Les Mercenaires

 

  Nus, affamés, sans feu, ni lieu, sans espérance, 

  Aux maîtres comme aux lois ayant répondu : Non,

  Traînant leur passé lourd comme on traîne un chaînon,

  Des hommes, Dieu sait d’où, s’en viennent à la France.

 

  Nous sommes las. Mourir est une délivrance ;

  Veux-tu faire de nous de la chair à canon ?

  Elle répond : C’est bien ; je sais votre souffrance,

  Et je n’ai pas besoin de savoir votre nom.

 

  Prenez, mangez. Dormez, sans rêve, sous la tente ;

  Ce pain dur, ce lit dur, qui font l’âme contente.

  Sont ceux de nos soldats : méritez leur tombeau ;

 

  Vous êtes en lieu sûr, et de vous je me charge,

  Entrez – Et derrière eux, d’un geste simple et large,

  Elle fait retomber un pli de son drapeau.

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