20170203 - 3 février 1982

Vendredi, 03 Février 2017 12:49

ORDRE DU JOUR DU COLONEL GUIGNON

COMMANDANT LE 2E REGIMENT ETRANGER DE PARACHUTISTES

 

Dans l'histoire du 2e régiment étranger de parachutiste alternant les joies et les peines, mais le régiment, triomphant ou souffrant, marche d'un pas égal dans la gloire ou dans le malheur.

Le 04 février 1976, à Djibouti, cent légionnaires du 2e R.E.P. s'élançaient dans un assaut de trois cent mètres pour libérer trente enfants français détenus en otages par des terroristes.

Six ans plus tard, jour pour jour, vingt-neuf officiers, sous-officiers et légionnaires du 2e R.E.P. tombent, pratiquement au même endroit, en service commandé.

Cette nouvelle page tragique de l'histoire du régiment, cette page de sang, de peine, de douleur, de sacrifice, c'est vous qui en êtes les héros.

Vous, capitaine Chanson, ancien commandant de la 2e compagnie, figure marquante du 2e R.E.P. et de la 13, seigneur de la montagne au regard plein d'infini.

Vous Eric Philipponnat, futur commandant de le 4e compagnie, vous qui gardiez en capitaine votre enthousiasme, votre sourire, votre fraîcheur de Saint-Cyrien. Vous incarniez tous deux, dans des genres différents, l'officier de Légion dévoué corps et âme à sa troupe, une troupe au milieu de laquelle, ici à la demande des vôtres, vous reposerez désormais à jamais.

Vous les sous-officiers : sergent-chef STRORAÏ, vétéran de Loyada, revenu mourir six ans plus tard sur les lieux de son baptême du feu, sergent WOUTIER cité à Kolwezi, Doré dont j'avais guidé il y a sept ans les premiers pas de légionnaire, POMIER le benjamin, frais émoulu du peloton, qui étrennait à Djibouti ses galons de sergent. Une équipe solide, soudée, efficace : une équipe de sous-officiers du R.E.P.

Et vous les vingt-deux caporaux et légionnaires qui formiez le bloc de la 2e section de la 4e compagnie : vous nous aviez rejoints, il y a six mois ou six ans peu importe, isolés, perdus pour la plupart, poursuivis par certains, rejetés par tous. Et nous, a qui on donnerait parait-il des leçons de moral, nous vous avons accueillis dans notre confrérie. Vous les travailleurs émigrés du baroud, nous vous avons ouvert nos coeurs, spontanément, sans ostracisme, sans racisme, sans esprit partisan.

Sous le képi blanc vous êtes devenu soldats d'élite – sous le képi blanc, nous vous avons rendu dignité et fierté en vous donnant une patrie : la Légion et une règle d'or "Honneur et Fidélité"

Tous ici, couchés sous le même drapeau tricolore, vous représentez la Légion d'aujourd'hui, nouvelle armée des cent nations issue des quatre coins du monde : d'Allemagne fédérale comme Hoelmann et Burgraff, de Madagascar comme Luang et Buzut, de Belgique comme Senders, d'Algérie comme Zasser, des Etas-Unis comme Léon. Beaucoup nous arrivaient tout simplement de France : Oletta, Pelton, Simonet, Beautemps, Kerty, Beton, Depierre, Falaut, Gordon, Devaux, Lauriol. Gamins de vingt ans, venus vivre avec nous l'aventure exaltante des hommes des troupes d'assaut.

En revoyant vos silhouettes de guerriers, si jeunes, si souples, si décidés, me reviennent lancinantes; les paroles de notre vieille chanson légionnaire :

"combien sont tombés, au hasard d'un bon matin,

de nos camarades qui souriaient au destin"

Mes légionnaires, mes soldats, mes enfants de la 4ème compagnie, en vous conduisant aujourd'hui à votre dernière demeure, moi, votre colonel je reprends avec tout le régiment, la suite de ce chant de guerre :

Nous aussi : "nous tomberons sans doute

Nous tomberons ou vaincrons au combat?"

Oui, nous continuerons sans relâche à nous préparer à vaincre au combat et nous vaincrons partout où le pays nous enverra. Oui, nous resterons des soldats de France, irréprochables à votre image.

Mes compagnons, mes légionnaires de tous grades, confondus dans ce carré de terre calvaise, j'ai fait le serment, nous resterons toujours dignes de vous. Au-delà de l'adieu que je vous adresse aujourd'hui, ce sera notre façon à nous, de vous rendre l'hommage permanent que vous méritez.

 

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