20230207 - Le mot de la communication

 


Ces billets sont placés sous la responsabilité de leurs auteurs. Sans pour autant ouvrir nos rubriques à tous et en faire un indigeste « Forum », il est toujours intéressant de recevoir les avis des anciens légionnaires et ainsi de communiquer entre nous en bonne intelligence, sans passion excessive.

La communication est avant tout un dialogue, un échange, adressez vos correspondances à la FSALE au Président, au Directeur-général ou à la Ccommunication, une réponse est assurée.

Pensez également à nous communiquer toutes les anecdotes qui concernent votre vécu légionnaire, elles alimenteront avec bonheur les pages de « Képi Blanc » et de notre site.

Bonne lecture !

CM

 

Nous pourrions être orgueilleusement satisfaits de notre condition d’anciens légionnaires mais nous ne sommes que des êtres humains qu’un passage à la Légion a marqué à vie et il nous faut, dans une sorte d’égoïsme partagé créer des différences. Le choix de se fédérer en une communauté fraternelle et familiale se révèle pour beaucoup d’entre nous essentiel et montre notre attachement viscéral à une Institution qui nous a éduqués, formés et nous a inculqué des devoirs, et quelques droits, liés à un sens de l’honneur et à une fidélité vissés au corps…et à l’esprit.

Mais au-delà des mots qui n’apportent aucun remède aux maux, nous avons, à l’image de nos Anciens, toujours cherché à analyser correctement les problèmes qui ne manquent pas de s’imposer à nous. On identifie ainsi la rareté, voire l’absence de « jeunes nouveaux anciens légionnaires », l’adhésion franche de certaines de nos amicales à notre communauté pour supprimer, une bonne fois pour toutes, ces dissidences et critiques qui ternissent notre cohésion jusqu’à se demander à quoi notre Fédération peut-elle bien servir ?

Des points de désaccord apparaissent mais ne sont pas évoqués, faute de temps ou de disposition, au cours de nos différents rassemblements. Présenter les bilans financiers c’est bien, mais il serait peut-être tout aussi judicieux de réussir à recueillir l’avis de chacun sur des thèmes bien précis afin de comprendre pourquoi certaines choses semblent nous dépasser, comme la non-participation à une importante manifestation ou le retard inconscient, ou pire, volontaire, du paiement d’une cotisation symbolique qui n’est là, en fait, que pour satisfaire une des clauses des statuts et qui s’avère nettement insuffisante pour faire tourner la boutique...

En leur temps, des réunions regroupaient les présidents d’Amicales ; mais force était de constater qu’elles n’apportaient aucune amélioration, chacun s’interrogeait sur le bien-fondé de la réunion, si ce n’était la joie de se retrouver d’une manière conviviale autour de quelques agapes et s’en retourner, à l’issue, dans ses terres. Le déplacement n’était que symbolique. Il montrait une belle fidélité mais n’apportait aucune réelle satisfaction quant au résultat final.

Aujourd’hui, il nous faut passer à la vitesse supérieure. Notre Président nous propose le texte qu’il réserva à la fameuse réunion dite « des consuls » aux Invalides, à Paris où il exposa sa version de ce qu’est aujourd’hui notre Fédération. D’entrée, il exclut de son discours toute promesse, nous ne sommes quand même pas des « politiques »… D’emblée il cherche surtout l’adhésion de tous ses “sujets” ; voilà bien une délicate affaire, et sans cesse il devra remettre le fer chaud sur l’enclume, la trempe est un art que peu de forgerons maîtrisent parfaitement sans une longue expérience. Ses prédécesseurs avaient acquis un indiscutable savoir-faire ; nul doute possible il n’aura aucun besoin de se retourner, nous sommes là et bien là derrière lui, il peut compter sur nous en toutes occasions et ce n’est pas un vain mot.

Des courants parfois contradictoires agitent la blogosphère des anciens légionnaires. Le courant entre anciens légionnaires séniors et anciens légionnaires jeunes a parfois du mal à passer. Les plus jeunes se considèrent parfois mal acceptés par les plus âgés. Conflit de générations ? C’est probable… « ah de mon temps… », le style de vie dans la société moderne a changé à une très grande vitesse qui nous surprend. N’ayons pas peur des mots : les « gilets verts », comme disent certains de nos Anciens, se regroupent et prêtent peu d’attention aux autres… bref, tout un faisceau de petits détails qui éloignent au lieu de rapprocher. En tout cas ces différents motifs font que le « sang nouveau » a du mal parfois à forcer un passage au sein des Amicales que les plus jeunes délaissent pour de nombreuses raisons.

Le lieutenant-colonel (er) Antoine Marquet, un de nos veilleurs a réagi aux nombreux commentaires des réseaux sociaux et analyse à sa manière le problème, de quoi peut-être amorcer une ébauche de solution, en tout cas une réflexion...

Je vous livre son billet in extenso.

