversée de Paris. En dépit des quinze heures passées en wagon, ils gardent une allure martiale, et, pendant la halte, à mi chemin, s'entretiennent avec une joyeuse fierté des manifestations patriotiques qu'ils provoquent. En face de la chapelle où repose le maréchal de Castellane, le capitaine d'Hennezel fait rendre les honneurs.

Les clairons sonnent, les hommes portent les armes, et le salut de cette jeune troupe qui va combattre à Madagascar au glorieux soldat de la conquête algérienne, a produit une impression profonde.

Le débarquement des autres compagnies a soulevé des acclamations plus retentissantes. La foule s'est sans cesse accrue jusqu'au soir à la gare et sur la route de Sathonay. On peut résumer d'un mot le sentiment qui anime tous les cœurs. C'est une belle journée d'espérance et de patriotisme.

Chaque compagnie est exactement forte de 225 hommes avec ses officiers et ses sous-officiers. Le régiment présente donc un effectif de 2,700 soldats, commandés par cinq officiers supérieurs et cinquante-neuf officiers subalternes y compris les officiers payeurs, d'approvisionnements et les adjudants majors.

Officiers et soldats-sont tous logés dans les baraquements du camp.

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