18961206 - Création du 1er territoire militaire.

LA PACIFICATION de MADAGASCAR (Opérations d'octobre 1896 à Mars 1899)

 

Création du 1er territoire militaire.


Ce groupement allait permettre, en particulier, de donner une direction d'ensemble aux battues dans la forêt et de régler, pour les rendre concordants, les mouvements des troupes postées sur les deux lisières, et appartenant à deux cercles différents. Le chef-lieu du territoire était placé à Tanifotsy, pour les motifs qui ont été donnés plus haut ; mais avant d'aller s'y installer, le colonel Combes tint à diriger lui-même une opération combinée dans la forêt à hauteur d'Ambohitandraina.

A cet effet, il rassembla, le 6 décembre, à Ambohitandraina : un peloton de tirailleurs sénégalais et un peloton de tirailleurs malgaches, et prescrivit au capitaine de Thuy de s'établir avec un détachement de légionnaires et de Haoussas aux débouchés de la forêt sur la lisière est, en face d'Ambohitandraina.

 

PACIFICATION DU CERCLE d'AMBOHIDRABIBY

 

Le capitaine de Thuy, commandant la 3e compagnie du bataillon de légion, venait d'arriver dans le cercle de Moranianga.

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, un peloton de cette compagnie fut assailli au bivouac par un groupe de rebelles audacieux qui, profitant de l'obscurité, se glissèrent entre les sentinelles et arrivèrent jusqu'aux tentes.

Un combat corps à corps s'engagea, au cours duquel six légionnaires furent blessés à coups de hache et de sagaie.

Le lendemain, le capitaine de Thuy faisait sa jonction avec le colonel Combes.

Cet officier supérieur était parti d'Ambohitandraina et avait traversé la forêt, le 7 décembre, en combinant sa marche avec celle du lieutenant Quintard, de la 10e compagnie haoussa.

Au cours de la marche, un seul homme fut grièvement blessé; on n'avait d'ailleurs rencontré que de toutes petites bandes rebelles.

Le colonel Combes donna sur place des instructions détaillées pour l'occupation de la rive droite du Mangoro et de la lisière orientale de la forêt jusqu'à Mérimitatra inclus.

 

Organisation de Tanifotsy.

 

Le centre du 1er territoire militaire avait été placé à Tanifotsy, à l'entrée de la forêt, sur la route d'Ambatondrazaka, pour permettre au colonel Combes d'exercer personnellement une vive impulsion à la dispersion des bandes de Rabozaka et de Rabezavana, et à la liaison entre les cercles de Moramanga, d'Ambohidrabiby et d"Ambatondrazaka.

Tanifotsy se trouvait très en l'air : le premier soin du colonel Combes fut d'en faire une base d'opérations et de ravitaillement très solide, bien reliée au sud avec Tananarive, au nord-est avec Ambatondrazaka, au sud-est avec Mérimitatra (cercle de Moramanga).

Cette base servirait de dépôt à une force mobile apte à se porter dans toutes les directions.

Le commandant du 1er territoire s'installa à Tanifotsy le 18 décembre seulement, il y avait été précédé par le commandant Mougeot, qui avait commencé l'organisation d'un camp pour deux compagnies (2e sénégalaise et 2e malgache) et une section d'artillerie.

Le principe appliqué pour la construction du camp de Tanifotsy, comme pour celle des autres postes, fut d'y organiser un réduit susceptible d'être défendu par un faible détachement, afin de pouvoir employer la majeure partie de la garnison à des opérations extérieures.

A Tanifotsy, c'était la partie du camp réservée aux officiers qui constituait le réduit. Tout le camp était entouré d'une palissade défensive.

Deux mamelons, qui commandaient le camp à petite distance, furent occupés par deux blockhaus, dont le plus important fut armé avec la section d'artillerie.

Liaison de Tanifotsy avec Tananarive.

 

Analabé avait été occupé le 6 décembre, Anjozorobé le fut le 10.

La liaison de Tanifotsy avec Anjozorobé fut assurée par deux blockhaus : les Roches plates et Ampamoizankova.