CM

 

Du bien-fondé des amicales et de l’intolérance de certains :

Je viens de lire sur Facebook le désarroi d’un ancien chef de peloton qui « s’est permis », le malheureux (!), de donner de manière courtoise, sur la page d’un autre ancien,  son opinion sur un général estimé de celui-là. Il s’est fait insulter, malmener et in fine bloquer sans qu’on lui laisse « le droit de réponse ». Voilà une belle preuve d’ouverture d’esprit envers un camarade légionnaire qui a servi sous les ordres du général en question alors que celui qui poussait des cris de vierge effarouchée était déjà retraité… et probablement moins légitime à donner son avis.

Le congrès de la FSALE et donc des amicales de la Légion étrangère vient d’avoir lieu à Millau, au cours de celui-ci une évidence a été constatée d’un simple regard : le vieillissement des membres de nos amicales.

Voulues par nos très augustes anciens du début de l’autre siècle, les Amicales ou associations avaient un rôle important. Durant de longues décennies les légionnaires rendus à la vie civile éprouvaient de très grandes difficultés à s’insérer dans la société. Tous avaient servi la France ailleurs que sur son territoire métropolitain, exception faite des combattants des deux guerres mondiales. Ils devaient donc s’adapter à une société souvent hostile et à un environnement géographique totalement différent. Trouver du travail, se soigner, se loger, survivre, ce n’était pas aisé…

Les amicales, ainsi que la création de la maison d’Auriol dès les années trente puis de Puyloubier dans les années cinquante, ont constitué, au profit de la communauté légionnaire un bienfait non négligeable. Tous ces anciens avaient en commun non seulement d’être légionnaires mais d’avoir fait des guerres ensemble… le monde marchait alors à la vitesse de l’homme à pied.

La métropolisation de nos régiments a changé la donne. Il y avait alors ceux qui avaient « fait l’Algérie » parmi lesquels ceux qui n’y avaient fait que l’instruction ou le brevet para et puis les autres, ceux de Corse et plus tard de Castelnaudary... De surcroît il aura fallu attendre sept années après le conflit algérien pour que la Légion soit de nouveau engagée au combat, au Tchad. Pendant cette période, courte pour l’histoire et longue dans la vie d’un légionnaire - point de glorieux faits d’armes, point de décorations sur leurs poitrails vides mais qui offraient de la place pour en recevoir- l’accueil de jeunes anciens dans les amicales était froid et assez « méprisant » car ils n’avaient pas de campagnes à raconter… une sorte de légionnaires au rabais !

Les conflits modernes ont donné l’occasion aux nouvelles générations de légionnaires de se distinguer à l’instar de leurs anciens. La guerre du Golfe qui a vu le rétablissement de la croix de guerre qui n’était plus attribuée depuis l’Indochine, a dû en faire marmonner quelques anciens dans leur barbe des propos teintés d’un peu de jalousie… « ah, mais c’est que cette croix de guerre n’était pas comme les autres… » Mais voyons ! Comme si la balle tueuse portait une étiquette « Made in Indochine » ou « Made in Irak » ! Et la béance entre plus anciens et moins anciens s’est maintenue, sinon élargie. A cela sont venus s’ajouter des particularismes que je considère – de mon exclusif point de vue – superfétatoires : l’amicale des anciens légionnaires paras, celle des anciens du 2, celles des Chinois… pourquoi pas celle des anciens du gaz ?  Être ancien légionnaire, tout simplement, ne suffirait-il plus ?

De la vitesse de l’homme au pas, nous sommes passés à celle du cheval au galop, mors aux dents… les légionnaires s’intègrent de facto dans le tissu national comme tout autre citoyen, les origines nationales de nos légionnaires se sont très largement élargies, ils voyagent, se dispersent et ressentent moins le besoin de se grouper au sein d’amicales dont les membres se réunissent deux ou trois fois l’an ou bien se voient toutes les semaines pour jouer aux cartes et commenter la dernière prise d’armes dans  cette Légion « qui n’est plus comme avant… comme celle de mon temps ! »…

Tout cela me semble relever de la foutaise et de la « guéguerre » de clans qui n’ont pas lieu d’être. Et si les anciens, plus anciens, arrêtaient de prendre les plus jeunes pour des bons à rien et ceux-ci de prendre les premiers pour de « vieux, voire de très vieux cons » ?

Tous y trouveraient leur compte par le simple fait que l’union fait la force et que cette force des anciens, regroupés en amicales malgré les difficultés conjoncturelles, serait de nature à aider à maintenir la pérennité de l’idée que le Monde se fait de notre institution et à aider l’institution elle-même par la possibilité d’agir à son profit sur des sujets que les actifs ne peuvent aborder. Pour s’en convaincre, il n’est que de regarder le symbolisme de la loi « Français par le sang versé ».

Restons unis malgré les différences de nos carrières, de nos grades, de nos anciennetés, de nos combats et de nos passés.

Restons simplement légionnaires un jour, légionnaires toujours.

AM

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