Titre inconnu

Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche. 08/08/1925.

 

Les Allemands, groupés autour d'un vieux sergent, serviteur de quinze années, que je vis pleurer ce jour là, chantèrent voix merveilleusement justes, admirablement fondues, qui indiquaient les plus fines nuances. Ils chantèrent sur un air de chez eux des paroles qu'un légionnaire, dont on ne sait pas le nom, composa, et que personne n'ignore de ceux qui parlent allemand dans les quatre régiments.

En voici la traduction, à qui il manque : et le rythme et cette puissance des mots qui est intraduisible.

 

Au Maroc, à l'abri des rochers,

Un légionnaire veille

Son camarade que la balle a mortellement blessé.

 

Celui qui va mourir dit :

Mon camarade, cher camarade,

Une prière, une prière à toi qui va retourner au pays,

Au pays que je ne reverrai plus.

 

Va dans le petit village, tout en haut.

La dernière maison est neuve, toute blanche,

Entre et prononce mon nom.

C'est là qu'habite la fiancée qui m'attend.

 

L'anneau qui est à mon doigt,

Prends-le,

Prends l'anneau d'or qu'elle me donna.

Porte-le lui comme un dernier gage d'amour.

Sur ses boucles blondes, mets ce baiser, mon dernier adieu.

 

Dans le petit village, près de l'église,

Vit un vieillard, aux cheveux d'argent,

C'est mon vieux père qui m'attend,

Apporte-lui mon dernier adieu.

Dis-lui, dis-lui bien que son fils est tombé fièrement.

 

Dis-lui, dis-lui bien que comme moi,

Avec la même ardeur,

Tous les légionnaires meurent,

Mais faiblir ou reculer, cela ils ne le font jamais.

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