L'expérience ayant fait reconnaître que la distance entre Analabé et Anjozorobé était trop considérable, un blockhaus fut construit, au commencement de février, à Nossi-Yola, afin d'assurer la sécurité des convois.

Une ligne optique fit communiquer Tanifotsy avec Tananarive; mais la mauvaise saison rendit les communications fort précaires ; même quand il ne pleuvait pas, les postes optiques installés sur des pitons étaient le plus souvent dans le brouillard. Néanmoins, cette ligne rendit quelques services.

 

Liaison avec Ambatondrazaka.

 

Sur l'autre lisière de la forêt, à 7 ou 8 kilomètres de Tanifotsy, Mandanivatsy est le premier village dépendant du cercle d'Ambatondrazaka.

Un blockhaus fut construit sur l'Ambaravarambato, piton élevé, situé à mi-distance entre Tanifotsy et Mandanivatsy.

Ce blockhaus servit en môme temps de poste de surveillance et de poste optique.

Quant à Mandanivatsy, il ne fut occupé qu'au retour d'un détachement envoyé à Ambatondrazaka, sous les ordres du capitaine Michard (1), pour porter au commandant Rouland les instructions du colonel Combes et ramener un convoi de boeufs et de riz. Le capitaine Michard, parti de Tanifotsy le 12 janvier, y rentra le 21. Antanimenakely fut occupé par le commandant Rouland à la fin du même mois.

 

Liaison avec Merimitatra.

 

Merimitatra est de l'autre côté de la forêt, à une dizaine de kilomètres au sud-est de Tanifotsy. Le capitaine Brulard, commandant la 4e compagnie de légion, s'y installa le 25 décembre avec un peloton de sa compagnie et un peloton de Haoussas, après avoir dirigé dans la forêt une série de reconnaissances pour en chasser les rebelles. Il se relia avec Tanifotsy par deux blockhaus.

Il se soudait dans la direction du sud avec le capitaine de Thuy, qui, installé de sa personne à Mandialaza, avait des postes à Betafo (15 kilomètres au nord de Mandialaza) et Ambohibato, au débouché du sentier qui conduit d'Ambohidratrimo (cercle d'And)oliidrabiby) à Analabé, sur le Mangoro

Le capitaine Brulard commandait le secteur de Merimitatra, le capitaine de Thuy le secteur d'Analabé ; ces deux officiers avaient reçu du colonel Combes la mission de surveiller étroitement la lisière de la forêt et le pays jusqu'au Manaoro, d'arrêter les individus et les bandes sortant de la foret et de provoquer ou faciliter la rentrée des habitants paisibles ou fatigués de la lutte.

De toutes les troupes blanches qui participèrent à la répression de l'insurrection, les 3e et 4e compagnies de légion furent certainement celles qui eurent le plus à souffrir des rigueurs de l'hivernage et de l'insalubrité du climat. La vallée du Mangoro est une des régions les plus malsaines de Madagascar; en outre , les difficultés du ravitaillement furent considérables, surtout pour la compagnie Brulard, qui était la plus éloignée de Moramanga.

Les approvisionnements étaient transportés le long du Mangoro, partie par des bourjanes, partie sur des pirogues ; mais les pluies extrêmement violentes du mois de janvier 1897 amenèrent des inondations qui isolèrent totalement certains postes pendant plusieurs jours consécutifs et c[ui compromirent un moment leur ravitaillement.

Plusieurs d'entre eux, pendant quelque temps, ne purent être ravitaillés que par des hommes traversant à la nage les rivières et marais qui les entouraient.

Les privations, jointes aux fatigues des opérations militaires que n'interrompit jamais la mauvaise saison, causèrent un déchet considérable dans les deux compagnies, la 3e particulièrement, dont plus de 50 p. 100 de l'effectif était indisponible au mois de février.

Mais l'énergie des officiers et le moral de la troupe permirent quand même de venir à bout de la tâche qui avait été assignée à ces unités.

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