18970205 - 2e TERRITOIRE MILITAIRE - CERCLE D'AMBATOMANGA

JO Madagascar et Dépendances - 18970303

 


Pendant que les troupes du cercle d'Ambatomanga prenaient part aux opérations de M. le lieutenant-colonel Hurstel, les postes de la région centrale: Antanalabé, Lazaïna, Ambohimasina, Ambohitromby, avaient été chargés de la protection de la zone pacifiée qui s'étendait entre eux et la capitale.

Cependant, une partie de la population du Sisaony, entraînée par quelques-uns des chefs qui avaient soulevé la province en septembre 1896, s'était réfugiée dans la région de Nosi-bé-Iharamaiaza. On avait espéré qu'elle se sou- mettrait sans qu'il fût nécessaire d'opérer contre elle; mais les pourparlers entamés à cet effet par M. le capitaine Tahon, commandant le poste de Lazaïna, avaient été brusquement rompus.

Sous peine de compromettre les résultats acquis, une action immédiate s'imposait donc contre Nosibé et les bandes de cette région; elle était d'autant plus nécessaire que, dans une petite reconnaissance exécutée le 30 janvier, un soldat d'Infanterie de Marine avait été tué et que sa mort avait été considérée par les rebelles comme un échec pour nos armes. Aussi, dès que sa présence ne fut plus nécessaire sur la ligne d'étapes, où il avait établi un réseau très serré de blockhaus, M. le commandant Drujon prit ses dispositions pour diriger contre Nosibé une attaque définitive.

Le 5 février, il rassemble à Imérinarivo un détachement de la 2e compagnie du Régiment d'Algérie (capitaine Tahon), une section de la 8e compagnie du même Régiment (capitaine Vuillemin), un détachement de Conducteurs Sénégalais et une pièce de 80m/m de montagne, de la section d'Artillerie du lieutenant Charbonnel. En même temps, M. le capitaine Flayelle rassemblait à Ambohimasina une section de sa compagnie (1re de la Légion étrangère), et une section de la 6e compagnie d'Infanterie de Marine, venue du poste d'Ambohitromby.

Enfin, M. le capitaine Deleuze, commandant le secteur de Tsinjoarivo, recevait l'ordre de venir appuyer l'opération par le Sud, avec les forces mobiles de son secteur.

Le 6 février, le groupe formé à Imérinarivo, ne pouvant, par suite d'une forte crue de l'Ikopa, franchir cette rivière sous le feu de l'ennemi, effectue son passage près de l'Andrarankasina et marche sur son objectif par la rive droite. En même temps, le groupe Flayelle dessine un mouvement tournant par le Sud et se prépare à aborder Nosibé par le Sud-Est.

Des groupes nombreux s'enfuient avant que les deux petites colonnes arrivent à portee; mais une bande résolue occupe le village et s'y maintient malgré le feu de l'Artillerie. Au moment où les colonnes d'assaut, établies en face des deux points les plus accessibles de l'enceinte, s'élançaient à l'escalade, elles sont accueillies à bout portant par un feu intense. Le lieutenant Goubeau, de la 2e compagnie de Tirailleurs Algériens, réussit cependant à pénétrer dans le village par le Nord-Ouest, tandis que le capitaine Flayelle et le lieutenant Dérigoin, de la 1re compagnie de la Légion, franchissaient, à l'aide d'échelles, le fosse qui couvrait la porte Est.

Un légionnaire est tué pendant cette dernière attaque, mais après une courte lutte dans les maisons, toute résistance cesse, et la position est définitivement occupée.

Les derniers défenseurs s'échappent par des galeries souterraines qui communiquent avec la campagne environnante.

Un canon enfer forgé, 21 fusils à tir rapide, 4 fusils à pierre et des armes blanches en grande quantité sont trouvés dans le village, où l'ennemi laisse de nombreux morts. !Uqunelequpesoursuite vigoureuse exécutée par les groupes qui n'avaient pas pris part à l'assaut achève de disperser les rebelles, qui s'enfuient vers l'Ikopa; beaucoup s'y noient en cherchant à franchir la rivière à la nage.

Cette opération, dont la population hésitante du pays, massée sur les hauteurs environnantes, avait pu suivre toutes les phases, n'a pas tardé à produire les plus heureux résultats.

Le lendemain, le capitaine Vuillemin parcourait avec une section toute la région située au Sud de Nosibé et ramenait les populations de plusieurs villages qui demandaient à faire leur soumission.

En même temps, le capitaine Flayelle suivait la vallée de l'Ikopa et recevait la soumission de plus de 2.500 individus qui rentraient dans nos lignes avec 600 têtes de bétail.

Enfin, au moment même de la prise de Nosibé, le capitaine Deleuze dispersait une forte bande à lharamalaza; il arrivait peu après à Nosibé, ramenant d'autres soumissionnaires et apportant 10 fusils Remington qui venaient de lui être livrés.

Le 9 février, le commandant Drujon marchait sur Ambohimazina, autre point d'appui très solidement fortifié par les rebelles qui, n'osant le défendre, l'évacuaient après l'avoir incendié.

Les renseignements qui arrivent de toutes parts montrent le découragementdes insurgés.

Du 9 au 13 février, pendant que le commandant du cercle reconnaissait des emplacements de postes destinés à couvrir la ligne frontière de l'Imerina, entre Tsinjoarivo et Ankeramadinika, le capitaine Vuillemin continuait à battre toute la région, recueillait encore plus de 2.000 soumissions et se faisait livrer 17 fusils à tir rapide.

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